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CHRONIQUE PAR ...

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Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 14/20

LINE UP

-Cornelius Jakhelln
(chant+guitare+claviers+programmation+ kazoo+basse)

-Lazare Nordland
(chant+guitare+claviers+programmation)

Guests :

-Sindre Nedland
(chant sur 2, 5 et 7)

-Johnar Håland
(guitare+harmonizer)

-Petter Hallaråker
(guitare)

-Anania Ngoliga
(Zanzibar guitar sur 1+kalimba sur 2 et 5)

-Alexander Lebowski Bøe
(basse)

-Gunnar Augland
(percussions sur 3)

-Raz
(congas sur 1 et 3)

-Baard Kolstad
(batterie)

TRACKLIST

1) World Music with Black Edges
2) The Germanic Entity
3) Bububu Bad Beuys
4) Future Universal Histories
5) Le Soleil
6) 2011, or a Knight of the Fail
7) String the Bow of Sorrow
8) Oslo Melancholy


DISCOGRAPHIE


Solefald - World Metal. Kosmopolis Sud
(2015) - metal prog melting pot musical - Label : Indie Recordings



Il est des disques plus faciles à chroniquer que d’autres. Certains sont en effet conformes à ce qu’attend le critique, parfois d’une banalité affligeante, et les mots utilisés pour les décrire viennent avec une étonnante facilité. Malheureusement, Solefald n’a jamais su ni même voulu faire preuve de simplicité. Que l’on aime ou pas les travaux du groupe, force est de reconnaitre que ce dernier a toujours cherché, sans toutefois y parvenir à chaque fois, à proposer quelque chose d’innovant, d’audacieux et de très personnel.

Or, pour qui connait la formation depuis longtemps, l’évolution musicale de Solefald a de quoi laisser pantois. De leur black metal torturé des débuts aux extravagances assumées il ne reste finalement plus grand-chose. Depuis le très bon In Harmonia Universali, les Norvégiens ont quelque peu perdu leur inspiration, accouchant de sorties décevantes, pour, comme le notait mon collègue dans ces pages, sombrer avec Norrønasongen. Kosmopolis Nord. Rien de très rassurant donc, avant de sortir leur huitième album. Solefald, est de retour en ce début d’année 2015, pour offrir à son public un World Metal. Kosmopolis Sud, qui se veut un témoignage supplémentaire de leur identité forte. Ou comment mêler des éléments très hétéroclites dans un joyeux maelström musical. D’aucuns considéreront ces huit pièces comme autant d’éruptions avant-gardistes. Sans aller jusque là, reconnaissons au duo norvégien une propension à générer des morceaux où l’originalité est souvent de mise, comme sur "The Germanic Entity" ou sur "Le soleil", chanté en français. Lazare et Cornelius semblent s’en donner à cœur joie pour élaborer des titres explosifs incorporant des passages metal, des mélodies tribales, voire des bribes de techno (si, si, vous avez bien lu !).
Ces dernières desservent cependant à mon sens l’ensemble, n’étant pas toujours bien amenées, avec leurs sonorités quelque peu désuètes. "World Music With Black Edges" qui ouvre l’album mélange la totalité de ces ingrédients. Ceux qui avaient été refroidis par les dernières œuvres du duo retrouveront peut-être un semblant d’espoir, voyant ici un groupe qui renoue avec une fantaisie débridée. "Bububu Bad Beuys" est à ce propos un morceau des plus incongrus, avec ses vocaux d’aliénés et ses furieuses rythmiques, une belle réussite, soit dit en passant. Les deux têtes pensantes se sont entourées de nombreux musiciens pour l’enregistrement de World Metal. Kosmopolis Sud. Ainsi, Sindre Nedland d’In Vain vient poser quelques vocaux, notamment sur "String the Bow of Sorrow", tandis que Baard Kolstad s’est occupé des parties de batterie. Pour le côté world de la musique, les deux compères ont fait appel aux services d’Anania Ngoliga à la guitare de Zanzibar et au kalimba. Vous l’aurez compris, l’ensemble part dans tous les sens, faisant exploser les barrières stylistiques pour accoucher d’une musique ambitieuse et globalement réussie. La fin de l’album est marquée par des compositions moins virevoltantes et plus classiques. 

Difficile de juger ce disque qui se révèle au fur et à mesure des écoutes. Impossible en effet de se faire un avis définitif en si peu de temps. L’album est plutôt bon, sans être exceptionnel. Mais, là où les premières approches sont délicates et peuvent décevoir, les suivantes laissent entrevoir les qualités de cet opus, qui n’en manque pas. Solefald ne se réconciliera pas avec la totalité de ses fans, mais ils retrouvent une voie plus baroque, et donc plus intéressante, que celle empruntée lors de leurs derniers efforts.



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