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CHRONIQUE PAR ...

5
Fishbowlman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 16/20

LINE UP

-Mike Muir
(chant)

-Mike Clark
(guitare)

-Rocky George
(guitare)

-Robert Trujillo
(basse)

-Josh Freese
(batterie)

TRACKLIST

1)Can't Stop
2)Accept My Sacrifice
3)Nobody Hears
4)Tap Into The Power
5)Monopoly On Sorrow
6)We Call This Mutha Revenge
7)Asleep At The Wheel
8)Gotta Kill Captain Stupid
9)I'll Hate You Better
10)Which Way To Free?
11)It's Going Down
12)Where's The Truth

DISCOGRAPHIE


Suicidal Tendencies - The Art Of Rebellion
(1992) - fusion - Label : Epic Records



1992, les groupes de thrash metal ralentissent les tempos et veulent avoir le même succès que Metallica. Quel rapport avec Suicidal Tendencies ? Lights... Camera... Revolution commençait sérieusement à lorgner vers le thrash, Suicidal Tendencies avait alors fait une grosse tournée avec Slayer, Megadeth et Testament. L'album précédent, How Will I Laugh Tomorrow When I Can't Even Smile Today, était déjà largement influencé par Master Of Puppets de Metallica, le virage metal était en marche, délaissant au passage le hardcore pur et dur du premier album éponyme et Join The Army.

Au cours d'une tournée avec Queensrÿche, Mike Muir précisera que Suicidal Tendencies commencera à être pris au sérieux en tant que musiciens. Oui, ils savaient jouer et ils n'étaient pas seulement des skaters débiles tout juste capables de ne faire que du bruit. Ils rencontreront à ce moment là Peter Collins, le producteur de Queensrÿche, qui sera grandement responsable de tous les arrangements présents sur The Art Of Rebellion. N'oublions pas que le premier album d'Infectious Grooves, The Plague That Makes Your Booty Move, est sorti en 1991 ; cette expérience est bénéfique pour Suidical Tendencies qui, du coup, enrichit ses sonorités et met le groove plus en avant encore.

Si on pouvait écouter quelques slaps à droite à gauche sur Lights... Camera... Revolution, la basse était encore en retrait avec la production typée thrash metal. Là, sur The Art Of Rebellion, Robert Trujillo se lâche complètement, avec de superbes intros qui accompagnent les arpèges ("Can't Stop", "I Wasn't Meant To Feel This/Asleep At The Wheel"). Il prend toutefois soin de ne pas abuser des slaps funky afin de ne pas faire double-emploi avec Infectious Grooves, exception faite des fameuses lignes de basse sur "Accept My Sacrifice" et "Which Way To Free ?".

Plus « fusion » que jamais, à l'heure où les Red Hot Chili Peppers, Faith No More et bientôt Rage Against The Machine font la loi, Mike Muir se dit que son heure est venue. En plus, Metallica cartonne avec le "Black Album". Il est donc temps de ralentir les tempos et de laisser tomber le thrash metal... Donc résumons, riffs heavy, fusion, mélodies pop... The Art Of Rebellion est inclassable. Mike Muir n'a jamais aimé le metal, à part Metallica qu'il a toujours considéré comme bien meilleur que Judas Priest ou Iron Maiden. Les deux guitaristes, Rocky George et Mike Clark, ont une approche des riffs très « in your face », légèrement thrashy sur les bords, donc issus de l'école Metallica. Une des plus grandes sections rythmiques que le metal ait connues, rarement reconnue à sa juste valeur.

Si plus de 15 ans après sa sortie, le son de The Art Of Rebellion apparaît toujours aussi énorme et n'a pas pris une ride, on ne peut pas en dire autant du chant de Mike Muir, très typé « fusion ». Sur ce disque là, il commence à se prendre au sérieux, à travailler davantage son chant, à s'appliquer en prenant une voix mièvre, molle, nunuche (qu'il ne reproduira jamais en concert). Il en fait des tonnes si bien qu'il est parfois difficile de le suivre dans ses délires. Exemple pris avec le groovy "Where's The Truth", difficile de réécouter un morceau pareil de nos jours, Mike Muir en fait vraiment trop, c'est insupportable ! Faites le test autour de vous, faites écouter l'album et la plupart des gens vous répondront la chose suivante : « Les musiciens sont super bons, la musique excellente mais le chant est naze ! ». Alors Mike Muir, le maillon faible de ST ? En tout cas, si ST n'a jamais obtenu autant de succès que ses confrères, c'est peut-être bien parce que sa voix, on va dire spéciale, ne plaît pas aux gens. Même les vieux fans font la gueule et ça peut se comprendre, fini le Mike Muir beugleur de hardcore, quel dommage !

Sur les titres plus directs, évoquant un peu les heures thrash de Suicidal ("We Call This Mutha Revenge" et surtout "Tap Into The Power"), un chant pêchu et hargneux aurait été plus approprié, au lieu de ces intonations décalées que nous sert Mike Muir tout le long. Pour cette raison, et même si les grosses guitares et les solos de Rocky George font leur effet, ces morceaux là sont un peu moins bons, Suicidal ayant fait mieux par le passé. Par contre, ses speechs font toujours leur effet ("Can't Stop", "I Wasn't Meant To Feel This/Asleep At The Wheel"). Sur "It's Going Down" et "Gotta Kill Captain Stupid", pas de souci, Mike Muir retrouve un peu de peps et ça fonctionne, "Gotta Kill Captain Stupid" deviendra même un des classiques de Suicidal. Même chose pour l'excellent "Accept My Sacrifice", là les voix doublées n'ont aucune agressivité et sont parfaites, elles donnent une atmosphère spéciale à ce morceau, en décalage avec les gros riffs et le groove de la basse.

The Art Of Rebellion fonctionne souvent sur l'alternance « une chanson pop – une chanson heavy ». En plus du chant, Peter Collins a placé moult arrangements à l'aide d'un claviériste et d'un violoniste en musiciens additionnels, en plus des multiples pistes de guitares (sur "Can't Stop", on a l'impression d'écouter dix guitares différentes). La richesse de l'album semble infinie, plusieurs mois seront nécessaires pour en découvrir toutes les subtilités. Mais une fois l'effet de découverte passé, le risque est toujours de faire un blocage sur Mike Muir, placé un peu trop en avant dans le mix.

Sur les chansons « pop », pas de soucis, Mike Muir a sorti la « belle » voix et ça colle à l'esprit ST version soft : "Nobody Hears" surprendra par sa mélancolie, "Asleep At The Wheel" se veut plus tourmenté et "Monopoly On Sorrow", avec son riff accrocheur, ses claviers discrets et ses harmonies dans tous les sens, deviendra un hymne, toujours joué en concert à l'heure actuelle. Carton rouge par contre au final de "Monopoly On Sorrow" : quand le groupe reprend le riff principal en l'accélérant à la sauce thrash, on jubile ! Mais les intonations de Mike Muir sont ridicules, il essaye de pousser sa voix mais la sauce ne prend pas : « You ain't got no no no, You ain't got no no no , No monopoly on sorrow ». Il existe une version de "Monopoly On Sorrow" chantée en français, la France étant un des pays où Suicidal tourne le plus et marche le mieux.

Avec le single très pop "I'll Hate You Better", il apparaît évident que Suicidal a voulu avoir son hit lui aussi, c'est un peu leur "Under The Bridge". Saluons au passage la superbe performance de Josh Freese, qui occupe le statut de musicien de session pour ce disque (il n'apparaîtra pas sur les photos promotionnelles), en remplacement de RJ Herrera. Son jeu est parfait : technique, groovy, metal, puissant, breaks et roulements toujours amenés au moment où on s'y attend le moins (c'est un festival sur "Can't Stop"). Pas de doute, il amène ST à un niveau supérieur, jamais le groupe n'avait été aussi pro. On pourrait le comparer à Mike Bordin, en plus dense et moins limité.


La presse est unanime, les superlatifs pleuvent : « Chef-d'oeuvre », « Album de la maturité »... Mais Mike Muir et les siens ne rencontreront pas le succès escompté. On connaît la suite : un jeune groupe assurera la première partie de ST sur la tournée, un groupe qui cartonnera d'entrée de jeu avec un album très agressif et nettement moins commercial que The Art Of Rebellion : Rage Against The Machine. Mike Muir ne s'en remettra jamais, il critiquera Rage Against The Machine à chaque interview, tout comme il crachait déjà sur les Guns 'n Roses, Red Hot Chili Peppers ou Nirvana... bref, sur tous les groupes qui vendaient plus d'albums que Suicidal Tendencies.


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