CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
19.5/20
LINE UP
-Pasi Koskinen
(chant)
-Natalie Koskinen
(chant)
-Jarno Salomaa
(guitare+claviers)
-Tomi Ullgren
(guitare+basse)
-Toni Reahalme
(violon)
-Samu Ruotsalainen
(batterie)
TRACKLIST
1) Fallen
2) Angels of Distress
3) Quiet These Paintings Are
4) ...To Live For My Death
5) Ne comptez pas sur moi pour écrire le nom d'un titre aussi sacré.
DISCOGRAPHIE
Angels of Distress ou le paradoxe en marche. Ou encore l’Évangile de Saint-Jean fait musique. La démonstration définitive que la Lumière prend sa source dans les Ténèbres. Comment expliquer sinon qu’un album du genre le plus caverneux qu’il soit puisse procurer une telle sensation d’apaisement ?
Angels of Distress ou l’unfuneral gothic doom. L’anti The Call of the Wretched Sea, album terrifiant s’il en est. Évidemment, les gars de Ahab sont des types sympas et puis à force, on s’y est habitué à l’Appel de la mer, donc on a tendance à minimiser l’impact, mais n’oubliez pas la première fois que vous avez écouté les Teutons des Profondeurs, du côté de 2006. Vos testicules/ovaires étaient remontés au niveau de la gorge, prêtes à être noués en cravate, pas la peine de nier. Eh bien Angels of Distress, c’est tout le contraire, c’est l’image inversée dans le miroir. Même lourdeur impressionnante, même lenteur pachydermique, même growls caverneux (quoique moins impressionnants), mais le résultat est opposé. La faute / grâce à qui ? Les coupables / bienfaiteurs sont deux : d’abord Natalie Koskinen. Son chant gracieux tient plus des cieux que des enfers. Ensuite, et surtout : Jarno Salomaa, le Monsieur derrière les Claviers, avec un grand « C ». Les Claviers de Shape of Despair… L’introduction de "Quiet These Paintings Are"… Stoa peut aller se rhabiller, tout le monde peut aller se rhabiller en fait. Les trois premières minutes du titre relèvent de la pure extase, de l’émotion esthétique absolue. De jour, de nuit, en été, en hiver, tout seul, à deux, au milieu d’un concert de reggae, en plein coït, chez Flunch, la jouissance que procure ce morceau est la même en toute circonstance. "Quiet These Paintings Are" est atemporel.
Ses premières notes résonnent et l’effet est toujours identique : on abandonne ses activités, on ferme les yeux, on écoute, et on part loin et haut, pour côtoyer les Anges du Désespoir. Les rugissements postérieurs couplés aux montées de Natalie ne font que parfaire la perfection. Et le pire de tout, vous savez ce que c’est ? C’est que "Quiet These Paintings Are" n’est même pas le meilleur morceau de l’album… Non, il y a un morceau encore plus parfait que la perfection, il s’agit du meilleur titre de gothic doom death jamais composé. Il ne dure que sept minutes et une seconde, il est instrumental et dépouillé. Et pourtant, trois groupes l’ont déjà repris : Eye of Solitude, 1000 Funerals et Ankhagram. Trois groupes… alors que Shape of Despair est une formation confidentielle. En lui est renfermée la quintessence de la poésie et de la mélancolie. Qui l’écoute peut jeter tous ses albums du genre à la poubelle, il n’en a plus besoin. Il est la manne musicale céleste. Ce morceau justifie à posteriori toutes ces années de perfectionnement du genre. Il est l’aboutissement ultime et dire qu’il clôt de manière magistrale l’œuvre est une insulte à sa beauté. Sinon, que dire des trois autres morceaux de l’album ? Qu’ils sont juste extraordinairement bons et tristes, à la fois infernaux et angéliques. Que l’introduction de "…To Live for My Death" est sidérale, une sorte d'Elend métallisé et magnifié. Bref, il s'agit de chansons bien en dessous du niveau de "Quiet These..." et du Titre. Quand on pense qu’ils nous ont refait le coup sur Monotony Fields... Il y aurait de quoi écrire un bouquin dessus…
Trois morceaux absolument magnifiques, véritables chef-d’œuvre du genre. Deux morceaux inatteignables qui ne sont pas de ce monde. Qui dit mieux ? Personne. La question était purement rhétorique