CHRONIQUE PAR ...
Skald
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Jonne Järvelä
(chant+guitare)
-Jaakko "Hittavainen" Lemmetty
(violon+jouhikko+mandoline+flûte)
-Kalle "Cane" Savijärvi
(guitare)
-Juho "JuhoKusti" Kauppinen
(accordéon+guitares+chœurs)
-Jarkko Aaltonen
(basse)
-Matti "Matson" Johansson
(batterie+chœurs)
TRACKLIST
1)Tapporauta
2)Metsamies
3)Keep on Galloping
4)Northern Fall
5)Shall We Take a Turn?
6)Paljon On Koskessa Kiviï
7)Ali Jaisten Vetten
8)Gods on Fire
9)Kipakka (Japan bonus track)
10)Kantaiso
11)Kipumylly
12)Suden Joiku
13)Runamoine
14)Syntykoski Syommehessain
15)Korven Kuningas
DISCOGRAPHIE
Imaginez…Vous êtes à Paris. La grisaille du métro vous enveloppe de son brouillard triste et les gens tirent la tronche. Vous décidez de vous enfermer dans votre monde pour échapper à toute cette morosité routinière et sortez votre lecteur de CD. À l’intérieur, la nouvelle galette du Clan de la Forêt, tout droit sortie des brasseries finlandaises. Lecture. Le décollage est immédiat, Korpiklaani vous emmène au rythme effréné d’un folk métal festif bondissant direction la Finlande.
Vous ne rêvez pas : autour de vous s’étend la nature dans toute sa sauvagerie ; des lacs par centaines, des rivières, des forêts à perte de vue, un paysage glacé seulement troublé par le gargouillement de l’eau, le bruissement du vent dans les branches, et le beuglement d’une horde d’hommes des bois affairés à festoyer dans la joie, la bonne humeur et la bière. Vous êtes arrivés sur les terres des Korven Kuningas, les rois de la forêt. Car oui, la nouvelle cuvée brassée par nos six finlandais est loin d’être mauvaise. Digne successeur du déjà très bon «Tervaskanto», ce nouvel opus attaque franchement le palais, à l’image d’un "Tapporauta" pas piqué des vers qui débute l’album à grands coups de guitare, rapidement emmenée par l’accordéon et le violon toujours aussi entraînants, ou d’un très bon "Runamoine" lancé comme un hymne et reprise en chœur. Parce que nos chers hommes des bois ont une nouvelle fois réussi à marier avec équilibre les parties folkloriques (accordéon, violon, mandoline, jouhikko…), les rythmes festifs du Humppa - polka typiquement finlandaise - à la batterie et aux parties métal largement soutenues par des guitares acérées.
Le tout est enlevé par la voix rauque de Jonne (chant) en très grande forme, et les chœurs virils des autres membres du groupe. Mais l’heure n’est pas uniquement à la gaudriole dans cet album, même si la majeure partie donne envie de sauter partout, une bière à la main. Certaines chansons plus lentes sont de véritables ballades, telle "Gods On Fire", lancinante et mélancolique ou même "Suden Joiku" et "Northern Fall", sortes d’incantations shamaniques dont seul Jonne a le secret - il a passé une année dans une tribu Same, en Laponie, ou il a appris le joik, chanté par les shamans. Notons aussi le morceau éponyme "Korven Kuningas" dont la durée avoisine les 25 minutes (du prog ? non !) et qui se compose d’une partie folklorique de 5 minutes suivies par 20 minutes de rythme tribal aux percussions. Il faut aimer les percussions… Mais, me direz-vous, tout ça aurait très bien pu être la chronique de n’importe lequel de leurs albums : un rythme rapide, une bière, de l’accordéon, une bière, du violon, une bière (oui ça fait beaucoup de bières mais il faut bien ça !).
Eh oui, Korpiklaani et le renouvellement ça fait probablement deux. Mais pourquoi changer une équipe qui gagne ? Le risque ne viendra pas des amateurs du genre (forcément, quoique certains pourraient se lasser, à la longue mais dans ce cas ils ne méritent pas le statut d’homme des bois). Ceux qui n’ont pas toujours apprécié le folk métal en général, mais qui ne rechignent pas sur un bon Korpiklaani pourraient rapidement passer à autre chose (Eluveitie, par exemple, qui a carrément réussi à renouveler le genre). À ceux-là, je leur dirais qu’ils n’ont pas tort. Malgré une technique impeccable et bien rodée, la recette sent le réchauffé. Certes, mais le secret tient dans la sincérité et tant que le combo restera vrai et entier dans ce qu’il fait, il aura beau faire cent fois la même chose, ça sera toujours un plaisir que d’accueillir un de leurs albums, boire directement au goulot cet hymne à la nature dans tout ce qu’elle a de plus sauvage (Voice of the Wilderness), ces contes racontés le long des chemins (Tales Along This Road) ce breuvage dédié à la sagesse des anciens (Tervaskanto) et bien sûr cette adoration dédiée aux Rois de la Forêt.
Pour faire simple, Korpiklaani, loin de se renouveler, s’enfonce un peu plus dans un univers qui n’a pas fini de faire rêver, pour notre plus grand bonheur. Du métal, du rythme, du folk, c’est tout ce qu’on leur demande et ils le font magnifiquement bien. Le Clan de la Forêt mérite largement son titre de Roi. En un mot comme en cent, levez vos cornes, et buvez à la santé des Korven Kuningas ! Le métro est loin…