CHRONIQUE PAR ...
Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Anthony Notarmaso
(chant)
-Trent Hafdahl
(guitare)
-Lerichard Foral
(basse)
-Dan Carle
(batterie)
TRACKLIST
1) Collapse
2) Lost In The Static
3) Mire
4) Deluge
5) Laurentian Ghosts
6) Heavy Lies The Ground
7) Catacombs
8) The Endless March
9) Sway Of The Break
DISCOGRAPHIE
R.I.P. Forcément, comment pouvait-on commencer une chronique d'After The Burial sans l'évoquer. Car ce Dig Deep est le premier album post-Justin Lowe. Sept mois après la mort brutale à trente-deux ans de son guitariste emblématique et leader charismatique, le désormais quatuor revient avec son cinquième opus. Et aucun jeu de mots morbide ou malsain ne sera effectué en référence au titre de ce dernier. Ni même avec celui du groupe d'ailleurs.
Regardez-moi cet artwork et ces titres de chansons. Ils sont suffisamment explicites pour comprendre que ce Dig Deep est placé sous le signe du deuil. Et quelle affliction ! Justin Lowe, la tête à penser et machine à écrire d'After The Burial qui s'en va beaucoup trop tôt, en pleine période de composition du nouvel album en gestation. Comment relever la tête après un tel déchirement, une séparation aussi brusque et cinglante ? Trois solutions se présentent alors au néo-quatuor. La première est le split. Refusée. La deuxième est le changement total de direction musicale. Rejetée. Reste donc la troisième et dernière solution. La tentative qui consiste à rendre « hommage » à son camarade. Et pour se faire, il faut garder intacte la marque de fabrique et la patte After The Burial.
Après la sortie des deux premiers titres "Collapse" et "Lost In The Static" sous forme de single, on était plutôt rassuré quant à cette touche particulière qui était restée plus ou moins intacte. Si "Lost In The Static" apportait des sonorités orientales jamais incorporées par le groupe jusqu'à alors, "Collapse" se voulait plus rythmé, plus technique, et par là, plus djent. Une vraie petite claque qui annonçait un album d'une envergure flamboyante. Sauf qu'elle fait partie des meilleurs titres présents ici. Dig Deep conserve toujours le même format : une quarantaine de minutes pour neuf compositions. Les trois-quarts de celles-ci durant entre quatre et cinq minutes. Seules les deux dernières n'atteignent même pas les quatre minutes. Si l'on se remémore Wolves Within, les deux restent fortement proches au niveau de la forme.
Mais dans le fond, l'album n'est pas du tout dans la même veine. Celui-ci est beaucoup plus noir et plus lourd, voire plus agressif que son prédécesseur, qui prenait un penchant plus progressif voire jazzy par moments. Et cela peut se comprendre. Après tout, la musique n'est-elle pas faite pour faire partager le ressenti et les émotions de ses auteurs ? L'événement tragique vécu par le groupe a été une source de motivation et de composition conséquente et supplémentaire. "Heavy Lies The Ground" est peut-être l'illustration la plus forte de ce trouble, avec son atmosphère sombre, son rythme lourd et son ambiance lancinante. Un peu à l'image de la fin de "Mire" d'ailleurs, digne d'une musique vous accompagnant dans la Tour Lavanville.
Pourtant, malgré cette forme ténébreuse et sinistre, les quatre compères ont voulu conserver ce qui leur est cher, et se rappeler aux bons souvenirs de l'époque. En témoigne tout d'abord la très mélodieuse "Deluge" et sa flopée de soli, dont le début nous renvoie quelque peu à "To Carry You Away" de In Dreams. Vient ensuite "The Endless March" qui nous balance des blasts à la tronche, ainsi que beaucoup de tapping et quelques breakdowns représentatifs de leurs débuts, période Redeeming The Wretched. Enfin, la génialissime "Catacombs" et ses harmoniques et distorsions à la Vildhjarta, ramènera les plus nostalgiques à l'album Rareform. Quant à "Laurentian Ghosts", elle n'est pas sans rappeler les rythmiques groovy et enjouées de Wolves Within.
Malgré tout, même si on se doute que la plupart des morceaux avaient été composés et pré-enregistrés quand la tête pensante était encore parmi nous, on sent qu'il manque quelque chose au groupe. Une âme peut-être ? Ou alors ne serait-ce qu'un ressenti psychologique que l'on pourrait presque appeler « placebo » ? Certains passages de l'album, dont la totalité de la chanson "Sway Of The Break", manquent de ce que Justin Lowe arrivait à apporter, hormis ses neufs cordes laissés vacantes. Pourtant, Notarmaso a toujours la voix aussi portante, Hafdahl a abandonné les chants clairs pour se focaliser sur la lourdeur des riffs et rajouter une corde à sa gratte; et Dan Carle accompagne toujours aussi bien Lee Foral, sans trop se mettre en avant. En fait, ici, le mérite du groupe est de tout simplement avoir réussi à ne pas abaisser son niveau de jeu. En espérant qu'ils tiennent le coup en attendant la prochaine intervention divine.
Mélodramatique. C'est le mot qui vient directement à l'esprit à l'écoute de cet album, qui demande un peu plus d'attention que les précédents opus de la bande du Minnesota. Et pour cause, les ambiances ont quelque peu évolué. Pas sûr que le groupe aurait opté pour cette option un an auparavant, et je pense qu'ils s'en seraient bien passés. Cet album est paradoxal : il ne restera certes pas dans les annales, car aucun titre n'est candidat à la postérité à long terme, mais il marque forcément un tournant dans la carrière discographique d'After The Burial.