CHRONIQUE PAR ...
Crafty
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13.5/20
LINE UP
-Jacob Bannon
(chant)
-Kurt Ballou
(guitare)
-Nate Newton
(basse)
-Ben Koller
(batterie)
TRACKLIST
1)First Light
2)Last Light
3)Black Cloud
4)Drop Out
5)Hope Street
6)Heartless
7)You Fail Me
8)In Her Shadow
9)Eagles Become Vultures
10)Death King
11)In Her Blood
12)Hanging Moon
DISCOGRAPHIE
Toujours aussi en forme après leurs tournées (excessives, à l’image de leur musique), la bande à Bannon s’apprête à livrer un successeur à l’immense Jane Doe. La tâche s’annonce difficile tant ce dernier a constitué un choc pour la communauté hardcore. Pour cela, ils s’en donnent les moyens : changement de label, bienvenue chez Epitath, label punk indépendant qui leur permettra de sortir du carcan underground dans lequel ils ont vu le jour. Il ne manque plus qu’une nouvelle sortie abrasive pour démarrer cette nouvelle ère sous les meilleurs hospices. Let’s go.
Premières impressions : l’album est plus court que les précédents (déjà pas très longs), avec autant de morceau que Jane Doe, il ne dépasse pas les 36 minutes. Converge n’a donc pas réédité la tentative (totalement réussie avec le titre "Jane Doe" pourtant) de placer un morceau fleuve dans son rejeton. Dommage, mais bon, l’expérience a été éprouvante, et le combo regrettait de ne pouvoir facilement le jouer en live, on ne leur en tiendra pas (trop) rigueur. Néanmoins, on a quand même un peu peur que le groupe soit revenu en arrière pour ressortir un When Forever Comes Crashing, non pas que ce dernier soit mauvais, mais cela serait décevant de voir Converge renier son évolution. Heureusement, il n’en est rien. You Fail Me, à défaut d’être un nouveau virage dans la discographie du groupe, s’avère être une courbe tout à fait appréciable. Plus aérien, surtout au niveau des guitares (l’intro "First Light" ou encore "Last Light", énormissime), You Fail Me ne perd pas pour autant en puissance. La prestance de Jacob Bannon s’étend une nouvelle fois bien au-delà du magnifique artwork qui fait office de pochette, on se demande bien comment il fait pour tenir le coup depuis plus de dix ans… Converge revient à des formats assez courts pour la majorité des titres de l’album, 4 titres de plus de 3 minutes seulement. A cela il est difficile de dire si c’est un bien ou un mal. A voir si on préfère le Converge plus sludge et long ou celui plus hardcore et intense. J’avoue que ma préférence va quand même au premier…
Mais soit, le fan de Petitioning the Empty Sky que je suis ne se laissera pas avoir par avoir par une simple question de durée, ça non. Car en allant plus loin, on s’aperçoit que le côté sludge est toujours assez présent finalement, entre "Black Cloud" et son final explosif, en parfaite adéquation avec le démarrage du sulfureux "Drop Out", et un "Heartless" sans pitié, l’alchimie de deux genres pas si proches que ça tient toujours la route, et de bien belle manière. Le milieu de l’album en constitue aussi la colonne vertébrale, le titre éponyme et "In Her Shadow" à eux seuls constituent près d’un tiers de la durée de l’album. Serait-ce là qu’a disparu le morceau fleuve dont on parlait ? Plus ou moins, le titre "You Fail Me" est bien suivi d’un blanc, pas d’enchaînement réel donc, mais une certaine continuité se dresse entre les deux titres, "In Her Shadow" faisant la part belle à l’acoustique. Il est là le titre qui repose nos oreilles, pas une seule apparition du chant d’égorgé vif de Bannon. Malheureusement la suite perd de l’intérêt : "Eagles Become Vultures" est presque irritant, "Death King" n’a d’intérêt que pour sa seconde moitié et "In Her Blood" redresse tant bien que mal la barre avec la prestation hypnotique de Ben Koller derrière les fûts. De quoi douter de l’album dans son ensemble, car finalement, si il est si court, c’est peut-être tout simplement car l’inspiration n’a pas été assez au rendez-vous pour remplir un demi-disque de ce que le combo du Massachusetts a fait de mieux sur Jane Doe.
Sous ses airs malheureux de chutes de Jane Doe, You Fail Me reste un bon album dans l’ensemble, faisant la part belle aux guitares lourdes et puissantes. Mais il lui manque ce quelque chose qui faisait de Jane Doe l’album ultime, l’aboutissement d’une discographie. Ce quelque chose se situe peut-être dans la structure de l’album, car techniquement le tout reste très bon, voire irréprochable. Les voilà attendus au tournant.