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CHRONIQUE PAR ...

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Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 06 janvier 2023
Sa note : 13/20

LINE UP

-Mirai Kawashima
(chant+guitare+claviers+flûte+clarinette+shamisen
+taishōgoto+shruti-box)

-Mika "Dr. Mikannibal" Kawashima
(chant+saxophone)

-Satoshi Fujinami
(basse sur ”冬が来る (Fuyu ga Kuru)")

Ont participé à l’enregistrement :

-Frédéric Alexandre Leclercq
(guitare+basse)

-Mike Heller
(batterie+percussions)

TRACKLIST

1) 黒い祈り (Kuroi Inori)
2) 黒い影 (Kuroi Kage)
3) 生者必滅 (Shoujahitsumetsu)
4) 屍 (Shikabane)
5) 殺意~夏至のあと (Satsui - Geshi no Ato)
6) 冬が来る (Fuyu ga Kuru)
7) 生苦 (Shouku)
8) 黒い鏡 (Kuroi Kagami)
9) 真夜中の怪異 (Mayonaka no Kaii)
10) 冬至の朝 (Touji no Asa)

DISCOGRAPHIE

Scorn Defeat (1993)
Imaginary Sonicscape (2001)
Shiki (2022)

Sigh - Shiki



Entité singulière du metal ayant exploré plusieurs territoires, tour à tour sombres, multicolores, arides, généreux, Sigh poursuit son cheminement sous la férule de son unique membre permanent Mirai Kawashima. Les albums de la deuxième moitié des années 2010 ayant laissé entendre une fusion de ses multiples influences, il est intéressant d’entendre ce que le Nippon vénérable propose désormais alors qu’il est entouré probablement des meilleurs instrumentistes qu’il ait jamais eus à disposition.

Musiciens mais pas que, puisque Frédéric Leclercq, qui a intégré l’écurie Kreator depuis 2019, est co-crédité à l’écriture de la quasi totalité des morceaux de Shiki, le douzième LP sorti en cette année 2022. On peut présumer de l’influence du bassiste-guitariste sur "Shouku" et "Shoujahitsumetsu", les deux titres les plus rapides qui font songer à… Kreator, en tout cas la version récente des pionniers du thrash metal germanique aujourd'hui sous influence melodeath. Seules les interventions aux claviers rappellent l’identité de la formation japonaise, qui selon la formule consacrée gagne en efficacité ce qu’elle perd en originalité – même le chant à l’arrache de Mirai se rapproche des vociférations de Mille Petrozza, à la faveur d’une production charnue.
Cependant, ces occurrences apportent une densité bienvenue après "Kuroi Kage" et "Fuyu ga Kuru", deux compositions plus proches de l’esprit Sigh par leur aspect multi-facettes – ruptures rythmiques, chœurs féminins, solo de flûte et de saxophone – mais qui manquent de nerf, notamment la première nommée qui constitue une entrée en matière un peu lassante. Heureusement, Mirai derrière le micro se montre toujours aussi possédé, insufflant de sa voix rudement éraillée une tension déterminante sur un "Shikabane" partagé en riff heavy, accélérations et séances de synthés légèrement horrifiques. L’habile batteur Mike Heller se fait plaisir derrière son kit comme sur la majorité des pistes, multipliant les roulements et distribuant même quelques blast beats de temps à autre. Les deux instrumentaux (trois si l’on compte la vocalise façon chant diphonique en ouverture) se révèlent plutôt anecdotiques, contrairement à "Mayonaka no Kaii" sur lequel Mirai déploie son savoir-faire, à la faveur d’un thème intrigant et de passages de claviers rétro rehaussés de flûtes, avant que n’interviennent les solos, globalement très bons sur Shiki, que ce soit aux synthés ou à la guitare.
Toutefois, un léger déficit d’inspiration maintient l’emballement dans un périmètre frustrant, de même que sur "Satsui - Geshi no Ato" qui commence pourtant de fort belle manière avec ses accents moyen-orientalisants, son refrain tout en émotion, ses couplets ardents et son solo bref mais juste – de quoi rappeler les beaux moments d'Imaginary Sonicscape, l’exubérante réalisation parue en 2001. Il est dommage que la seconde partie atmosphérique, porteuse d’un climat légèrement inquiétant mais de faible intensité, prenne une place démesurée avant de s’éteindre dans une succession d’effets sonores agaçants.


Très bien interprété, un peu trop bien produit, Shiki relève de la catégorie des enregistrements corrects, avec son lot de séquences plaisantes mais rarement transcendantes. Faute d’idées suffisamment développées pour maintenir une qualité constante, le millésime 2022 de Sigh peine à déclencher un enthousiasme autre que celui qui accompagne l’écoute des recueils rassurants quant à la faculté d’un vétéran du metal à proposer du matériel fiable. Même sous influence extérieure, celui-ci a su préserver néanmoins son aptitude à construire un univers inimitable :  en ces temps d'uniformisation accrue, cette performance est à saluer.





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