CHRONIQUE PAR ...
Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10/20
LINE UP
-JT Cavey
(chant)
-Jesse Cash
chant+guitare)
-Sean Price
(basse)
-Alex Ballew
(batterie)
TRACKLIST
1) Luminesce
2) Irreversible
3) Skyline
4) Hourglass
5) Orchid
6) Drift
7) Sleeper
8) Continuum
9) Safehaven
10) The Hypnotist
DISCOGRAPHIE
Il est de ces groupes qui dévient de leur trajectoire assez subitement, sans aucune explication et qui sont objet de notre plus grande incrédulité. A des années-lumières des Slayer, Cannibal Corpse et autres Lamb Of God, ils sont mus par une volonté de progression et de changement constants. Après une impulsion explosive, et une augmentation qualitative, Erra effectue un virage à presque 360 degrés. Allez, appelons ça un drift.
En 2011, dans Impulse, Erra nous faisait découvrir son monde rempli de légendes et de mythes, souvent en rapport avec la période sumérienne. Côté instrumental, le groupe associe des passages lourds bien alimentés par des riffs techniques, puissants mais à la fois mélodieux et rudement efficaces. Le tout allié à la magnifique voix de Jesse Cash, pouvant partir dans des sommets aigus délirants. Une première partie d’album tout bonnement géniale avec des tubes et des classiques comme "White Noise", "Pattern Interrupt" ou encore "Efflorescent" qu'il serait difficile d’oublier. Impulse faisait office de première propulsion. Un départ énergique et explosif, malgré une certaine maladresse, de l'inconstance et parfois un manque de consistance.
En 2013, sur Augment, Erra nous montrait ce qu’il avait appris de son passé, en poussant ses facultés et ses capacités beaucoup plus loin. Tout était mis en exergue et largement amélioré. Chaque détail était amplifié. Les mélodies et les ambiances au synthé étaient omniprésentes, mais n’obstruaient pas le passage à des parties plus violentes, plus saccadées et quelques breakdowns. Quant au chant de Jesse Cash, c’était devenu la locomotive du groupe, la marque de fabrique, LE truc qui, ajouté au son particulier d’Erra, rendait la bande un incontournable du genre metalcore progressif. En bref, il exploitait son potentiel, écueil sur lequel un nombre intempestif de groupes se fracasse le crâne. C’était la montée en puissance. Pas spectaculaire, mais certaine.
En 2016, virage en épingle. Nous voilà avec ce Drift entre les mains. MAIS QU’EST-CE QU’ILS ONT FAIT AU BON DIEU ? QUE S’EST-IL PASSÉ ? D’accord, leur chanteur principal, en la personne de Garrison Lee, s’est fait la malle juste après Augment, mais ce n’est pas une raison pour en arriver là ! Soyons clair, Erra n’a plus rien à voir avec ses deux précédents glorieux opus. Hormis la voix de Jesse Cash qui n’en finit pas d’évoluer dans le bon sens du terme, les riffs marquants se sont envolés, les breakdowns se sont volatilisés, et l’énergie s’est évaporée. La technique est restée la même, mais s’est mise en retrait pour faire place à la voix. En clair, on est passé d’un metalcore progressif couillu à un post-hardcore relativement mou, et sans âme. Et cela fait d’autant plus mal au regard du passé de la formation. Erra a voulu dévier de sa voie comme les Australiens de Northlane l'ont fait avec le dernier Node, mais l’a mal fait. Après tout, en anglais « to drift » signifie « dériver ». Et quand on voit la tournure prise par les derniers rejetons du label Sumerian Records, on ne peut que les remercier du fond du coeur.
Ceux qui découvrent Erra avec cet album pourront certainement l’apprécier, celui-ci n’étant pas une infâme bouse comme on a pu en voir par le passé. Mais les fans de la première heure prendront une méchante claque dont ils ne seront pas prêts de se remettre. A ce rythme-là, on peut déjà anticiper le nom du prochain album : Crash.