CHRONIQUE PAR ...
Silverbard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18.5/20
LINE UP
-Daniel de Jongh
(chant)
-Joe Tal
(guitare)
-Bart "Bastærd" Hennephof
(guitare)
-Uri Dijk
(claviers)
-Remko Tielemans
(basse)
-Stef Broks
(batterie)
TRACKLIST
1) Oceans Collide
2) New Horizons
3) Shaping a Single Grain of Sand
4) Illuminate the Trail
5) Meander
6) Erosion
7) The Fourth Prime
8) Zman
9) Timeless
DISCOGRAPHIE
Les souvenirs. Les émotions. Si impalpables et pourtant si évidentes, si vivantes. Chaque sortie de Textures nous rappelle à quel point ce groupe est unique, a été visionnaire par le passé et sera toujours à l'avant garde du futur.
Pionnier du metal technique moderne aux côtés de Gojira sur notre bon label Listenable national dès l'époque de Drawing Circles et Silhouettes, la bande de trublions bataves menée par le maestro Stef Broks derrière les baguettes, nous glissaient déjà il y a déjà dix ans de menues barquettes de derrière les fagots. Le temps a assagi le groupe, les mélodies inhérentes au combo (souvenons-nous simplement de "Awake" ou "Messengers" pour nous faire hérisser les poils quelques instants, juste pour le plaisir) sont devenues légion sur Dualism, dernier effort en date de la bande sortit sur le géant Nuclear Blast. Pourtant jamais, JAMAIS Textures n'a retourné sa veste, n'a trahi son éthique... ni son étiquette ! Catalogué au fil des années, groove metal, mathmetal, mathcore, progtechcore ou plus récemment djent, les gars ne se sont jamais encombré d'un titre personnel, laissant le soin aux critiques de se perdre dans l'entreprise d'une vaine définition, pour se concentrer sur l'essentiel, à savoir une musique intègre jusqu’au bout des ongles.
Le groove, ou plutôt devrais-je dire le zouk, tellement les Bataves ont la science du riff qui fait bouger le popotin, voilà bien une constante des compos où jamais les zikos n'ont apporté de compromis. Une fois Phenotype lancé sur la platine, il faudra patienter moins d'une seconde avant que rugisse LE cri. C'est sur cette note de douceur qu'"Oceans Collide" ouvre le cinquième album des Hollandais, avant que la machine de guerre riffesque implacable (et impeccable) se mette en route. En l'espace de trois minutes, on se perd déjà dans les breaks à tire-larigot, et les cervicales déjà bien échauffées ont du mal à trouver un rythme de croisière! Car mis à part un refrain parfaitement dans la lignée Dualism, c'est bien un retour aux sources à la "Old Days Born Anew" ou "Laments of an Icarus" auquel on a affaire. Phenotype annonce ainsi d'entrée la couleur, c'est bien le fameux « album de la synthèse » que va nous proposer le groupe.
Et mazette, quelle synthèse ! Le tube "New Horizons" parvient à faire le grand écart entre une intro/refrain d'une légèreté « poppy » et un couplet deathcore syncopé à gogo, faisant briller de tous feux un Daniel de Jongh qui se révélera en état de grâce tout au long de l'album. Le vocaliste s'impose ainsi comme une des figures les plus impressionnantes de la scène avec des sauts de registres tout bonnement ahurissants et une modulation de voix à coller des frissons. On continue dans la diversité avec un "Shaping a Single Grain of Sand" qui se veut un monstre de technicité brute (ce riff, sérieux !...) tandis qu'"Illuminate The Trail" propose une musique progressive éblouissante de beauté et où les contrastes prennent à la gorge. Déjà élu titre de l'année 2016, quand bien même celle-ci vient de commencer, cette dernière pépite est sûrement le cocktail le plus réussi de toute la discographie de Textures, où le camarade de Jongh arrachera sur le pont central à plus d'une âme sensible une bonne louche de larmouilles.
Niveau production, l'album peut sonner encore plus lisse que Dualism, mais on se régalera de parfaitement entendre TOUS les intrus, y compris une basse bien mixée, une batterie très dynamique avec des jeux à la ride de fifou comme on adore et - nouveauté - un clavier qui semble faire autre chose que de la figuration. En atteste pour l'exemple la magnifique "Zman" en solo, sacrément couillue de la part du groupe (et bien plus pertinente qu'un "Meander" tribal qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe). Malgré un iota de baisse de régime sur "The Fouth Prime", la fin de l'album révèle avec "Erosion" et surtout "Timeless", deux compositions d'une classe sans pareille. Posséder une force mélodique de ce niveau de la part d'un groupe de metal technique laisse sans voix. Et quand on pense à ses concurrents directs, qui excellent déjà dans le domaine (Periphery et TesseracT, pour ne pas les nommer), se font exploser non seulement sur le plan de la pure technique instrumentale et de la composition, mais aussi sur les phrasés et l'interprétation mélodique, ça devient excessivement flippant !
Rappelons à notre mémoire une simple chose. Au cours de leur carrière, jamais les Hollandais de Textures ne nous ont déçu. Ce ne sera pas encore le cas en 2016. Et pour faire encore plus durer le plaisir, ajoutons que ce nouvel opus se veut la première moitié d'un double album qui s’achèvera l'an prochain avec un titre fleuve de quarante minutes. Le final de "Timeless" laisse mes doigts tremblants, ils le seront à nouveau au moment de découvrir la suite. Qu'on a hâte...