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CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2022
Sa note : 19/20

LINE UP

-Evan Anderson Berry
(chant+guitare)

-Wayne Ingram
(guitare+programmation)

-Joe Gettler
(guitare)

-Daniel Müller
(claviers+dulcimer+basse)

-Jonathan Teachey
(batterie)

A participé à l’enregistrement :

-Katie Müller
(chant)

TRACKLIST

1) Exhaler
2) Woolgatherer
3) Passenger
4) Identifier
5) Ambition
6) Distraction I
7) Distraction II
8) Distraction III
9) Distraction Nulla
10) Everything in Its Right Place (Radiohead cover)

DISCOGRAPHIE

Epigone (2022)

Wilderun - Epigone
(2022) - metal prog - Label : Century Media



(For English version, scroll down)

Parmi les musiques qui emportent l'enthousiasme, il est commun de distinguer celles qui parlent au corps de celles qui exacerbent l'âme. La classification est artificielle peut-être, et la frontière souvent poreuse mais il est vrai que si certaines créations sonores, l'espace de quelques instants, semblent constituer un nouveau fluide régénérant capable d'offrir la vie éternelle, elles ne pénètrent pas pour autant les sphères indicibles de l'intime. Et puis il arrive que ces dernières soient percutées de plein fouet par des œuvres qui se jouent des repères et renversent les certitudes. Epigone, quatrième album de Wilderun, relève de cette caste.

Une mélodie douce comme le murmure d'un ruisseau allégé des flots de l'hiver. Le grondement sans sommation d'un orage impérieux ; les déchaînements soudains, des accalmies temporaires : la passionnante épopée nommée "Woolgatherer" est la formidable émanation d'un collectif ayant découvert la formule qui suspend le temps. Imposant une tension aussi excitante qu'insoutenable, il décuple le plaisir de se délecter du moment présent et attise l’impatience de goûter les saveurs à venir. Au bout du périple, une merveilleuse acmé de chœurs triomphants, l'un des plus beaux moments musicaux entendus ces dernières années. Un court épilogue évoquant une hypnopompe contrariée indique que cette manifestation éclatante a été bâtie dans un environnement où flottent des angoisses susceptibles de s'infiltrer à la moindre faille, telles "Ambition", ondes d'effets spéciaux évoquant le sommeil d' une gigantesque bête aquatique dont on entendrait les rêves déstructurés et plus encore "Distraction Nulla", déferlement terminal de tous les instruments dans un capharnaüm faisant songer à un monde qui s'écroule, un cauchemar qui n'en finit plus de se déverser avant l'alarme d'une ultime note stridente, prélude à l'extinction terrifiante. La mièvrerie n'est pas de mise sur Epigone, dont le nom suggérerait au mieux la déférence du disciple, au pire le suivisme d'un pâle imitateur. Quel contraste avec la puissance et la personnalité affichées par ses auteurs ! Ces derniers, en apparence, n'ont rien changé par rapport à Veil of Imagination, le LP précédent : mêmes accords, mêmes growls d'homme-arbre ponctuant les déclamations légèrement surjouées en chant clair au service d'amples compositions aux climats changeants.
Mais ce qui naguère était théâtral se révèle désormais d'une justesse émouvante, les maladresses deviennent singularités, les tissus aux coutures voyantes se sont transformées en parures étincelantes et harmonieuses. L'intervention du couple Tony Lindgren au mastering et Jens Bogren au mixage, déjà responsable de la riche texture de Unsung Prophets & Dead Messiahs d’Orphaned Land, n'est sans doute pas anodine tant est ensorcelante la fluidité de la réalisation, malgré les enchaînements et les ruptures. Une tonalité folk un peu plus prononcée, en réminiscence des premières amours de la formation nord-américaine, contribue également à faire pencher la balance vers l'humanité plutôt que la technique, même si celle-ci reste incontournable - la plupart des musiciens de Wilderun ont étudié au prestigieux Berklee College of Music. Judicieusement placé en ouverture, "Exhaler" en fournit la preuve la plus tangible : une guitare acoustique accompagne une ligne de chant somptueuse, la première d'une longue série, comme puisée au cœur de passions enfouies qui seraient remontés à la surface du réel. À la faveur de subtils arrangements, une rumeur sourde épaissit lentement, à la manière de nuages se gonflant au seuil d'un horizon de plus en plus chargé. La saturation finale le confirme, la tempête est arrivée, prête à se déchaîner. Outre le fantastique "Woolgatherer", "Passenger" et "Identifier", autres voyages au long cours, essuieront effectivement des bourrasques magistrales composées de blasts, de growls et de chœurs verdiens, programmés, certes, mais d'une force redoutable. Les scansions un brin pataudes de "Passenger" font craindre un essoufflement avant que les samples d'un orchestre symphonique frénétique concluent le morceau d'une note classieuse du plus bel effet.
L'exercice de style n'est pas loin mais les Bostoniens ne commettront pas de faux pas, parvenant sur "Identifier" à accomplir un amalgame impossible entre tornade épique, séquences aux étranges sonorités marines et mélopée enfiévrée, laissant filtrer un chant féminin elfique dont les inflexions réconfortantes irisent l'enregistrement à la façon d'un peintre troublant une vasque d'eau en y versant ses couleurs, sujet de la superbe photo illustrant la pochette. "Distraction", pièce en quatre actes d'une maîtrise époustouflante et dont certains passages surréels mobilisent les sens à ce point que le temps et l'espace donnent la sensation d'avoir été abolis, fait office d'épilogue. D'une intensité folle, sa troisième partie est magnifiée par une orchestration envoûtante qui l'érige en apothéose. Le thème, bouleversant, est digne des plus grandes bandes originales de film, même s'il est peu probable que Shore, Williams et feu Michael Kamen auraient osé le solo de guitare vigoureux (en fait si, Kamen l'avait fait pour Last Action Hero). En bonus, une version metal orchestrale d'un titre electro cotonneux de Radiohead, "Everything in Its Right Place", vivifiante et comme d'habitude excellemment chantée par Evan Anderson Berry, la tête pensante du groupe, confirme les aptitudes hors normes de ce dernier à changer tout ce qu'il approche en or sur cette incroyable production.


Peut-on parler de chef d'œuvre ? Epigone recèle tant de beautés que l'expression ici n'est pas galvaudée. En transcendant le genre metal progressif grâce à une inspiration prodigieuse, sublimée par des orchestrations à tomber, les membres de Wilderun ont brûlé les étapes sur la route qui mène au sommet de leur art. Imposant sans être écrasant, ambitieux mais jamais prétentieux, à la fois cohérent, varié et palpitant, Epigone parle au cœur, avive les sens et chavire l'âme. Il fait partie de ces recueils qui font couler les larmes le sourire aux lèvres. Ils ne sont pas si nombreux.

Un commentaire ? Un avis ? C'est ici.



Among the types of music that generate enthusiasm, it is common to distinguish between those which speak to the body and those which exacerbate the soul. The classification may seem artificial, the border is often porous. But if certain sound creations can truly constitute a new regenerating fluid capable of offering eternal life for a few moments, they do not for all that penetrate the unspeakable spheres of the intimate. And then, it happens that these last ones are struck full whip by works which play with the reference marks and overturn the certainties. Epigone, Wilderun's fourth album, belongs to this category.

A soft melody like the murmur of a stream lightened by the winter waves. The rumble without warning of an imperious storm; sudden outbursts, temporary lulls: the exciting epic called "Woolgatherer" is the formidable emanation of a collective having discovered a formula suspending time. Imposing a tension as exciting as unbearable, it increases tenfold the pleasure of reveling in the present moment and stirs up the impatience to taste the flavors to come. At the end of the journey, a wonderful climax of triumphant choirs, one of the most beautiful musical moments heard in recent years. A short epilogue evoking a thwarted hypnopompia indicates that this brilliant manifestation was built in an environment where anguish floats around, likely to infiltrate at the slightest fault, such as "Ambition", waves of special effects evoking the sleep of a gigantic aquatic beast whose unstructured dreams one would hear, and even more so "Distraction Nulla", a final surge of all the instruments in a mess that makes one think of a collapsing world, a nightmare that never ends before the alarm of a final strident note, prelude to the terrifying extinction. There is no room for mawkishness on Epigone, whose name would suggest at best the deference of a disciple, at worst the following of a pale imitator. What a contrast with the power and personality displayed by its authors! The latter, in appearance, have not changed anything compared to Veil of Imagination, the previous LP: same chords, same Ent growls punctuating the slightly overplayed declamations in clear vocals in the service of ample compositions with changing climates.
But what used to be theatrical now reveals itself with a moving accuracy, the awkwardness become singularities, the fabrics with showy seams are transformed into sparkling and harmonious finery. The intervention of the couple Tony Lindgren at the mastering and Jens Bogren at the mixing, already responsible for the rich texture of Orphaned Land's Unsung Prophets & Dead Messiahs, is undoubtedly not insignificant so much the fluidity of the realization is bewitching, in spite of the sequences and the ruptures. A slightly more pronounced folk tone, reminiscent of the first loves of the North American band, also contributes to tilt the balance towards humanity rather than technique, even if the latter remains inescapable - most of Wilderun's musicians studied at the prestigious Berklee College of Music. The most tangible proof of this is the opening track, "Exhaler", where an acoustic guitar accompanies a sumptuous vocal line, the first of many, as if drawn from the heart of buried passions that would have come to the surface of reality. Thanks to subtle arrangements, a muffled rumor slowly thickens, like clouds swelling at the threshold of a more and more loaded horizon. The final saturation confirms it, the storm has arrived, ready to be unleashed. In addition to the fantastic "Woolgatherer", "Passenger" and "Identifier", other long journeys, will indeed be subjected to masterly gusts of blasts, growls and Verdian choirs, programmed, of course, but of a formidable force. The slightly clumsy scansion of "Passenger" make us fear breathlessness before the samples of a frenetic symphonic orchestra conclude the piece with a classy note of the most beautiful effect.
The exercise of style is not far but the Bostonians will not make any mistake, managing on "Identifier" to accomplish an impossible amalgam between epic tornado, sequences with strange marine sounds and feverish melody, letting filter an elven female song whose comforting inflections irradiate the recording in the manner of a painter disturbing a basin of water by pouring his colors into it, subject of the superb photograph illustrating the cover. "Distraction", a four acts piece of breathtaking mastery, some of whose surreal passages mobilize the senses to the point that time and space give the sensation of having been abolished, serves as an epilogue.The third part of the film is of insane intensity and is magnified by a marvelous orchestration that sets it up as a climax. The overwhelming theme is worthy of the greatest movie soundtracks, even if it is unlikely that Shore, Williams and the late Michael Kamen would have dared the vigorous guitar solo (actually, Kamen did it for Last Action Hero's soundtrack). As a bonus, an orchestral metal version of Radiohead's fluffy electro track, "Everything in Its Right Place", invigorating and as usual excellently sung by the band's mastermind Evan Anderson Berry, confirms the latter's uncommon ability to turn everything this guys approach into gold on this incredible production.


Can we talk about a masterpiece? Epigone conceals so many beauties that the expression here is not overused. By transcending the progressive metal genre thanks to a prodigious inspiration, sublimated by amazing orchestrations, the members of Wilderun have burned the steps on the road to the top of their art. Imposing without being overwhelming, ambitious but never pretentious, at the same time coherent, varied and thrilling, Epigone speaks to the heart, inflames the senses and capsizes the soul. It is one of those albums that bring tears to the eyes with a smile to the lips. There are few.


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