Trois groupes ont donné rendez-vous à qui voulait bien sortir au petit bain ce samedi 5 mars 2016. Le dénominateur commun étant une triple release party expliquant ainsi le mélange de genres en présence : le black de Lutèce, en passant par le death metal oriental de Acyl, pour finir par le metal hardcore de Eths. De quoi faire tanguer le bateau salle, ou trouver une excuse toute faite aux vomitos du jour n'ayant toujours pas appris à gérer leur foie.
Lutèce vient défendre son nouvel album From Glory Towards Void et ouvre la soirée sur les coups de 19h30, soit un bon quart d'heure après l'ouverture des portes. Ainsi, ça se bouscule encore un peu au bar et au merch lorsque retentissent les premières notes de ce black metal voulu « épique ». Un backdrop au nom du combo et un pied de micro entassant les crânes accompagnent visuellement les premiers titres. Le set commence d'ailleurs par "Let the Carnyx Sound Again", l'opener du nouvel LP, puis mélangera pour moitié des vieux titres avec les nouveautés. Le groupe profite du bon jeu de lumière proposé et, avec un son qui pour une fois n'oblige pas forcément le port de bouchons tout en restant de qualité, remplit son rôle d'auto-promoteur et de chauffeur de salle. Le public à priori venu pour voir le metal de Eths, saluera les performances d'une formation qui joue sincèrement et énergiquement sa carte live.
Débarque presqu'une heure plus tard Acyl, pour lequel une partie du public s'est nettement rapprochée. Durant l'attente, on entend aisément que certains sont venus directement pour ce combo aux quelques bribes de discussions attrapées au vol. D'autres attendent, curieux et patients. En route pour une heure de musique se baladant dans le registre oriental metal. Les codes standards du death s'harmonisent avec des lignes et des gammes exotiques. La musique d'Acyl prévoit non seulement le triptyque metal guitare/basse/batterie, mais elle est également enrichie des bendirs et du guembri dont l'utilisation sublime les compositions. Ainsi, tout en laissant une place aux instrumentations coutumières du genre, s'élève de cette palette, toute la spiritualité des bords de Méditerranée ou des déserts touaregs algériens. Acyl décompose son set sur les hits de
Algebra et distille quelques nouveaux titres de l'album à venir (dont j'avoue avoir honteusement oublié le nom annoncé par Reda, le chanteur). Pour cette release party, il est même prévu la distribution d'un promo trois titres du fameux futur LP ! Le round d'échauffement passe vite et une fois les repères pris, le combo nous propose une petite heure tout simplement sublime et géniale ! Et lorsque des ratés dans le jeux ou des temps morts entre les compositions font réagir la salle par des sourires et des cris positifs, lorsque que le groupe prend son temps pour discuter avec son public, alors oui, la musique devient pleine de vie, d'échange et de partage. La fosse passe du pogo à la danse initiée par les musiciens sur scène et tout le monde s'amuse et s'éclate. Le groupe réussit un superbe set, satisfait les connaisseurs et fait ici une formidable promotion auprès des curieux, totalement séduits au vu du niveau sonore de l'applaudimètre de fin de set.
Arrive enfin la tête d'affiche ! Depuis son agréable passage au Hellfest l'année passée avec un accueil très positif du public matinal de la Mainstage,
Eths se lance dans la promotion de son nouvel album. Le premier avec Rachel (l'
EP sorti en 2014 n'ayant qu'une valeur anecdotique). Le combo semble d'ailleurs avoir réussi à traîner tous ses publics : ceux de la première heure et des EP
Autopsie et
Samantha, et les derniers fans de l'album
III. D'ailleurs, en commençant son concert par "Samantha", Eths va littéralement faire exploser la petite fosse du bateau. Un titre bien joué et fédérateur, assurant dès le départ une adhésion de pratiquement tout le public. La setlist est ensuite déroulée sans temps morts et illustre l'intelligence du groupe qui distille tout au long du set des repères forts de sa discographie permettant, une fois l'attention captée, de proposer ses nouveaux titres ("Nefas" ou "Nihil Sine Causa"). Et comme le son aura été de qualité pour les trois acteurs du soir et que les jeux de lumières sont également de bonne facture, les Marseillais donnent une très belle preuve de leur savoir faire. Même après plus de quinze ans d'existence et un line up renouvelé, le combo montre qu'il fait partie légitimement des ambassadeurs du metal extrême français. Rachel a dorénavant toute sa place, sans aucune discussion. Staif, toujours la même rage dans les yeux et dans son jeu, tient son projet musical de la plus belle des manières. Le public s'amuse tout du long, chantant et sautant à peu prêt partout et ce malgré la petitesse de la fosse. Celle-ci se fendant même d'un wall of death sur l'ultime et dévastateur "Crucifère" clôturant le set et la soirée.
Trois release-party pour trois styles différents auront permis à tout le monde d'apprécier la musique des trois groupes et leur talent live. Retenons un set génial et énergique de Acyl qui a fait découvrir sa musique de la meilleur des façons à pas mal de monde. Et un très bon retour de Eths avec une Rachel aux incroyables capacités vocales. Nous attendons à présent les albums avec impatience.