Solefald -
Pills Against The Ageless Ills
Solefald est un nom peu connu dans le black, pourtant il est souvent cité parmi les groupes par lequel l’avenir du black doit passer. En effet, sa musique est souvent présentée comme une extension du black metal, une nouvelle ouverture vers d’autres contrées. On a l’habitude du coup, on l’entend à tour de bras de la part des maisons de disques, mais là, le compliment vient des magazines et des rumeurs insistantes. Pourquoi ne pas jeter un coup d’oreille alors? Si tout le buzz se buzzifie, c’est qu’il doit bien y avoir une péquougnette raison. En fait, cette raisonnette, vous ne tarderez pas à la découvrir.
Et oui, comment ne pas tomber sous le charme du riff blasté d’ouverture? Un bon gros passage bien dans les canons du black avec sa musique ultra rapide et un riff bien simple. Pourtant… Pourtant il se passe quelque chose d’étrange. Les autres riffs qui suivront ne seront pas très communs. Nos tympans n’ont pas été habitués à leurs mélodies. Mais d’où viennent-ils donc? De l’imaginaire forcené des deux sacrés personnages qui composent le groupe et composent par la même occasion toutes les chansons. Il n’est d’ailleurs pas vain de parler de black futuriste quand on s’attelle à la tâche de décrire la musique du groupe. Pourquoi futuriste? Loin de moi l’idée d’accoler cet adjectif au black sous prétexte qu’il y a quelques sons pseudo futuristes. Non, ce serait plutôt pour le caractère visionnaire des chansons du groupe. Certes, ce point sera à confirmer dans dix ans, mais en 2005 soit quatre ans après la sortie de l’album, il s’agit toujours d’un gros coup de pied dans la fourmilière et terriblement en avance sur son temps.
Toutes ces avancées musicales ont le revers de la médaille qu’on leur a décernée, elles font glisser inévitablement Solefald un peu en dehors du black. Vous trouverez blasts, raclage de voix et riffs bien black pour sûr. Vous trouverez aussi énormément d’élément hors black avec tout plein de claviers pas forcément orchestraux, des voix claires à foison (très jolies) et de multiples riffs très surprenants qui n’ont clairement plus rien de black. Tous ces éléments qui contribuent à faire de Solefald un groupe si diablement en avance sur son temps et magnifiquement original sont aussi les éléments qui feront fuir les adorateurs du metal uniquement noir. Il faudra plus d’ouverture d’esprit pour apprécier ce Pills Against The Ageless Ills. A ce niveau-là, on peut rapprocher le groupe d’un Arcturus qui se voit si maladroitement affublé d’une étiquette black, ou d’un Borknagar (dont l’un des membres est présent dans le groupe) paraîtrait-il (excusez ma méconnaissance totale de Borknagar, malheureusement).
En clair, il devient évident, comme à l’accoutumée d’ailleurs, que seuls les auditeurs de black les plus ouverts seront réceptifs à toutes ces avancées décisives. Les non blackeux feraient eux bien de jeter les deux oreilles sur cet album qui a de quoi les réconcilier avec le metal extrême en général, et le black en particulier. Justement car il n’est pas uniquement black. Personnellement, et bien que fan ultime de Dark Throne, un "Pornographer Cain" ou un "Charge Of Total Effect" sont des pièces d’un tellement bon choix qu’il m’est impossible de résister à l’appel du groupe. Il y a vraiment de l’orfèvrerie dans cet album. Car même s’il n’est plus véritablement black, il arrive à un mariage de raison du black, du modernisme et du raffinement quitte à laisser des fans du genre sur le carreau. Et pour ça, Solefald mérite un grand coup de chapeau. Bien sûr, inutile de préciser que tout l’album est au niveau puisqu’il n’y a pas vraiment de déchet sur ce disque.
Bref, vous l’aurez compris, il s’agit là d’un achat chaudement recommandé pour quiconque a un jour voulu découvrir le black sans pour autant passer par des groupes extrêmistes, ou tout bêtement, pour quiconque aime du metal qui fait avancer les choses. Ne perdez pas de vue tout de même que ce disque ne se laisse pas domestiquer facilement, la persévérance sera une de vos armes de choix.