1922

CHRONIQUE PAR ...

24
Crafty
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17.5/20

LINE UP

-Iggy Pop
(chant)

-Ron Asheton
(guitare)

-Steve McKay
(saxophone)

-Dave Alexander
(basse)

-Scott Asheton
(batterie)

TRACKLIST

1)Down on the Street
2)Loose
3)T.V. Eye
4)Dirt
5)1970
6)Fun House
7)L.A. Blues

DISCOGRAPHIE

The Stooges (1969)
Fun House (1970)
Raw Power (1973)

Stooges, (the) - Fun House
(1970) - rock punk hard rock nihiliste - Label : Elektra




David a 23 ans. Il est jeune, mais pas inexpérimenté pour autant, britannique, curieux, et plus que tout : musicien. Il est fan de Dylan, de jazz, de 2001 : Odyssée de l’espace, de Warhol et de bien d’autres choses. Pour lui, les années soixante ont été un petit coin de paradis : le pop art, Neil Armstrong, Highway 61 Revisited, les mods… Mais tout ça, ça ne lui parle plus autant qu’avant, comme à la plupart des gens en 1971…


David est ambitieux, il n’a pas hésité à se séparer de ses anciens amis car ils étaient trop « vieux jeu »… Maintenant il a de bons musiciens autour de lui, et il vit de sa musique. Les États-Unis lui ont fait faux bon pour son dernier album, il en a été assez déçu, mais s’est résigné, ce n’est que partie remise. Aller aux États-Unis a de quoi être excitant quand on a été élevé avec le rêve américain. David a entendu dire qu’il y avait une ville où on jouait fort, du rock puissant, plus fort que les Who en leur temps. En plus de ça, cette ville est un foyer actif de la soul. Alors que David était grand fan de Pete Townshend et de musique noire, c’en est trop, il veut savoir de quoi il en retourne.

Detroit, son industrie automobile, sa forte population afro-américaine, ses Grands Lacs… Assez dépaysant du New York que David avait eu l’occasion de visiter. Ça sera assez rapidement visité, de toute façon David est là pour la musique, pas pour monter une Mustang coupé (d’ailleurs il trouve ça affreusement laid). Ça tombe bien, un groupe local qui rencontre un certain succès passe le jour-même. Les Comparses qu’ils s’appellent. Ce groupe n’a sorti qu’un album, que David n’a pas écouté, mais dont il a entendu du bien à New York, là où lesdits Comparses avaient enregistré ce même premier album. La fosse trépigne, la scène n’est pas très sophistiquée, ça sent la sueur et quelques substances pas forcément licites. « Ça » démarre…

Déjà le chanteur a l’air de planer bien haut. Sous son air vulgaire, il ne tarde pas à exhiber son torse pendant que le guitariste envoie la sauce assisté par un batteur (qui ressemble beaucoup au guitariste) déjà à fond. L’ambiance est moite, très "Down on the Street"… Un vrai bloc d’acier tout droit sorti de chez GM qui sort des enceintes, et cette espèce de chose qui se dandine et vibre au bruit que déverse la batterie et qui lâche un « I took a record of pretty music… » alors que David s’imaginait déjà attendre le morceau suivant pendant cinq minutes… Et non, même que le guitariste se lance à corps perdu dans un solo monstrueux alors que Iggy, comme semble l’appeler la foule, a déjà cassé une bouteille sur scène et semble s’en prendre à lui-même comme un schizophrène. La schizophrénie, il connaît David, il ne l’aime pas, il a passé assez de temps avec son demi-frère. Sauf qu’ici, elle semble être surnaturelle, théâtrale, plus tapageuse que réelle.

Déjà l’intro du troisième titre commence, même pas fatigués les Comparses, on dirait qu’ils ont fait ça toute leur vie. Ron (puisque c’est ainsi que le nomment les spectateurs dès qu’il entame un solo) non plus ne fait pas dans la dentelle, des parties de grattes pareilles, ça ne s’invente pas si facilement, ça cisaille dans tous les sens, sans faire gaffe à qui passe à côté… Et quand il y en a plus, il y en a encore… « She got a TV eye on me, oh… ». David n’en démord pas, il est en train d’assister au concert le plus étonnant de son existence. Non content d’être un être possédé sur scène, Iggy se fait crooner à ses heures, bluesman, et Ron fait de même tout en laissant la vedette au bassiste dans une ambiance crade et malsaine, "Dirt". La complémentarité guitare-voix laisse David pantois, comme s'il y avait plusieurs chanteurs, criant, geignant, crachant du feu dans une aciérie.

La fosse s’agite encore plus, un saxophoniste vient d’entrer sur scène en plein milieu du morceau. David a toujours été fasciné par les saxophones, d’ailleurs il en joue quand ça lui chante. Il est fan de Out to Lunch d’Eric Dolphy, "Straight Up And Down" lui colle toujours des frissons, c’est comme ça qu’il se sent bien avec le jazz. Ici par contre, c’est plutôt Sun Ra qui est à l’honneur pour accompagner les gesticulations d’Iggy et la guitare brulante de Ron. On ne se croirait pas à un concert de rock en "1970". Pourtant c’est bien du rock que déversent les amplis dans la salle, à coup de rythmique tribale, de soli monstrueux boursouflés de wah-wah, d’un chanteur qui se prend pour James Brown en criant « I feel alright » alors qu’il est déjà recouvert d’un tas de substances douteuses. Si "Funhouse" signifie parcours d’attractions, nul doute que l’on est servi ce soir.

Pourtant c’est plutôt à un bordel que ça ressemble sur le final. Un jam terrible s’enclenche entre tous les musiciens – saxophoniste compris – pour finir dans une sorte de coulée de lave bruitiste psychédélique, noisy avant l’heure qu’Hendrix n’aurait pas reniée, et de free-jazz puissant et corrosif. Le tout s’effectuant dans une transe totale du public, et de David, bien entendu. Tout de même, ils auraient pu un peu raccourcir le propos. A plusieurs milliers de kilomètres de Los Angeles, on pouvait entendre, à haut volume, "L.A. Blues". Une conclusion puissante pour une prestation qui ne l’était pas moins, où on pouvait même apercevoir Iggy, dans un excès théâtral, monter sur la foule tout en scandant « I came to play ! ». Ce soir là, comme tous les soirs à cette époque, on ne pouvait pas lui donner tort.


En sortant de la salle ce soir là, David se disait qu’il devrait peut-être muscler sa musique, et qu’il aimerait rencontrer ce groupe. Malgré tout, cet excès le laissait perplexe. A peine un an plus tard, il apprendra que les Stooges et Iggy n’étaient plus. Mais quelque chose lui disait que l’histoire n’allait pas s’achever si vite, et qu’on entendrait encore parler d’eux. L’avenir lui donnera raison, et exaucera même ses vœux. Bien joué cher David Robert Jones.


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