CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
19/20
LINE UP
-Carl McCoy
(chant)
-Paul Wright
(guitare)
-Peter Yates
(guitare)
-Tony Pettitt
(basse)
-Alexander Wright
(batterie)
TRACKLIST
1) (Dead But Dreaming)
2) For Her Light
3) At the Gates of Silent Memory
4) (Paradise Regained)
5) Submission
6) Sumerland (What Dreams May Come)
7) Wail of Sumer
8) And There Your Heart Will Be Also
DISCOGRAPHIE
- Euh… c’est quoi ton OVNI là ?
Back to 1991. Assis dans ma piaule d’étudiant, je bois les paroles de mon Maître ès goth/électro/dark, qui est également mon Élève metal. Reign in Blood contre Front By Front. Un échange de bon procédés, en somme. Dès que j’ai vu le nom du groupe, j’ai su que j'aimerais. Et lorsque le carré magique "Dead But Dreaming"/"For Her Light"/"At the Gates of Silent Memory"/"Paradise Regained" commence, je m’immisce dans un monde authentique. Celui du mysticisme musical obscur, que la déferlante black de l'année d'après ancrera à jamais dans mon esprit.
- Ça ? C’est Fields of the Nephilim.
- Non, je sais lire, merci. Je veux dire, c’est quoi ça ?
- Ça te plaît ?
Si ça me plaît… La quadruplette, que j’écoute alors sur le live Earth Inferno, est l’un des moments le plus forts de ma discographie, juste à côté de "Slaget i skogen bortenfor" ou "Into the Infinity of the Thoughts", et également ma porte d’entrée vers l’univers de Fields of the Nephilim. Quelques jours après, mon Maître m’offre une K7 contenant Elizium, le troisième volet des premières et principales aventures de la bande à Carl McCoy. Les spécialistes sont, paraît-il, un peu déçus avec ce petit dernier, un peu trop ambient à leur goût. Pour ma part, au-delà du fait que le premier contact avec un groupe que l’on vénère est toujours un choc privant la victime d’une grosse partie de son objectivité, je pense que c'est leur meilleur. Il est vrai que la seule cavalcade de l’album est "Paradise Regained", et dans une moindre mesure, "Submission", tout le reste est planant, sombre, inquiétant, un peu comme si Pink Floyd s’était appelé Black Octopus.
Ici, contrairement aux deux albums précédents, règne une homogénéité parfaite, une ambiance incroyable, et ne peut s'abriter en son sein aucun temps faible. C’est tout bonnement impossible, car Elizium est un et s’extirpe hors du temps. Si Fields s’est amusé à le découper en morceaux, il ne faut pas être dupe. Même si "Submission" et "Sumerland" - certainement le morceau qui aura le plus provoqué l’ire des puristes à cause de ses chœurs - paraissent des entités à part, le saucissonnage n’a pas vraiment de place ici, et si les quatre premières pistes de ce rock goth atmosphérique s’écoutent d’une traite, il en est de même pour "Wail of Sumer" et "And There Will Be Your Heart Also", où Carl Mc Coy module son timbre chtuhlien pour y ajouter une teinte mélancolique à la séquence la plus pinkfloydienne de l’album, d’une charge émotionnelle inconcevable. Cette doublette est d’ailleurs l’un des moments les plus forts de ma discographie juste à côté de "Slaget i skogen bortenfor" ou "Into the Infinity of the Thoughts"… attendez… ça ne va pas… je me répète, non ? Elizium m’embrouille, Elizium m’hypnotise, Elizium me noye en douceur.
N’en déplaise aux puristes, Elizium est le chef-d’œuvre de Fields of the Nephilim. Jamais le rock gothique n’avait été autant porteur d’une ambiance aussi obscure/profonde/mystique (ne rayez aucune mention).
- Alors ? Tu en redemandes ?
- Oui, Maître.
- Tu connais Laibach ? Leur album Krst Pod Triglavom ?
- Jamais entendu parler…
L’histoire sans fin continue, forcément. Hors du temps, tout continue.