CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-Carl McCoy
(chant)
-Peter Yates
(guitare)
-Paul Wright
(guitare)
-Tony Pettitt
(basse)
-Alexander Wright
(batterie)
TRACKLIST
1) Intro (The Harmonica Man)
2) Slow Kill
3) Laura II
4) Preacher Man
5) Volcane (Mr. Jealousy Has Returned)
6) Vet for the Insane
7) Secrets
8) Dust
9) Reanimator
10) Power
11) The Tower
12) Dawnrazor
13) The Sequel
DISCOGRAPHIE
« Nan mais Fields, c’est des suiveurs. Sans Sisters ils ne seraient rien. » Voici la réponse écrite et non demandée que j’avais obtenue après avoir gravé sur la table de la glauque salle de prépa, où le prof de maths nous haranguait jour après jour, mon amour pour Carl Mc Coy et ses acolytes. Après avoir hésité pendant de longues minutes et soupesé l’efficacité d’une réponse du style « Pauvre nase, ta mère elle se déguise en indienne ! » , j’optai pour un plus subtil « Si on commence comme ça, on peut remonter jusqu’à la préhistoire. Et ta mère, elle lit Strange. »
Commentez cette affirmation : « Fields of the Nephilim est le meilleur groupe de tous les temps. » Première étude : Dawnrazor. Poussière. Chevaux. Serpents à sonnette. Gian Maria Volonte. Et émotion. Bien sûr que Sisters of Mercy est omniprésent dans cette première partie de la Trilogie Sacrée. Dans les intonations de Carl McCoy qui utilise encore beaucoup la voix à la Eldritch et ne distille ses incantations caverneuses qu’avec parcimonie. Dans le travail des guitares aussi, c’est une évidence. Sans Sisters, Fields ne serait rien, mais Fields est allé plus loin dans la profondeur et l’émotion épique que la troupe de Eldritch. Fields n’a pas le flegme typiquement british de Sisters et le groupe se livre donc sans aucune retenue, là où leur principale influence aime rester plus pudique. Fields vit pleinement sa musique et, sur ce premier joyau, donne dans la cavalcade épico-gothique du Far West. Le groupe s’appuie sur l’ambiance hallucinée des films de Sergio Leone et lui confère une profondeur et une émotion que seul le goth sait transmettre.
L’enchaînement de l’intro tirée directement d’Il était une fois dans l’Ouest avec le hennissement des guitares ouvrant "Slow Kill" nous hérisse le poil avant que Mc Coy nous offre ses tripes sur un plateau dans un magnifique élan de sincérité. Dawnrazor est lancé et ne s’arrêtera pas. Enfin pas vraiment. Même le fanboy que je suis ne peut pas passer sous silence la frayeur passagère que provoquent "Volcane" et "Vet for the Insane", pas au niveau des autres compos, mais dès "Secrets", le grand frisson réapparaît et ne me lâchera plus, le temps d'une seconde moitié d'album tout simplement parfaite. Mélodies fluides d’une beauté incomparable, vocaux vécus et pleurés plus que chantés quand Carl est en mode Eldritch, imprécations lancées avec rage quand le mode chthulien est activé – ne me dites pas que le « When i’m BACK » lâché sur "The Sequel" ne vous remue pas un petit peu… - la jouissance est totale et infinie. Pleurons avec le saxophone de "The Tower", exaltons-nous avec le mystique "Dawnrazor", et surtout n’ayons pas peur d’étaler nos sentiments au grand jour. Dawnrazor est un hymne à l’exacerbation de la vie et de la mort. Dawnrazor est cosmique.
Avec cette première œuvre, Fields of the Nephilim n’hésite pas à montrer sans pudeur à quel point la musique gothique est faite pour être vécue intensément. Pas du bout des lèvres. Fields fait fructifier l’héritage de Sisters en lui ajoutant une dose absolument pas raisonnable de PASSION et de MYSTICISME. Bon, la tension monte, je vais prendre mes médicaments.