CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Fetus
(chant+guitare)
-Flochard
(basse+chant)
-Stickskiller
(batterie+chant)
TRACKLIST
1)Intro
2)Quand j'étais petit (feat. Lemmy)
3)Darry Cowl Chamber
4)Les bonnes manières
5)Boulangerie-pâtisserie
6)Maïté Ravendark
7)Jack Chirac
8)Pour un mosh
9)Pauv' connard
10)Mechanical Chiwawa
11)Gremlins At The Gates
12)Je ne t'ai jamait autans aimer
13)Poil de cul
14)Croûte de pus
15)La flemme
16)Mountains of Maths
17)Morbid Cocker
18)Welcome to the Jingle
19)Je possède un cousin
20)Canidal Corpse
21)Condemned To Headbang
22)25th Symphony in C Minor (feat. Mozart)
23)Je collectionne des canards (vivants)
24)Outro
DISCOGRAPHIE
Le grindcore français stupide avait deux fers de lance : le premier Gronibard et M. Patate d'Ultra Vomit. Sauf que ce dernier était sorti en 2004 et que le groupe n'avait plus fait parler de lui depuis. Un EP très prometteur intitulé Boulangerie - Pâtisserie avait bien été donné à la presse en 2006 mais il n'avait pas été distribué au public. C'est donc avec émotion qu'on a vu arriver cet Objectif : Thunes à la pochette aussi fantastique que son titre. Et aujourd'hui on peut l'affirmer haut et fort : les limites du culte viennent d'être repoussées une fois encore.
Message aux groupes français : si vous voulez un son d'enculé, faites-vous produire par un membre d'Anorexia Nervosa. Stefan Bayle avait déjà bluffé son monde avec la prod éléphantesque de l'Hymne à la joie de The CNK, là c'est Neb Xort qui est aux manettes. Et le résultat est énorme : bien des groupes "sérieux" aimeraient disposer d'un rendu sonore aussi massif, et ce quel que soit leur genre. Car Ultra Vomit mange à tous les râteliers et la prod suit : du thrashcore de "Les bonnes manières" au black glacial de "Maïté Ravendark" en passant par la power-pop de "Je ne t'ai jamait autans aimer", tout ça ne sonne jamais à côté. Impressionnant ! Et quant aux compos et aux textes la pochette et le titre de l'album avaient déjà collé la banane, donc on le sentait plutôt bien... et ça ne loupe pas, c'est du bonheur. En effet la formation est composée de gens très drôles, ça on le savait déjà depuis M. Patate et le clip mythique de "Judas Prost".... mais leur double effet Kiss Cool, c'est que ce sont des musiciens très balèzes et surtout extrêmement inventifs.
Symbole de ce talent brut : Fetus, chanteur multicartes proprement hallucinant capable d'assurer dans absolument tous les types de métal. Ce type pourrait non seulement être un chanteur de death ou de black respecté mais il excelle en chant clair et en modulation... et possède une capacité d'imitation à la fois hilarante et techniquement wouaou. Quand Ultra Vomit décide de se la jouer Motörhead sur "Quand j'étais petit" son émulation de Lemmy fait écarquiller les yeux ! Il reproduit exactement les inflexions des interprètes de chanson française sur "La flemme", son côté débile sur "Je possède un cousin" fait rire et son chant mielleux sur "Je ne t'ai jamait autans aimer" est proprement fantastique. On peut ajouter à ça des riffs mortels que (comme le son) bien des groupes sérieux aimeraient sortir, tant au niveau des riffs super efficaces que des plans de batterie ultraviolents. Stickskiller a beau être très classique dans son jeu métal il est carré comme pas deux, et capable de balancer des blasts et des breaks que bon nombre de formations d'extrême envieraient.
Et forcément, il y a les délires... et là on touche au mythique. Chaque chanson d'Objectif : Thunes est un mini-concept complètement con et très drôle, tant musicalement que textuellement. Il y a la country dégénérée de "Jack Chirac" (ce nom constituant les seules paroles du titre), " Je ne t'ai jamait autans aimer " ou la chanson d'amour mielleuse nécrophile, la parodie de Gronibard "Croûte de pus" qui fera se poiler les connaisseurs, le néoclassique totalement inattendu de "25th Symphony in C Minor (feat. Mozart)"... le commentaire qui revient le plus souvent est « Naaan, ils ont osé ? Mwaha! ». L'album se termine de plus sur une touche de génie avec cette outro légendaire qui lie un sketche fendard à un délire musical aussi surpuissant que lolesque. On pourra juste regretter des titres moins marrants ("Welcome to the Jingle", "Pauv' connard", bof) et le fait que la reprise kvlt de "New York New York" ait été mise de côté au profit de "Pour un mosh" qui le fait moins. En dehors de ça Objectif : Thunes est un album totalement réjouissant.
Objectif : Thunes explose littéralement M. Patate : Ultra Vomit a su évoluer depuis un goregrind rigolo mais restrictif vers un métal multi-facettes où l'extrême n'est plus qu'un aspect parmi d'autres. Ces types sont capables de jouer de tout et d'être non seulement drôles à chaque fois mais d'inspirer le respect musicalement parlant. On ne s'attendait pas à rencontrer une telle bombe aussi tôt dans l'année et ça fait du bien. Il ne reste plus qu'à éviter de fredonner « je possède un cousin qui s'est rompu le frein dans l'anus d'un bambin » au boulot...