CHRONIQUE PAR ...
Silverbard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17.5/20
LINE UP
-Aðalbjörn Tryggvason
(chant+guitare)
-Sæþór M. Sæþórsson
(guitare)
-Svavar Austman
(basse)
-Guðmundur Óli Pálmason
(batterie)
TRACKLIST
CD1 - ANDVARI
1)Ljós í Stormi
2)Fjara
3)Þín Orð
4)Sjúki Skugginn
5)Æra
6)Kukl
CD 2 - GOLA
1)Melrakkablús
2)Draumfari
3)Stinningskaldi
4)Stormfari
5)Svartir Sandar
6)Djákninn
DISCOGRAPHIE
Sable noir, voici la traduction française de Svartir Sandar, nouvelle offrande des Islandais de Sólstafir qui accouchent par le même temps de leur troisième album, celui de la maturité comme on se plaît souvent à la rappeler. Un titre d'album aux allures trompeuses toutefois, car contrairement à ses prédécesseurs, les quelques racines black metal du groupe encore sous-jacentes se sont aujourd'hui totalement effacés.
Avant de commencer, on peut remarquer que l'intégralité des textes, tant paroles que titres, est dans la langue natale du quartet, ce qui n'était pas le cas par le passé. Autre particularité de ce Svartir Sandar : son format. Le groupe a décidé d'opter pour un double album, choix toujours délicat car soumis à la vilaine tentation du remplissage. Brisons le suspense d'entrée, ce n'est pas le cas! En effet, plutôt que de proposer un album surchargé de 80 minutes, le groupe a décidé de séparer son travail en deux parties égales de format court (le format vinyle en fait) et globalement dans la même veine. S'il est bien une évidence qui éclate à l'écoute de cet album, c'est que les Islandais possèdent une patte mélodique unique! L'ambiance générale est très tourmentée à l'image de la voix à la fois âpre et mélancolique, mais qui sait se faire puissante quand il faut, du leader Aðalbjörn Tryggvason.
Ce sable noir, ne serait-ce pas celui de cette terre basaltique islandaise, aujourd'hui si paisible mais qui cache en son cœur ses origines éruptives ? Les atmosphères développées par Sólstafir évoquent souvent celles de Sigur Rós, autre formation du pays, bien que dans un climat moins polaire et plus brumeux. Epique, l'œuvre l'est assurément tout en nous invitant à une contemplation passionnée de ces contrées hostiles, un périple dans une autre dimension. La production assez « raw » tout en restant très aérée sied à merveille et l'intervention de claviers ou de chœurs féminins (comme sur "Fjara" et le titre éponyme) ajoutent un cachet supplémentaire à l'ensemble, dépouillé de toute fioriture. Fluidité est ici maître mot, en particulier sur "Gola" (la seconde face) où tout s'enchaîne avec une simplicité déconcertante. Dès le premier morceau "Melrakkablús", le ton est donné.
Facilement divisible en trois actes, ce titre fleuve démarre sur un ton post-rock lancinant mais efficace, avant de subir une série d'accalmies où le spleen du chanteur est à son sommet, pour s'achever en apothéose sur un air de chevauchée triomphante sur fond de saxophones délirants. La transition avec le court instrumental "Draumfari" plus calme et rêveur est parfaite. Le calme avant la tempête finale et le magnifique duo "Svartir Sandar"/"Djakninn" qui laisse l'auditeur pantois. Le début de l'album (face "Andvari") présente quant à elle peut-être une trop grande diversité entre les accès de colère de "Þín Orð" ou de "Ljós í Stormi", la minimaliste" Kukl" ou la plaintive "Sjúki Skugginn". Peu de reproches à émettre toutefois, si ce n'est des détails comme "Fjara" qui verse un peut facilement vers des mélodies convenues.
Des extériorisations de douleur, on tire un rare apaisement de ce Svartir Sandar, preuve que la magie cathartique fonctionne à merveille. Torturé et psychédélique, l'album ne laisse en aucun cas indifférent. Le plus fort, c'est que ces Islandais se paient le luxe de briller dans des registres très variés tout en imposant leur forte identité. L'année 2011 a été décidément bien riche en surprises, en voici une taille, car Sólstafir s'offre une place de choix dans le haut du panier. Un nom à retenir, capable de bien belles choses à l'avenir.