CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Marco van der Velde
(chant+guitare)
-Sander Wessels
(guitare)
-Eduard Dresscher
(claviers)
-Andy Haandrikman
(basse)
-Alwin Schnoing
(batterie)
TRACKLIST
1) Hollow World
2) 18. Carat Dust
3) Running on Empty
4) Day of Joy
5) Northern Lights
6) "Prelude"
7) Smells Like Teen Spirit (Nirvana cover)
8) We Are Darker
9) Atlantic
DISCOGRAPHIE
Ah, les peintres hollandais… Vermeer, Rembrandt, Hans et René Rutten. Quelles compositions fluides, vivantes, harmonieuses ! Attardons-nous quelques instants sur l’École Gatheringuienne. Créée au XXème par les illustres frères cités plus haut, elle apporte à la peinture des œuvres fondamentales comme Always, Mandylion, Nighttime Birds ou How to Measure A Planet, où la palette de couleurs pinkfloydiennes se fond harmonieusement dans l’agressivité métallique, une pointe de nostalgie en plus. Si l'entrée dans le XXIème siècle voit les fondateurs décliner, la relève est alors assurée avec une autre formation batave : The Wounded. Aujourd’hui, nous allons parler de leur troisième travail. Atlantic ou Huile doom sur fond gothique et flamant rose.
The Wounded, c’est le neveu gothique de The Gathering. Un peu plus lourd - pas pataud hein, plus pesant, c’est tout. Un peu plus triste aussi. En tout cas, sujet à des crises de mélancolies plus constantes et prononcées. Pour le reste, on retrouve cette belle interprétation hollandaise des œuvres composées en leur temps par les Maîtres absolus Pink Floyd. Un peu comme si The Foreshadowing avait délaissé Depeche Mode pour les créateurs de Wish You Were Here. En 2004, ils sortent ce que je considère comme leur meilleure œuvre : Atlantic. Au programme, pas de blast beats, pas de chant coreux. Le chant, parlons-en, tiens. Il s’agit peut-être - tout comme chez The Foreshadowing, tiens, tiens… - de l’atout majeur du groupe. Aussi fin que le type est massif, l’organe de Marco - même prénom que le chanteur de The Foreshadowing… amis soraliens, si y a pas un complot là… - est un délice de justesse et de sensibilité. A tel point que le gars se permet le luxe de moments a capela ébouriffants pendant les shows du groupe. Sobre, précis, magique. L’anti Therion.
Marco est néanmoins servi par des compositions du même acabit : simples, précises et bien souvent magiques. Même quand le titre commence par un riff simplissime – "We Are Darker"- la marée émotionnelle monte dès que les nappes de claviers pointent le bout de leur nez. Une fois la section rythmique enclenchée, il ne reste plus qu’à laisser le mage Marco nous hérisser le poil, et jouir. Sur Atlantic, ça marche presque à tous les coups. Le « presque », c’est pour le dernier titre, l’éponyme, un poil longuet. Les autres morceaux possèdent tous leur magie propre. "18 Carat Dust" nous montre ce qu’aurait été Almost A Dance avec un chant exquis, à savoir un monument. "Running on empty" est, lui, le parfait exemple de la marque The Wounded : riffs pesants accompagnant des lignes de chants immaculées, moins évidentes à reproduire que ce l’on pourrait penser de prime abord. "Northern Lights" et "Hollow World" militent musicalement dans les rangs de Pink Floyd, un grain hypno-mélancolique en plus. Notons également que le version CD de l’album contient une magnifique cover de "Smell Like Teen Spirits" de Manowar. Bref, un sacré tableau.
Atlantic est peut-être trop estampillé The Gathering version doom pour être considéré comme un chef-d’œuvre. Qualifions-le simplement de… de… chef-d’œuvre ? Allez quoi, allons-y ! Pas un chef-d’œuvre d’innovation, mais au moins un chef-d’œuvre de justesse, de simplicité, de poésie et de beauté. C’est déjà pas mal, non ? Rien que pour Marco, amis doomsters, tentez l’aventure.
Merci à Lucinda de Metallian pour certains éclaircissements.