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CHRONIQUE PAR ...

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Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 15/20

LINE UP

-Alessandro Conti
(chant)

-Luca Turilli
(guitares)

-Dominique Leurquin
(guitare)

-Patrice Guers
(basse)

-Alex Landenburg
(batterie)

TRACKLIST

1) Nova Genesis (Ad Splendorem Angeli Triumphantis)
2) Il Cigno Nero
3) Rosenkreuz (The Rose And The Cross)
4) Anahata
5) Il Tempo Degli Dei
6) One Ring To Rule Them All
7) Notturno
8) Prometheus
9) King Solomon And The 72 Names Of God
10) Yggdrasil
11) Of Michael The Archangel And Lucifer’s Fall Part 2

DISCOGRAPHIE


Luca Turilli's Rhapsody - Prometheus - Symphonia Ignis Divinus
(2015) - metal symphonique bombastic, epic, dramatic et cinematic - Label : Nuclear Blast



La question peut maintenant sembler légitime : Rhapsody (celui de Turilli, nous sommes entre gens de goût), est-ce encore du metal ? Alors oui, on peut y accoler à peu près tout ce qu'on veut, au mot « metal ». Genre, si on en croit les fins rédacteurs qui pondent les virtuoses communiqués de presse accompagnant les promos, des mots comme – tenez-vous bien – « bombastic, epic, dramatic et cinematic ». Et tout ça sans rigoler. Et le pire ? Ben ils ont raison, ces petits Proust du fichier word argumentaire.

Mais et donc, Rhapsody c'est encore du metal ? Si on se contente de la batterie, oui, sans aucun doute. Mais les guitares sont de moins en moins mises en avant, elles se contentent le plus souvent de plaquer des gros tas d'accords ou de tisser quelques mélodies, éventuellement Turilli se fend de ses classieux solos virtuoses avec des tonnes d'arpèges mais... de moins en moins. En réalité, Rhapsody 2015 c'est un fat orchestre pété de cuivres et des hordes de choristes sous LSD. Donc ok, soit : on y va pour du cinematic metal, comme il disent. De toute façon, Turilli ne s'en cache pas : durant son temps libre, vous ne le trouverez probablement pas à écouter du Running Wild ou du Primal Fear, mais plus probablement du Hans Zimmer, du John Williams ou du Dany Elfman. Tenez-le vous donc pour dit, vous entendrez plus les gars de la section cuivre que les guitares rythmiques.
Ayant eu ce rapport sexuel avec les mouches concernant la définition du genre musical de Rhapsody, on peut maintenant se pencher sur ce Prometheus - Symphonia Ignis Divinus (déjà rien que le titre, tout un programme). Ce qui n'est pas une mince affaire : la chose nous toise du haut de ses 70 minutes de long dont un boss final de 18 minutes, et chaque morceau est tellement riche, tellement dense et orchestré qu'il pourrait faire l'objet d'une chronique à lui tout seul. Mais dès les premières écoutes, on sent que Prometheus - Symphonia Ignis Divinus se place dans la droite continuité de Ascending To Infinity (2012). Moins metal, donc, et plus bombastic-cinematic tout ça. Comme d'habitude, l'auditeur est accueilli par une introduction symphonique, des gros chœurs, des harpes et des cymbales – très pompier, mais pas assez longue pour s'ennuyer – et on s'attend à enchaîner comme de coutume avec un burner burné, mais non : un doux piano égrène quelques arpèges, et tout cela sent le mid-tempo sympathique. Seconde surprise : c'est en italien. Ça n'est pas comme si c'était la première fois que Turilli le faisait, mais traditionnellement c'était sur une balade mièvre au milieu de l'album. Clairement pas, malheureusement, le morceau le plus sympa de l'album malgré de belles envolées de guitare/synthé (et de basse si vous tendez un peu l'oreille), mais le refrain ne sonne pas vraiment inspiré.
Heureusement, le reste de l'album a de sévères arguments en sa faveur. Inutile de parler de la production, parfaite pour le genre (chapeau à l'ingé-son et ses 965 pistes à gérer), parlons plutôt des morceaux. Après un début molasson (même le single "Rozenkreuz" n'est pas folichon), les choses sérieuses commencent avec "Anahata", pleines de chouettes ambiances à coups de percussions et de guitare classique pour une atmosphère plus dramatique et mystique, ou encore "Il Tempo Degli Dei" (oui, encore en italien) et son piano très XIXème siècle, et même la super pièce lyrico-tragique "Notturno", mêlant parfaitement voix masculine et féminine, piano, guitare acoustique pour un titre d'une étonnante douceur et nostalgie. Mais que les amateurs de sensations fortes ne se sentent pas pour autant délaissés, parce que l’enchaînement "Prometheus" (hyper-épique, des chœurs partout et vas-y que je te mets de l'orchestre dans tous les sens), "King Solomon And The 72 Names Of God" (ambiance du désert, trémolos orientaux, puissants chœurs masculins, percussions et instruments du Maghreb) et "Yggdrasil" (jolies mélodies vocales, et pour une fois une guitare qui mène la danse – au moins en partie) est vraiment excellent. Pas vraiment de temps morts, et tant mieux parce que le gros morceaux de 18 minutes vous attend nonchalamment après ça et vous regarde d'un œil amusé.
De toute façon, des morceaux longs, il y en a quasiment un sur chaque oeuvre de Rhapsody, et presque toujours en fin d'album. C'est en général le moment où Turilli se lâche, enfin libéré du carcan couplet/refrain imposé sur à peu près tous les morceaux aux structures plus classiques de début d'album. Du coup, il n'est pas rare que ça soit le moment le plus intéressant de l'opus – c'était en gros le cas sur Ascending To Infinity, mais aussi plus anciennement sur Power Of The Dragonflame ou encore sur le géniallissime et culte Symphony Of Enchanted Lands et le très bon "Heroes Of The Waterfalls' Kingdom" sur From Chaos To Eternity (où l'on pouvait entendre le regretté Christopher Lee déclamer sa prose sur fond de shred...). Est-ce encore le cas ici ? Oui et non. Passé sa chouette introduction (qui aurait peut-être pu faire une plage seule, vu qu'elle est détachée du reste du morceau), la majeure partie de "Of Michael The Archangel And Lucifers Fall Part II Codex Nemesis" (oui, visiblement la suite du dernier morceau de Ascending To Infinity) n'a rien de vraiment notable. Ça shred, ça bombastic à fond mais ça reste un poil décevant. Il faut attendre 9 minutes pour que Turilli change la donne et nous propose une plage d'ambiance surprenante et franchement chouette. On pense à du Ennio Morricone avec cette atmosphère intrigante vaguement kitsch, et pour le coup complètement cinématographique. Gentiment crescendo, cet intermède ferait une parfaite musique de film – calquez dessus les images que vous voulez, ça fonctionne bien. Bon, bien sûr, le morceau se termine avec force chœurs et tout le tremblement, cassant un peu le bel effet amené durant 6 bonnes minutes.


Tout cela reste magistralement exécuté et composé (quoiqu'inégal, comme on l'a vu), d'une richesse rarement vue sur un album de metal (oui, bon allez, laissons cette pauvre mouche tranquille) tant au niveau de l'ambition que des moyens mis en œuvre pour y arriver. Turilli, on dira ce qu'on voudra, reste l'un des compositeurs les plus ambitieux de l'univers metal d'aujourd'hui. Après, vous aimez ou pas les dégueulades de cuivres et de violons, vous trouvez ça – au choix – kitch, pompeux ou ridicule, mais personne ne peut retirer ça au guitariste italien : dans sa partie, c'est de loin le meilleur.




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