Attention! A ne pas confondre avec la chanson du même nom, accessoirement une des meilleures chansons de black jamais composée, et pourtant présente seulement sur le successeur de cet album, le mugnificient Hvis Lyset Tar Oss. Ici vous n’aurez pas droit à de tel pavé, sachez-le. Pourtant la patte maléfique de Varg Vikerness est présente. Son esprit torturé est bien le compositeur de ces brûlots anti-chrétiens. Concernant la musique, le minimalisme si extrême de Burzum est bien évidemment la règle. Une production très très limitée, une technique itou et pourtant l’atmosphère qui vous embrasse durant l’écoute de ce disque demeure étouffante.
Ne cherchez pas chez Burzum une quelconque échappatoire à sa triste destinée. Le seul moyen sera d’arrêter votre platine. Ceux qui continueront entreront dans ce monde si particulier qu’est celui de Burzum et donc de Count Grishnack. Pourtant, même si les ingrédients qui font que Burzum a été cette entité malfaisante dangereuse pour la santé mentale de l’auditeur sont là, la musique de cet album n’est pas aussi ébouriffante qu’elle ne pût l’être par la suite. Nous en avons ici le début de la recette, mais la cuisson finale a connu de nombreux ratés. Certains passages paraissent bien longuets et c’est avec contentement finalement qu’on aboutit sur les seuls morceaux réellement intéressants de l’album, la trilogie "Lost Wisdom"-"Han Som Reister"-"Naar Himmelen Klarner".
Néanmoins c’est bien à une démonstration de black metal ultra minimaliste à laquelle nous avons droit. Varg s’occupe de tous les instruments et ce n’est pas pour sa maîtrise hors norme qu’il restera dans l’Histoire. Plutôt pour ses talents indéniables de compositeurs. Et aussi, je dirais presque surtout, pour son chant. Ce chant si particulier, si écorché. Sa gorge est comme tranchée à vif à chacune de ses interventions. Il est vraiment unique et même si certains tentent de l’imiter, ils n’arrivent pas au niveau de cette folie. Les riffs pour leur part attendent la quatrième chanson et Lost Wisdom pour devenir une première fois mémorables. En effet, toujours en égrenant tout au plus quatre accords, ils arrivent à pénétrer au fond de votre cœur pour y planter les graines du désespoir. Cette sensation de malaise mélancolique est caractéristique de la musique du groupe.
Et ce ne sont pas les ridicules soli (techniquement parlant bien entendu) ou les claviers qui changent quoique ce soit à l’affaire. Venants d’un esprit connu pour sa détérioration avancée, les compositions sont logiquement détériorantes. Pour un exemple de ce que Varg arrive à faire avec trois accords sur un clavier, écoutez donc "Han Som Reiste". Que du clavier. Pas de chant, rien que du clavier. C’est vraiment ultra trivial à jouer, mais pourtant le son qui s’échappe de chacune des touches est désopilant au possible. Ca peut paraître extrêmement chiant, mais personnellement j’adore. Burzum est d’ailleurs le seul groupe à ma connaissance à avoir jamais fait ça dans le black, et en plus ça reste terriblement black dans l’esprit. Unique que cette musique.
Au final, un album dont certaines chansons raviront les fans de Burzum (cf trilogie) même s’il est pollué par de trop nombreuses (quatre ou cinq sur huit!) dont on se serait bien passées. Toutefois il reste des perles de noirceur incroyables qui valent réellement le détour. A vous de voir votre niveau de fanitude…