28 avril 2016
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Paris - Trianon
Certains concerts comptent plus que d'autres. Certains concerts ont une valeur émotionnelle plus forte que d'autres. C'est le cas pour votre serviteur, ce soir, au moment de franchir le seuil du Trianon. Helloween fût mon premier concert, il y a plus de huit ans. C'est donc une certaine fébrilité qui règne au moment de retrouver les citrouilles les plus speedées de la galaxie. Mais avant, un invité de luxe est attendu pour débuter les hostilités...
Hé oui, c'est à
Rage que revient le privilège d'ouvrir la soirée. Plus qu'une simple première partie, le power trio emmené par Peavy Wagner fait figure d'invité de grand luxe. Accueillir Rage à Paris est un plaisir inouï, tant les apparitions françaises de ce groupe, trop souvent oubliées quand il s'agit de heavy de qualité, sont rares. Et ce soir, les trois teutons se montrent dignes de leur statut : leur show est tout simplement phénoménal. À commencer par le son, d'une très grande clarté. Certes, sonoriser trois musiciens est toujours plus aisé, mais rarement on aura entendu un mixage d'une telle valeur. Peavy chante avec tout son cœur, lâchant très régulièrement de petits clins d’œil complices à tout le public, aussi bien dans la fosse qu'au balcon. Le guitariste, Marcos Rodriguez, semble tout aussi ravi de jouer devant une salle bien remplie, il arbore un grand sourire tout au long du concert et ne se prive pas d'inciter la fosse au circle pit et autres joyeusetés chevelues. La setlist est très orientée old-school et pioche principalement dans les albums
End of All Days (1996) et
Black in Mind (1995). Riffs ultra incisifs et refrains chantants sont au programme. Nous aurons même droit à un aperçu du prochain album,
The Devil Strikes Again, dont la sortie est prévue pour mai. Dernier rappel avec l'excellent "Higher than the Sky" qui fait s’époumoner le public comme jamais. Petite surprise en fin de set avec un court extrait de "Holy Diver", chanté par un Marcos Rodriguez qui se révèle être un formidable imitateur de Ronnie James Dio !
Après cette succulente mise en bouche, c'est au tour d'
Helloween de tout donner. La célèbre mélodie de "Walls of Jericho" retentit alors que le groupe s'installe dans la pénombre sous une avalanche de hourras. Une citrouille gonflable géante surgit dans le fond du plateau. Et hop ! Pas de temps à perdre, le groupe allemand dégaine d'entrée deux énormes classiques : "Eagle Fly Free", suivi de "Dr. Stein". Wow ! Autant dire que la réaction du public est à la mesure de ces deux morceaux cultes. Le son est malheureusement bien moins limpide que pour Rage et les passages les plus speed se transforment parfois en magma sonore confus. Mais l'interprétation et la conviction du groupe l'emportent. Andy Deris, bien que pas très en voix (ses aigus partent parfois en sucette et ses intonations manquent de nuance), s'amuse bien et arpente la scène sans jamais s'arrêter. Papy Weikath tire la tronche comme à son habitude, ce qui ne l'empêche pas d'assurer comme un chef à la six-cordes. Grosskopf a le sourire et le plus jeune, Sascha Gerstner (que l'on croirait jouant dans un groupe de metalcore), fait le taf. Quant à Dani Löble, il démontre toute sa hargne et son énergie au cours d'un solo en fin de concert. Helloween fait la part belle à
The Time of the Oath ce soir, en proposant pas moins de quatre morceaux issus de ce très bon album, probablement pour célébrer son vingtième anniversaire. "Power" et "Steel Tormentor" font toujours leur petit effet. "Forever and One" offre un peu de répit au public, et la speederie "Before the War" en fin de concert fait chanter le Trianon comme un seul homme. Lequintette n'a pas la main trop lourde sur l'autopromotion, puisque trois extraits du dernier album sont joués. Après un très bon medley qui fait se rencontrer "Halloween", "Sole Survivor", "I Can", "Are You Metal?" et "Keeper of the Seven Keys" (oui, oui, tout ça), le groupe se retire. Chahut dans l'assistance, rappel final avec l'indéboulonnable duo "Future World" / "I Want Out"dans un festival de pogos et de décibels.
Huit ans après son passage à l'Élysée-Montmartre, Helloween est donc toujours là. Deris est sans doute moins en forme vocalement qu'auparavant, et leur dernier album n'est peut-être pas au top, mais le groupe assure toujours sur scène et nous offre une superbe soirée de speed metal réjouissant. Et une nouvelle fois chapeau bas à Rage pour sa décoiffante prestation.
Un grand merci à Marc-Patrick Gatling de
metal-eyes pour la photo qui illustre ce live-report.