CHRONIQUE PAR ...
Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Papa Emeritus III
(chant)
-A Nameless Ghoul
(guitare)
-A Nameless Ghoul
(guitare)
-A Nameless Ghoul
(claviers)
-A Nameless Ghoul
(basse)
-A Nameless Ghoul
(batterie)
TRACKLIST
1) Spirit
2) From the Pinnacle to the Pit
3) Cirice
4) Spöksonat
5) He Is
6) Mummy Dust
7) Majesty
8) Devil Church
9) Absolution
10) Deus in Absentia
DISCOGRAPHIE
Pourquoi toute cette agitation ? Cette interrogation vient certainement souvent vous hanter dans des domaines très divers. Celui de la musique n’en est pas exclu. Comment ainsi expliquer que tant de personnes se prosternent devant des créations indigentes ou que vous ne comprenez pas ? Le metal au sens large, que vous chérissez, n’échappe pas à la règle. Certaines formations recueillent des louanges que vous avez du mal à expliquer. Les Suédois de Ghost qui possèdent des millions d’adorateurs à travers le monde sont à classer dans cette catégorie. Si vous ne savez pas de qui nous parlons, c’est que vous vivez probablement reclus dans une cabane ou une grotte, refusant tout contact avec l’extérieur, mais dans ce cas, vous ne lirez jamais ces quelques lignes. Partons donc du principe que vous avez déjà entendu mentionner ce groupe, dont l’aura ne cesse de grandir depuis 2010. Il faut donc tenter aujourd’hui d’élucider ce cas de vénération qui peut sembler excessive.
Une première analyse vous conduira certainement à tenter d’appréhender ce qui plait dans Ghost. Il serait en effet trop facile de se contenter de vociférer votre haine dudit sujet, sans avoir pris le temps de saisir ce qui fascine vos comparses, car vous connaissez bien entendu quelqu’un dans votre cercle de connaissances qui n’aura eu de cesse de vous vanter les mérites de ce groupe. L’identité visuelle forte est un élément de réponse qui semble probant. Le chanteur Papa Emeritus, remplacé soit disant à chaque album, est grimé comme s’il allait participer à une fête du dia de los muertos. Nous sommes cependant en 2015 et les peintures du visage n’étonneront plus personnes, tant elles sont devenues courantes, de Kiss aux groupes de black metal. Les masques des musiciens alors ? Là encore, il ne s’agit que de la perpétuation d’une longue tradition. Gwar et Slipknot viennent immédiatement en tête lorsque que l’on songe à cet élément. La société du XXIème siècle a beau avoir érigé la futilité au rang de valeur, il doit y avoir d’autres raisons expliquant ce succès. Le soutien de musiciens influents, au premier rang desquels l’on peut citer James Hetfield et Dave Grohl, vous a forcément poussé à écouter la musique jouée par ces personnes qui maintiennent le mystère quant à leur identité. Là encore, vous n’avez pas été pleinement convaincu par ces morceaux mêlant chant fluet, pop et heavy metal.
En 2015, l’approche des disques s’est éloignée de ce qu’elle était il y a encore quelques années. Il est désormais possible de connaître une partie de ces derniers des semaines avant la date officielle de sortie. Par curiosité, l’écoute des extraits de Meliora ont finalement eu un effet pervers. Ils ont peut-être aiguisé chez vous un intérêt surprenant. La formule n’a cependant pas trop changé. Le sextet n’est pas versé désormais dans un metal extrême et violent, mais poursuit son chemin en offrant des compositions mêlant pop, rock des années soixante-dix et metal traditionnel. Comment ne pas penser à l’écoute du début de "Cirice" à Black Sabbath voire à Slayer ? L’ensemble entend présenter des morceaux inspirés, mais soyons réalistes. Ghost s’amuse simplement à reprendre des codes et des recettes déjà éculés. Nul besoin de crier au génie, ni de hurler au plagiat. Le groupe joue de manière tout à fait consciente avec ces influences partagées par bon nombre d’entre nous. La sonorité des guitares aurait parfois tendance à rappeler le heavy des années quatre-vingt, comme sur "Mummy Dust" ou "Majesty". L’ombre de Mercyful Fate plane bien évidemment une fois encore sur les compositions présentées. La prestation du chanteur est conforme à ce que l’on pouvait attendre. Les refrains travaillés et très mélodiques sont appelés à toucher l’auditoire et sont taillés pour plaire au plus grand nombre. Les Suédois souhaitent en effet atteindre un large public et nul doute qu’ils y parviendront avec ces huit pièces. Ils proposent même une véritable ballade, "He is" qui ravira les amateurs de mélopée maîtrisée tout en récoltant des moqueries des plus intransigeants.
Meliora est finalement un disque à l’image de Ghost. A son écoute, l’on peut aisément comprendre que cette formation plaise à un grand nombre. Plus percutants que par le passé, les Suédois n’auront aucune peine à fédérer sous leur bannière de nouveaux adorateurs, en attente de mélodies et de compositions finement ciselées. Quant à ceux qui une fois encore n’y verront qu’un triste recyclage sans âme, il sera difficile de les contredire également. Pour ma part, sans être totalement subjugué, je dois avouer que je suis bien moins critique qu’avant les écoutes répétées de ce disque. Un premier pas vers la conversion ?