CHRONIQUE PAR ...
Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Aðalbjörn Tryggvason
(chant+guitare)
-Sæþór M. Sæþórsson
(guitare)
-Svavar Austman
(basse)
-Hallgrímur Jón Hallgrímsson
(batterie+chant)
TRACKLIST
1) Silfur-refur
2) Ísafold
3) Hula
4) Nárós
5) Hvít sæng
6) Dýrafjörður
7) Ambátt
8) Bláfjall
DISCOGRAPHIE
Avant qu’un procès d’intention ne me soit fait, je dois préciser que j’aime sincèrement Sólstafir. Et ça ne date pas d’hier. Le virus islandais s’est instillé en moi depuis le milieu des années 2000. Masterpiece of Bitterness permettait alors aux cow-boys du Nord de toucher une plus large audience, qui n’aura de cesse de croître au fil des sorties. Que l’on ne me taxe pas non plus de passéisme ou de réticence à l’innovation. Le style du groupe évoluant peu à peu jusqu’à proposer une musique vraiment posée, mais raffinée sur Ótta, le dernier album en date, je me suis toujours délecté de leurs ouvrages. Avant ce printemps 2017 et l’annonce d’un nouveau disque.
L’on s’en doutait, les singles présentés, l’ont confirmé. Berdreyminn est dans la continuité directe d’Ótta. Les titres soumis ici sont en effet débarrassés de tout aspect purement metal. Qui à l’écoute de cette cinquantaine de minutes se souviendra de la furie de leur premier méfait, Í blóði og anda ? La virulence du propos qui s’était certes étiolée au fil des années, a été ici soigneusement effacée, pour ne laisser que des compositions planantes, où la douceur domine. La première écoute, sans être pleine de surprises, suscite moult interrogations. Que retenir ici ? Pourquoi est-il difficile d’accrocher immédiatement à tous les morceaux ? Est-ce de l’ennui qui pointe à certains moments ? Les amateurs reconnaîtront les éléments qui ont fait le succès des Islandais, du moins récemment. Et d’aucuns seront rapidement conquis. Il faudra pour d’autres de nombreuses plongées dans ce disque pour commencer à en percevoir l’intérêt. Et faire son deuil définitif du Sólstafir d’antan, qui savait intelligemment mêler passages aériens et parties plus virulentes. Une fois ce travail fait, l’on peut commencer à trouver certaines qualités aux huit pièces offertes.
De bons morceaux, il y en a sur cette galette. A commencer par l’introductif "Silfur-refur" et sa basse hypnotique sur laquelle une mélodie vient se greffer pour emporter l’auditeur vers des paysages sonores évoquant la beauté des fjords islandais. Comment ne pas également mentionner "Hula" et sa mélopée aussi simple qu’accrocheuse ? Là où le bât blesse, c’est que la mélancolie qui est dépeinte laisse parfois pointer l’ennui, écueil qu’avait su éviter le quartet jusqu’alors. "Ambátt" ou "Dýrafjörður" ont de quoi plonger l’auditoire dans une léthargie regrettable. Les membres du groupe semblent pourtant en phase. Les vocaux d’Aðalbjörn Tryggvason sont plus doux qu’à l’accoutumée, les aspects rocailleux étant absents de Berdreyminn. Les musiciens qui l’accompagnent se sont mis au diapason. Les guitares ne délivrent plus de riffs puissants, préférant les nappes mélodiques éthérées. Le changement de batteur, véritable mélodrame, ne se fait pas sentir, le jeu de Hallgrímur Jón Hallgrímsson n’étant pas trop éloigné de celui de Guðmundur Óli Pálmason.
Ce sixième album des Islandais est le plus clivant de leur carrière. Il montre l’aboutissement d’une formation qui n’a eu de cesse de s’éloigner des sentiers battus. Plus rock, Sólstafir se détache encore un peu de la scène metal qui l’a vu naître. Les fanatiques des premières œuvres risquent de ne pas s’enflammer pour Berdreyminn. Mais gageons qu’il saura plaire à de nouveaux-venus, qui n’avaient pas encore été touchés par les compositions du quartet. Sans être foncièrement mauvais, ce disque n’atteindra jamais à mes yeux les chefs-d’œuvre Köld ou Svartir sandar, que je vous recommande chaudement s’ils ne font pas partie de votre discothèque.