Chronique : Thy Listless Heart Pilgrims on the Path of No Return (2022)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 28 juillet 2023

Sa note : 18/20

LINE UP

-Simon Bibby
(chant)

TRACKLIST

1) As the Light Fades
2) The Precipice
3) Yearning
4) When the Spirit Departs the Body
5) Confessions
6) Aefnian
7) The Search for Meaning

DISCOGRAPHIE

Pilgrims on the Path of No Return (2022)

Thy Listless Heart - Pilgrims on the Path of No Return

(2022) - death metal doom metal - Label : Hammerheart

La sublime fin de Damnum Per Saeculorum a laissé des traces dans mon psychisme. L’envolée lyrique aussi puissante qu’inattendue de Simon sur "Berceuse" me fait sursauter à chaque fois. Depuis, je suis sur mes gardes. Mais même ainsi, aux premières mesures de Pilgrims on the Path of No Return, j’ai failli me cogner la tête contre le plafond.

S’il pouvait rester quelques doutes quant à l’identité du créateur de Thy Listless Heart - si ça se trouve, des Simon Bibby dans le Derbyshire, c’est comme des François Martin en France -, ils sont définitivement levés à l’écoute d’ "Aefnian", avant-dernier titre du premier album solo de Simon. Ce titre très court, très beau, très gothique et pas metal, c’est du My Silent Wake tout craché ! Il s’inscrit néanmoins dans une œuvre qui n’est pas un album de My Silent Wake créé sous un autre nom. Chez Thy Listless Heart, on possède une approche plus classique du doom. Sans abandonner le doom-death à tendance graouh, un certain nombre d’éléments du projet du claviériste/ vocaliste de My Silent Wake et guitariste de Seventh Angel, tirent carrément sur le doom traditionnel. Une prépondérance du chant clair et limpide - oh ce chant... oh ce chant ! - tout à fait dans la ligne de ce que pouvaient proposer les frontmen de Trouble, Solitude Aeturnus et consorts, une abondance de passages acoustiques cristallins mais pas gais et un certain nombre de riffs font honneur aux fondateurs de ce genre délicat à pratiquer. Un aspect épique et grandiose - biblique, quoi - fait également partie de ce qui rapproche Pilgrims on the Path of No Return de formations vénérant le metal lourd et bien fait – au hasard : While Heaven Wept. Néanmoins, Thy Listless Heart est tout de même à ranger dans la catégorie doom-death. Pas du côté de Disembowelment, bien sûr, mais doom-death quand même.
Un doom-death élégant, où les growls cèdent très volontiers la place au chant clair, tout en clair-obscur, un doom-death qui vous caresse et vous mord. L’obscurité a d’ailleurs tendance à croître au fur et à mesure que les pèlerins s’aventurent sur le chemin de non retour. "When the Spirits Depart the Body" n’est peut-être pas mon titre préféré de l’album mais cet hymne, un poil trop « happy ending » à mon goût, joue bien son rôle d’équateur. Avant lui, le versant doom classique domine, après lui, c’est le côté obscur de la force qui devient plus présent. Vous vous poserez peut-être une question : pourquoi un titre qui fonctionnerait parfaitement comme fin d’album s’y trouve-t-il au milieu ? C’est simple : outre le fait qu’il marque la fin de la première partie de l’album, Simon a mieux, et plus ténébreux, pour clore son travail. Pas de fin gentillette, "The Search for Meaning" illustre parfaitement la quête fatalement vouée à l’échec donnant le nom au titre. Après une belle intro et un riff paresseux de doom classique, le morceau devient de plus en plus noir jusqu’à un dénouement inquiétant et magnifique, l’utilisation du chant féminin adoucissant quelque peu la dure fin. Ce superbe tableau final n’est pas la seule pièce de choix de l’album, loin s’en faut. La classieuse entrée en matière que constitue "As the Light Fades" lance l’œuvre sur de bons rails et "The Precipice" illustrerait parfaitement un passage de la Bible fort en colère divine, et l'on passe de titre en titre, admiratif devant tant de maîtrise et de clarté dans l'expression musicale.

L’aventure des « Pilgrims » est un excellent moment de metal, beau, fouillé sans être sophistiqué et sincère dans son propos. On sent que le créateur du projet y a mis une partie importante de son être. Il y a un petit côté École Flamande dans cet album, fait de magnifiques clairs-obscurs. Une œuvre de choix.