Ce n’est pas tous les jours que je chronique un groupe hongrois. Pour tout dire, ce n’est que la deuxième fois. Needless, formé depuis 2004 mais dont le premier EP ne date que de 2015, nous propose enfin un album pour montrer de quel bois ils sont faits, sobrement nommé Heresy. Au programme ? Un melting pot de metal extrême bourré de mélodies et de violence. Que demander de plus ?
Si les métalleux ont souvent tendance à décrire leur musique de façon pompeuse, voire ridicule (tous leurs albums sont évidemment les plus heavy de leur discographie), les Magyars ont ici parfaitement conscience de ce qu'ils produisent. Voilà comment ils la décrivent : « Notre musique est essentiellement composée d’éléments traditionnels de thrash mélodique et de death metal, avec le côté atmosphérique du black metal et des éléments progressifs. Le tout dans un mélange féroce d'agressivité et de férocité ». Voilà. Tout est dit. Needless fait partie de cette vague de groupes death/thrash mélodique qui sévit actuellement. Résolument modernes, ils sont surtout très agressifs dans leur approche. Sur cet Heresy, le groupe semble en perpétuelle fuite. On imagine parfaitement Aragorn, Gimli et Legolas poursuivre les Uruk-hai dans Le Seigneur des Anneaux. L’impression d’urgence est partout sur l’album. On ne se repose jamais vraiment. Cela est dû à la formidable section rythmique du groupe qui tabasse d’un début à la fin, accompagnant les riffs avec brio. Il y a un sacré talent derrière et cela donne une belle patte à l’album. Et pas de honte à avoir : oui, certains passages sont purement orgasmiques tant les guitares virevoltent et la double pédale s'affole.
Si la partie rythmique tient l’ensemble, ce sont bien les guitares et le chant qui restent mis en avant. Derrière les riffs rythmiques plus classiques, la section de Dánszentmiklós - ceci est un copié-collé - nous balance des leads techniques et mélodiques à la pelle. On en prend plein la gueule, un vrai bonheur ! La musique de Needless est une sorte de joyeux bordel maîtrisé. Tout semble prêt à s’écrouler, mais tout tient d’un bout à l’autre. Les morceaux, très accrocheurs, sont pourtant systématiquement complexes. L’aspect progressif est omniprésent. Difficile parfois de savoir où est le refrain tant la musique se développe avec naturel. La notion de progression est évidente. Needless semble réussir là où
Sylosis échoue : faire une musique complexe, extrême, progressive, tout en gardant de vraies chansons. On n’a jamais l’impression d’y voir des plans agencés les uns derrière les autres. Tout coule de source malgré les nombreux changements de rythme. Et surtout, Needless possède un chanteur de grand talent. Il possède un growl remarquable, au timbre de toute beauté. Les nuances de ses hurlements forcent le respect. Parfaitement en adéquation avec les autres musiciens, il donne le plus nécessaire à faire de ce
Heresy un petite perle.
Bourré de talent à tous les étages, de symbioses entre ses musiciens, de morceaux de bravoure, Heresy ne serait-il pas simplement un chef d’œuvre ? Quarante minutes survitaminées, quel coup de maître pour un premier album ! Ne reste plus qu’à espérer que les compatriotes d'Attila Csihar ne restent pas dans l’ombre, car leur musique est d’une qualité qu’on ne rencontre pas souvent. Allez ! Va m'écouter ça tout de suite !