CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
16.5/20
LINE UP
-Tommy Hjelm
(chant+guitare)
-Martin Rygge
(guitare)
-Magnus Rønneberg Ruud
(basse)
-Truls Andreas Haugen
(batterie)
TRACKLIST
1)Helplessness
2)Making Up for Lost Time
3)I, Deviant
4)Gasping for Air
5)Constriction
6)Forgiving Embrace
7)Soothing Torture
8)Clawing at the Nerve
9)Prayer for the Feeble
10)Fallout
DISCOGRAPHIE
Le metalcore est un genre plus que foisonnant. Cette désignation incongrue renvoie à une musique très variée: le metal extrême surgit au détour du bois via un chant hurlé extrêmement violent et des passages ultrabourrins, tandis que le hardcore évoque les riffs jumpy, mid-tempo, certaines ambiances et un autre type de chant. Quand un groupe combine tout ça, on peut le qualifier de metalcore, surtout quand on est un chroniqueur en mal d'étiquette. Admettons donc qu'Insense fasse du metalcore, et penchons-nous sur le cas de cette formation qui dépote assez sévèrement.
Insense est un groupe à tiroirs. En écoutant ce CD des noms aussi divers qu'Eden Maine, Mudvayne, Deftones, Slipknot, Tool, In Flames ou Slayer m'ont traversé l'esprit durant de brefs instants. Je dis bien «brefs», car Insense fait du Insense, et c'est un compliment. En effet, ce groupe a su développer sur la longueur de Soothing Torture une identité très forte. Eden Maine est le nom qui m'est venu en premier car on retrouve dès le premier riff ce même son sale et absolument énorme (cette basse!), plus hardcore que métal, et les éléments ambiancés et mélodiques qui caractérisent le groupe pré-cité. Le premier titre "Helplessness" combine ces riffs dissonants et distordus avec un sens de la mélodie implacable, rehaussé par l'intro et l'outro au piano. Très bon, très hypnotique, très violent.
Et niveau violence, ça va en s'aggravant, si j'ose dire. En effet, Insense ne crache ni sur les mid-tempos très lourds ni sur les tempos speed bien thrash, ni même sur un blast-beat death par-ci par-là. Le chant est également extrêmement haineux, un growl déchiré qui varie entre death et hardcore. Il n'est pas toujours mixé de la même manière: parfois il se fond dans la musique tel un autre instrument, parfois il est très en avant. En tout cas c'est toujours pertinent. De plus, et c'est une vraie surprise, le chanteur possède un registre clair très agréable... qu'il utilise assez peu. Les premières notes de chant clair n'arrivent qu'au troisième titre, et sur l'ensemble de l'album c'est le hurlement qui tient le premier plan. Volonté de rester dans le métal? En tout cas je suis pour.
En gros, cet album est à la fois très personnel et très varié. Contrairement à d'autres qui envoient un bloc hypnotique long d'un album qu'il faut absolument se taper d'une traite, Insense propose des compos distinctes, dans un style ouvert bien qu'incroyablement cohérent. La dissonance est de mise dans la plupart des riffs, mais on tombe sur un riff bien néo au détour d'une partie thrashisante, un truc très direct après quelque chose complètement déstructuré. Dès la première écoute il est facile d'identifier quand les breaks vont arriver... mais totalement impossible de deviner à quoi ils vont ressembler. Ça s'appelle l'inventivité, et l'art de la transition, et je ne répèterai jamais assez à quels points ces critères sont devenus importants en ces jours où les groupes se diversifient de plus en plus.
Insense a également l'art de composer des chansons de la bonne longueur. C'est fou à quel point ils arrivent à remplir trois minutes trente! Ce format leur convient à merveille, et leur permet de distiller leur metal-death-neo-thrash-hardcore ambiancé avec succès: on trouve pile le bon nombre d'idées, pile la bonne dynamique. "A Prayer For The Feeble" est un intermède grind de 30 secondes qui semble durer une minute tant le nombre d'idées est impressionnant. Idem pour "Constriction", compo extrêmement intense de deux minutes quarante aux riffs déstructurés et polyphoniques, soutenus par une batterie virtuose. En effet, le batteur d'Insense est une sacrée brute, et enchaîne les mesures asymétriques aux blasts sans soucis. Il est presque infâme de maîtrise, et certains riffs un peu convenus trouvent un nouveau souffle grâce à la manière dont il les met en valeur.
Bon, assez de langue de bois et de jargon technique: Soothing Torture tue. Tout amateur de métal un peu ouvert aux styles hybrides devrait adorer cet album, en tout cas moi j'ai complètement craqué. Tout est là: violence, mélodie, dynamique, recherche, niveau... Un titre comme "Forgiving Embrace" ferait un single tout à fait acceptable, dans une veine Slipknot/Mudvayne, tandis que "Clawing At The Nerve" tape dans le hardcore prog, avec ses plans complètements fous et tordus. Ma foi, que dire à part qu'Insense c'est bien! Achetez leur album, moi je vais me le remettre. Et maintenant que cette chro est bouclée , ce sera uniquement pour le plaisir. Miam!