CHRONIQUE PAR ...
Blackmore
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
Arjen Lucassen (chant+guitare+claviers)
+ guests divers
TRACKLIST
CD 1
1)Age Of Shadows
2)Comatose
3)Liquid Eternity
4)Connect The Dots
5)Beneath The Waves
6)Newborn Race
7)Ride The Comet
8)Web Of Lies
CD2
1)The Fifth Extinction
2)Waking Dreams
3)The Truth Is In Here
4)Unnatural Selection
5)River Of Time
6)E=MC2
7)The Sixth Extinction
DISCOGRAPHIE
« I am of the stars. I am called "forever". »
Souvenez-vous, c’était il y a 10 ans dans Into The Electric Castle. On y découvrait une entité sur le déclin qui cherchait un moyen de retrouver ses émotions perdues. D’où venait-elle, qui était-elle et pourquoi partir dans pareille quête ? Autant de questions qui trouvent enfin leur réponse dans ce 01011001 qui se veut la suite officielle de Into The Electric Castle.
Mais est-ce vraiment une suite ? A vrai dire Arjen Lucassen n’a pas fait une suite à proprement parler puisque cet album s’inscrit bien plus dans la continuité du *ayreoniverse* que d’une simple suite. En effet, tous les albums d’Ayreon (à l’exception d’Actual Fantasy) s’inscrivent dans le même univers. 01011001 servant en fait de liant entre les différents chapitres de l’histoire. Nous apprendrons ainsi qui se cachent enfin derrière la race des *Forever* apparus dans Into The Electric Castle, comment le Ayreon de Final Experiment a eu droit à ses visions, pourquoi le dernier colon sur Mars utilisa le Dream Sequencer, pourquoi Forever doit il résoudre la Human Equation et enfin pourquoi l'Universal Migrator existe. Bref, Arjen lève le voile sur les derniers mystères de sa grande histoire de S-F. Mais était-ce vraiment nécessaire ? Quand on voit la teneur de certains textes, on se le demande. Reste que les thématiques des albums d’Ayreon commencent à être particulièrement redondantes avec ce dernier opus. Pourra-t-on alors se consoler avec la musique ? C’est là que le bât blesse puisque si Ayreon se répète dans les textes, c’est aussi le cas pour la composition.
Généralement, le manque d’originalité dans la démarche musicale d’Arjen est compensé par un casting équilibré de chanteurs/musiciens invités et par l’apport de petites idées sympathiques. Mais ce 01011001 souffre terriblement du nombre astronomique de chanteurs (16 dont la promotion du disque a largement fait l’écho) face à une partition instrumentale faiblarde. Pire, le nombre de musiciens invités étant minuscule (5 invités sur 4 titres dont les interventions sont bien courtes mais excellentes) ce sont surtout les soli d’Arjen que l’on entendra. Ajoutons à cela le fait que la musique d’Ayreon reprend toujours les mêmes artifices (passages folkloriques avec flûte et violon, soli de gratte/claviers, passages bourrins et calmes se succédant etc…) et l’on commencera sérieusement à saturer. De plus, l’album n’est pas exempt de remplissage et certains titres sont si redondants au vu du patrimoine Ayreonesque qu’ils auraient largement pu passer à la trappe ("Ride The Comet", "Web Of Lies" ou "River of Time").
Cependant, tout n’est évidemment pas décevant et la principale critique est en même temps un atout. Car le nombre et la qualité des chanteurs donnent parfois lieu à de magnifiques joutes vocales, notamment sur les titres fleuves où chaque protagoniste intervient. C’est particulièrement le cas sur des titres comme "The Sixth Exctintion" et "Age Of Shadows". Ce dernier contient d’ailleurs un des meilleurs passages jamais apparus dans un Ayreon avec "We Are Forever", une très belle et mélancolique partition. Il est d’ailleurs bien dommage de constater que cette direction n’a pas été prise pour l’intégralité du disque. Il y avait la matière à pondre un album dans la veine de Dream Sequencer et sa tristesse latente. On se consolera avec "Comatose", excellent titre au feeling électro, ou Anneke van Giersbergen et Jorn Lande font merveille pour ce qui reste le seul morceau vraiment surprenant du lot.
Vraisemblablement submergé par un casting qu’il n’a pas su gérer correctement (chose que semble confirmer l’interview), Arjen Lucassen n’a pas su se sortir du piège de la redite et accouche d’un opus assez décevant. Restent tout de même quelques très beaux moments et un univers qui, pris dans son ensemble, reste intéressant et même émouvant.