CHRONIQUE PAR ...
Ptilouis
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Antony Miranda
(chant+guitares+moog+basse)
-Nils Cheville
(guitare)
-Nicolas Sénac
(guitare)
-Benjamin Bardiaux
(claviers)
-Aymeric Thomas
(claviers+clarinette+programmation+batterie)
Ont participé à l'enregistrement :
-Adrien Daguzon
(saxophone sur 2 et 5)
-Matthieu Halberstadt
(contrebasse sur 1, 5 et 10)
-Gautier Lafont
("smashed door" [sic] sur 6)
TRACKLIST
1) Un Max de Croco
2) La Boetie stochastic Process
3) 100% Babines, pur Molossoïde
4) A la Zheuleuleu
5) Tau Ceti Central
6) Tête de Museau dans le Boudoir (Intermezzo)
7) Myxomatosis against Architektür vol IV
8) Carambolage Fillette contre Individu Dragon non-décortiqué
9) C++
10) Totipotence d'un Erg
DISCOGRAPHIE
Et c’est reparti. Après Futurologie, un très bon EP, les grands malades de Pryapisme reviennent nous faire profiter de leurs élucubrations musicales à travers leur troisième album, Diabolicus Felinae Pandemonium. L’histoire derrière cette réalisation raconte l’avènement de l’ère du chat qui anéantira l’humanité. Un joli programme qui aura mis trois bonnes années à être conçu et pour la première avec la formation live du groupe (c’est-à-dire les cinq musiciens). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que si la formule ne change pas complètement, elle reste diablement efficace et complètement azimutée.
Dès les premiers instants du disque, même dès la lecture des différents titres aux noms tous plus géniaux les uns que les autres, l'auditeur sait qu’il est en terrain connu et que son cerveau va pas mal morfler. Dès l'ouverture intitulée "Max de Croco", la section auvergnate démarre à fond, les mélodies sinueuses et frénétiques se succèdent dans un déluge de guitares et de riffs qui se cassent la gueule à travers de multiples breaks, des passages plus calmes au piano, pour enchaîner sur des arabesques guitaristiques et revenir sur des sonorités électro entêtantes du plus bel effet. Envoûtant, épatant, dès la première piste, les amoureux des chats montrent qu’ils savent encore mieux insérer les différents passages électro dans leur musique et qu’ils maîtrisent intelligemment les transitions. Car si les différentes compositions sont d’une densité absolument affolante et atomiseront le bulbe de tout fan de doom, ils délivrent au fur et à mesure des écoutes leur richesse, aidés par une production très claire permettant de saisir les différentes instruments et détails posés ici et là. Bref, comme à son habitude, Pryapisme a rempli son disque ras-la-gueule et cela demandera du temps pour se familiariser avec la bête.
Pourtant s’il faut définir Diabolicus Felinae Pandemonium, celui-ci se situerai à mi-chemin entre un Hyperblast Super Collider et un Futurologie. Du premier, il garde les morceaux partant dans tous les sens, aux idées plus ramassées. Des titres comme la sautillante "A la Zeuhleuleu" (et son super solo de guitare !), "100% Babines pur molossoïde !" ou encore l’entêtante "Myxomatosis against Architektür vol IV" en sont de bons exemples. De Futurologie, il prend certains de ses longs développements à l’image de l’excellente "Tau Ceti Central" qui n’hésite pas à développer une ambiance jazzy pour terminer sur un moment purement électro absolument jouissif. On pourra aussi penser la longue et réussie "Totipotence d’un Erg" qui alterne les passages metal et d'autres plus étonnants (surtout celui des percussions!). Mais l’album sait aussi s’émanciper de ses aînés en incorporant de façon plus assumée des instruments classiques à l’image du final dingue au saxophone sur "La Boetie stochastic process" et "Tau Ceti Central" ou la contrebasse sur "Totipotence d’un Erg". C’est aussi le cas de l’utilisation génialement débile du chiptune notamment sur la courte "Carambolage Fillette contre Individu Dragon non-décortiqué" qui n’est pas sans rappeler Anamanaguchi [ndlr : collectif de rock indépendant chiptune originaire de New York dont le visuel ferait passer Kyary Pamyu Pamyu pour une nonne]. Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ce disque, comme sur ses aspects cinématographiques ("Tête de Museau dans le Boudoir (Intemezzo)"), les miaulements de chats ou l’utilisation toujours très juste des synthés, mais est-ce vraiment utile ? Car Pryapisme défonce un point c’est tout.
Diabolicus Felinae Pandemonium, c’est un coup de folie dans la gueule. Celui dont on ne ressort pas totalement indemne, mais qui fait du bien. Moins surprenant qu’un Hyperblast Super Collider, plus metal que Futurologie, ce troisième LP montre à quel point les membres de Pryapisme maîtrisent leur formule sur le bout des doigts et savent toujours proposer de nouvelles - et bonnes - idées. Amateur de metal à poils longs ou courts, adorateurs de félins, courez écouter cette nouvelle œuvre des Clermontois qui constitue peut-être bien leur enregistrement le plus abouti à ce jour.