CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Rachel Goswell
(chant)
-Neil Halstead
(chant+guitare)
-Christian Savill
(guitare)
-Simon Scott
(guitare+batterie+programmation)
-Nick Chaplin
(basse)
TRACKLIST
1) Slomo
2) Star Roving
3) Don't Know Why
4) Sugar for the Pill
5) Everyone Knows
6) No Longer Making Time
7) Go Get It
8) Falling Ashes
DISCOGRAPHIE
Pygmalion était un album de rupture : rupture avec une maison de disque de moins en moins intéressée par le shoegaze, trop peu viable commercialement ; rupture avec les fans, qui seront fortement déroutés par une musique dépouillée à l’extrême, et bien plus expérimentale malgré son côté planant ; rupture de la formation elle-même, puisque l’album aura davantage tenu de la découverte par Halstead des ordinateurs et de leurs possibilités que du véritable travail de groupe. Mis en hiatus pour le bien de ses membres, et pour la déception de ceux qui les suivaient, il aura fallu dix-huit ans pour panser les blessures faites par une presse impitoyable, ainsi qu’une foule de gens peu apte à comprendre les aspirations du leader, plus quatre supplémentaires nécessaires à la genèse de ce nouvel opus.
A une époque où justice a été rendue à toutes ces formations plus aventureuses, et où les reformations sont monnaie courante, voir Slowdive revenir, après My Bloody Valentine et Ride n’étonne guère. En revanche, voir les trois formations sortir exactement le même album que précédemment aurait mis du plomb dans l’aile à leur statut d’expérimentateurs géniaux. Ainsi, Slowdive offre avec cette sortie éponyme un disque, qui, s’il est loin d’être radicalement différent de ce qu’ils ont pu proposer avant, synthétise les deux périodes du groupe. Constat flagrant dès "Slomo", sorte d’intro reprenant toutes les caractéristiques de Pygmalion via des guitares vaporeuses et lointaines, sans réelle structure, offrant juste à l’écoute une progression de guitares et autre sons hétéroclites, entrecoupée de « tempêtes » psychédéliques, surplombées par les voix de Neil et Rachel, totalement incompréhensibles et noyées dans la reverb. D’office, l’on perçoit que la sortie en 2017 a permis à Slowdive de s’offrir un son digne de ses ambitions : tout simplement immense.
Il permet à "Star Roving" de mettre immédiatement l’auditeur en orbite, via un clin d’œil bien placé à "Souvlaki Space Station", avant de le laisser flotter dans les échos éclatants. Il en va de même pour "No Longer Making Time", et ses sublimes montées en puissance. Les Anglais n’ont toutefois pas oublié que leur succès initial tenait d’abord à leur talent de mélodistes. Ils ont à ce titre réussi avec Slowdive un petit tour de force en réussissant à rallier les expérimentations de Pygmalion, rendues captivantes via leur concaténation à la pop hallucinée de Souvlaki sous forme de véritables morceaux. Une observation amplement vérifiable sur "Don’t Know Why" où l’aspect épuré du couplet contraste avec les orgies hallucinogènes du refrain. Il en va de même pour "Sugar for the Pill", qui ne manque pas d’évoquer "Rutti" dans certaines sonorités. Partagé entre l’acoustique et le saturant, mais toujours caressant, le nouveau son transcende ainsi les compositions. Tout aurait pu être parfait si "Go Get It" ne venait casser la série de titres imparables par un couplet un peu trop épuré, et en étant moins évident que le reste.
Très loin d’être honteux (surtout en comparaison d’un certain mbv), Slowdive s’en tire avec les honneurs, en rappelant à tout le monde pourquoi ses compositeurs avaient pris une place aussi prépondérante dans la scène de l’époque. Ayant su tirer parti de leur expérience, les natifs de Reading ont su amalgamer les deux aspects de leur musique pour donner le meilleur résultat possible. Le succès, assez récent, devrait donc perdurer tranquillement.