Je me suis fait offrir le CD de Decapitated à Noël par ma belle-famille. Petit moment gênant quand ma belle-mère me demande ce que c’est. Après que le nom du groupe ait mis un petit froid, celui de l’album n’arrange pas les choses. Quant à la pochette, glauque à souhait, elle était à deux doigts de me priver de dessert… Qu’importe, j’écouterai seul la dernière offrande (la huitième) de ce groupe de l’Est qui a su ravir pendant des années les amateurs de death technique.
Cancer Culture nous propose un death metal moderne, assez éloigné des racines techniques des Polonais. Ici, les riffs fonctionnent à la façon de tronçonneuses bien aiguisées portées par une batterie boostée à la double pédale. Bref, ça défouraille sans trop quitter les cordes graves. C’est autoritaire et les amateurs apprécieront ce death façon machine-outil, acéré et tranchant. Voilà pour la fondation de cet album, des bases bien appliquées sur l’ensemble de la galette, assurant agressivité et énergie d’un bout à l’autre. Le groupe sait cependant apporter un peu de variété, que ce soit par du chant clair, des arpèges, des breaks plus calmes ou des solos mélodiques. Cette diversité est notamment mise en avant par les deux featurings qui enrichissent ce
Cancer Culture. Si Robb Flynn fait le boulot plutôt sobrement, Tatiana Shmayluk dénote davantage. Le côté décalé de ce chant clair, qui plus est féminin, dérange plus qu’autre chose. Au fond, ces deux apparitions font plus de mal que de bien. Le fait qu'elles soient l'une à la suite de l'autre casse l'homogénéité de l'ensemble. Dommage.
Mais que serait cet album sans "Just a Cigarette", l’un des meilleurs morceaux de l’année ? Variée, presque melodeath, la chanson mélange tout ce que le groupe a de meilleur. Du couplet en arpège, au refrain catchy en diable porté par un riff mélodique… C'est un pur tube qui fait monter d’un cran l’enthousiasme pour le skeud. Car si la musique de Decapitated tabasse, elle a aussi son côté épuisant. Tout est parfaitement exécuté, mais ces riffs modernes sont parfois un peu désincarnés. Ainsi, seule "Hours As Battlegrounds" joue sur un autre registre, plus lent, axé sur l’ambiance. Et pourtant, la double pédale y est omniprésente, peu adaptée au morceau. C'est un peu comme passer une journée chez soi avec le voisin qui perce les murs pendant des heures. Cela donne un côté mécanique et froid, très moderne certes, mais qui épuisera les amateurs d’un death metal lorgnant davantage sur le côté chair que celui de l’acier.
Cancer Culture est un album sympathique. Pas révolutionnaire, un peu fatigant parfois, on ne peut lui reprocher en revanche de manquer d’efficacité. La violence et l’énergie sont toujours là et les quelques moments forts de l’album valent l’écoute. Une belle sortie dans le genre.