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CHRONIQUE PAR ...

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Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 18/20

LINE UP

-G.
(chant)

-A.K..
(chant+guitares+claviers+programmation)

-N.
(batterie)

TRACKLIST

1) Disruption
2) Enslaved by Existence
3)
Organless Body
4) Hurlements en faveur de FKM
5) Negentropy (Fertility Sovereign)
6) Je pense donc je fuis

DISCOGRAPHIE

Inhibition (2012)
Rebellion (2015)
Escape (2018)
Johannes (2021)

Decline of the I - Escape
(2018) - post rock black metal - Label : Agonia Records



Le gris est une belle couleur, dans le fond. La lumière est censée jaillir des ténèbres, mais si ça se trouve, elle jaillit du gris. Elle est en tout cas contenue en grande quantité sous un gros et gris paquet de désespoir, je veux parler du troisième album de Decline of the I,  groupe qui repousse sans cesse ses limites et nous livre un bijou. Voilà, c’est dit.
 
Joindre le fond et la forme. Plus qu’avec Kings of Metal. Un album que j’adore, soit dit en passant. Au moins musicalement parlant. Point de vue parole, moins. « Manowar, Manower living on the road, when we’re in town, speakers explode. » Pourquoi pas, hein, on va pas faire son élitiste. Mais purée, quand un groupe associe musique et réflexion, eh bien ça fait plaisir. Le groupe francilien s’attaque au plus insaisissable des concepts, le temps. Le vieux sablier de Saturne. Et ne rigolez pas avec cette définition symbolique, c’est la seule qui ne se mord pas la queue. Si vous ne me croyez pas, faites en l’expérience et tâchez de définir le temps sans avoir recours aux mots « instants », « durée », etc. etc.  Mais revenons à nos moutons. Sur Escape comme sur les albums précédents, Decline of the I saupoudre son œuvre de citations et réflexions, mais elles n’ont jamais été aussi profondes et/ou magnifiques – la citation de Debord sur "Je pense donc je fuis" n’est pas la moindre.  Cet habillage littéraire n’est, certes, qu’un habillage, et ne servirait à rien si la base, musicale, était, elle, pourrie. Mais il se trouve que l’évolution du groupe porte Escape vers les sommets musicaux d’un style difficile à définir. « Post-black metal » me dit Metal-Archives. Pourquoi pas.
Cette sublime alliance de black-metal cru, de post-rock, de beats électro-indus et de mélodies « accessibles » plus présentes que par le passé ne demande qu’à être complétée par la touche « culturelle », l’une des grandes spécificités de la scène française. Ceux qui imaginent une œuvre verbeuse et prétentieuse n’auront qu’à écouter la piste de leur choix pour ressentir l’effrayante sincérité et tout le malaise suintant de cet album, parfait complément au « Cri » de Munch, la couleur en moins. Decline of the I étouffe dans sa prison temporelle et, à les écouter se plaindre, l’air nous manque. Si l’objectif commun aux six pistes est un douloureux exutoire, les formes de l’expression du mal-être varient d’un morceau à l’autre. "Disruption", pendant du "Hexenface" de Rebellion, l’album précédent, nous propose du heavy rock sale à la Marilyn. Le symphonique "Enslaved By Existence", l’équivalent de "Deus Sive Musica" sur Rebellion nous noue la gorge avec une classe infinie. Les deux titres suivants possèdent un aspect plus brut, voire carrément sauvage, tandis que le piano agressif de "Negentropy" annonce déjà  "Je pense donc je fuis". Ce pied de nez à Descartes, façon Cioran, unit avec bonheur citations, compositions du cru (« La vie a baissé d’un cran », « J’ai la révolte molle coincée dans la gorge, comme un os de poulet », « J’ai le front collé à la vitre du néant » … chapeau.) et une musique faite de retenues et de grincements explosifs. Il clôt magistralement l’un des meilleurs albums de l’année. Ni plus ni moins.

 
Contrairement aux idées reçues, le temps ne passe pas. C'est nous qui passons, qui voyageons au cœur de l’hiver et de la nuit, comme dirait Debord. Le temps, lui, ne bouge pas. Face à cet adversaire, nous cherchons, chacun à notre manière, à laisser une petite trace. Pour éphémère qu’elle soit et pour désespérée qu’elle paraisse, celle laissée par Escape possède une brillance particulièrement belle et terrible à la fois. Bravo.


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