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CHRONIQUE PAR ...

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Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-Memnoch
(chant, basse, contrebasse)

- André Aaslie
(piano, orchestrations, chant)

- Elvorn
(guitare)

- Asgeir Mickelson
(batterie, guitare)

TRACKLIST

1) A Funeral Elegy
2) A Winter's Tale
3) Sombre Dreams
4) The Silent Shrine

DISCOGRAPHIE


Abyssic - A Winter's Tale
(2016) - doom metal doom death symphonique - Label : Osmose



Sorti de nulle part, Abyssic a marqué de son empreinte l’année 2016. Alors que cette dernière touche à sa fin, il nous faut vous faire part de cette sortie parue il y a désormais près de dix mois. Soit le temps de digérer l’offrande du groupe, permettant ainsi d’avoir du recul et un jugement solide sur cette grande œuvre.

En creusant quelque peu, l’on notera que le groupe n’est en fait pas si inconnu. La plupart de ses membres sont déjà actifs depuis des années dans des formations renommées, au premier rang desquelles se trouve le groupe de heavy thrash Susperia. Deux des quatre hommes ici présents en sont en effet issus, notamment la tête pensante du projet, Memnoch. Il souhaitait donner vie à des compositions personnelles, dans un style fort éloigné de ce qu’il a l’habitude de jouer, le doom death. Il y a près de vingt ans, il créa Abyssic Dreams, qui ne sortit qu’une simple demo. Aujourd’hui, le patronyme a été raccourci et le projet réactivé. Rapidement la qualité des morceaux présentés saute aux oreilles, trahissant le travail important que ces derniers ont dû demander. Une heure et vingt minutes plus tard, il faut se rendre à l’évidence. A Winter’s Tale est un sacré pavé lancé dans le sombre marais du doom. Les titres, qui s’étendent de douze à plus de vingt-huit minutes, sont dans les standards du genre. Les paroles désespérées également. Les Norvégiens parviennent cependant à magnifier les codes du style pour accoucher d’un grand disque. La lourdeur de l’ensemble est renforcée par les vocaux puissants et habités du leader, qui hurle sa vision emplie de désolation à la face des auditeurs. Sa prestation est l’un des points forts de ce conte hivernal.
Non content d’avoir élaboré des pièces gorgées de mélodies ténébreuses, il a su s’entourer de musiciens qui subliment cette base déjà solide. Le poste de batteur est en effet tenu par Asgeir Mickelson, connu pour son travail avec Borknagar ou Ihsahn. La finesse de son jeu se marie parfaitement à l’ensemble. Les riffs de guitares de Elvorn laissent pour leur part transparaître mélancolie et puissance. Mais l’un des principaux atouts de la formation réside dans le travail d’André Aaslie. Ce dernier, claviériste de son état, drape les quatre titres d’arrangements orchestraux sublimes. Les morceaux prennent alors une teinte quasi-cinématographique, l’impression d’écouter la bande originale d’un film ténébreux n’étant pas si éloignée. Certains passages esquissent d’ailleurs une grandiloquence qui sublime le tout. Cette démarche, somme toute assez originale dans ce style musical, ne permet pas de rapprocher Abyssic d’autres formations. L’on sait André et Memnoch friands des Britanniques de My Dying Bride, pourtant les Norvégiens font preuve ici d’une personnalité forte et affirmée. Chaque morceau recèle de trouvailles, de parties splendides qui confèrent à ce disque une qualité remarquable. Il faut de la patience pour écouter et apprécier à sa juste valeur cette sortie, mais une fois cet effort réalisé, le plaisir procuré aura du mal à s’estomper.


A Winter’s Tale est, vous l’aurez compris, un excellent disque. Les amateurs de doom death se doivent d’écouter ces quatre fabuleux morceaux. Nul doute qu’ils succomberont aux charmes nombreux de ces pièces. Quant aux autres, n’hésitez pas à tenter l’expérience et laissez-vous guider dans cet abysse de noirceur, froid et désenchanté.



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