CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10/20
LINE UP
-James Dorton
(chant)
-Andy Thomas
(chant+guitare)
-Nick "Bass" Shaw
(basse)
-Jesse Beahler
(batterie)
TRACKLIST
1) For Red Cloud
2) Sorrowpsalm
3) Again
4) Belie the Machine
5) Selves We Cannot Forgive
6) Trasmit to Disconnect
7) Matriarch
8) Vicous Lives
DISCOGRAPHIE
*Mode racontage de life on* Je me rappelle être allé au cinéma voir Ghost Dog de Jim Jarmusch – ça ne nous rajeunit pas – avec un ami tout à fait allergique au rap. Chaque fois que Forest Whitaker le Samurai dégainait son katana, mon ami se crispait à l’idée de devoir affronter une fois de plus Wu-Tang Clan et consorts. *Mode racontage de life off* Eh ben vous savez quoi ? J’ai grandement pensé à lui à l’écoute de ce Selves We Cannot Forgive. « Nooooon, pas de chant clair ! Pas de chant clair ! Arrêtez, par pitié ! »
Lors de la chronique du globalement excellent The Wreckage of Stars, regretté prédécesseur de Selves..., j’évoquais des « mélodies fines souvent soutenues par une voix claire certes classique mais convaincante ». On va dire qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. A moins qu'il s’agisse du fait que l’usage systématique, académique et sans une once de passion de l’organe vocal en mode clean m’ait moins convaincu. Surtout qu’au lieu d’accompagner des compositions percutantes et vachement bien conçues, elle se fond dans un death metal qui se veut à la fois prog, technique et brutal et qui, à trop embrasser, mal étreint. Bref, au cas où vous n’auriez pas compris, Selves… est une grosse déception, dans la lignée de la baisse de régime de la fin de The Wreckage of Stars, voire pire si affinités. Que dire ? Que "Sorrowpsalm" sort un peu du lot et que le seul vrai pied que j’ai pris se situe à la fin de "Transmit to Disconnect" - minute 37 - , quand les gars lâchent un peu les chevaux ? Oui, voilà la triste vérité.
Pour le reste, ce mélange de différentes tendances de death-metôl ne prend pas, on n’y perçoit guère d’étincelle et si l’exécution technique est impeccable, il est bien difficile de s’emballer. Là où The Wreckage massacrait, Selves... est hésitant et le recours obligé au chant clair, irritant - ah bon je vous en avais déjà parlé ? Peu de séquences brutales à se mettre sous la dent, les riffs un peu tarabiscotés ne décollent pas vraiment, les mélodies moroses n'éclairent rien et du coup, les pauses gentilles ne s’imposent vraiment pas. La chanson éponyme, sorte de trou du milieu superflu, rappelle la version la plus sucrée d’Opeth et le constat est similaire pour un "Vicious Lives" pas plus convaincant. A qui plaira cet album ? Probablement aux inconditionnels du death mélodique voyant le chant clean comme un ingrédient indispensable du genre, fans débonnaires de Gojira, Obscura ou Cynic mateurs du « pas trop ». Brutal mais pas trop, technique, mais pas trop, etc. Ou des films dramatiques français (« Je t'aime, mais sans t'aimer ! », « Je veux un enfant de toi, mais toute seule ! » ...)
Attendu non pas comme le Messie, mais tout de même avec une certaine impatience, Selves We Cannot Forgive n’est pas à la hauteur des attentes, loin s’en faut. Finies les accélérations cosmiques combinant parfaitement brutalité et mélodie, Black Crown Initiate met deux gouttes de vin dans sa bouteille d’eau et livre une prestation hésitante et aseptisée, bien que techniquement irréprochable. Triste constat.