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CHRONIQUE PAR ...

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Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 14 décembre 2023
Sa note : 17/20

LINE UP

-Austin L. Lunn
(tout)

Ont participé à l'enregistrement :

-Jason Joshua " Echtra" Phillips
(chant sur 2)

-Victor Sanchez
(chant sur 3)

-Patrick Næss
(chant sur 4)

-Jan Van Berlekom
(chant sur 5)

-Johan Nilsson
(chant sur 6+piano sur 1)

-Patrick Urban
(chœurs+violoncelle)

-Andrea Morgan
(chœurs)

-Bekah Lunn
(chœurs)

-Andy Klokow
(chœurs)

-William Seay
(chœurs)

-Charlie Anderson
(violon)

-Nina Nilsson
(violon hardanger sur 1)

TRACKLIST

1) I erindringens høstlige dysterhet
2) Winter’s Ghost
3) Cedar Skeleton
4) An Autumn Storm
5) Enduring the Snow Drought
6) The Blue Against the White

DISCOGRAPHIE


Panopticon - The Rime of Memory
(2023) - post rock black metal folk - Label : Bindrune



L’hiver et sa mélancolie, sa force destructrice. La dernière saison de l'année (ou première selon votre point de vue, mais je pense qu’Austin Lunn la voit comme la dernière) suinte la mort, le vieillissement. Pour mieux renaître au printemps. Sauf qu’avec l’influence humaine, la destruction peut devenir éternelle. Et que la jeunesse et la vie ne sont plus que du temps de la mémoire.

Panopticon, un groupe à part dans la famille black metal. À part car Austin L. Lunn, compositeur, tête pensante et seul membre du groupe, a toujours utilisé des thèmes inhabituels pour ses paroles : les conditions de vie des travailleurs, le système d’adoption, l'écologie. Ses paroles sont quelques fois personnelles, portant sur sa famille par exemple. Il est plus orthodoxe dans son approche musicale, même s'il utilise beaucoup la musique folklorique des Appalaches, de ses racines. Après tout, dès la seconde vague de black metal en Norvège, plusieurs groupes ont intégré leurs racines folkloriques dans leur musique. Lunn fait de même avec son Kentucky natal. Au fur et à mesure des sorties, le post rock s’immisce dans les compositions. Et voici que fin novembre 2023 sort The Rime of Memory, parfait pour la saison.
La pochette, blanche, donne le ton : ce sera un album hivernal. Aucune trace de couleur, un paysage uniforme et désolé. Le disque commence, un fiddle joue un hymne long, sombre et funéraire. Et les soixante-quinze minutes de l’album seront dans la continuité. À l’image de son artwork, The Rime of Memory ne permet aucune couleur, aucun espoir de voir un oiseau ou de percevoir le soleil. Il est étouffant, noir, désert de toute émotion positive. "Winter’s Ghost" commence par une musique d’ambiance d’un enterrement folklorique dans les Appalaches, et se termine par des hurlements de douleur tandis que la guitare enchaîne riffs en tremolo et le violon vide l’auditeur de ses derniers moments de joie. Et chaque morceau est aussi désespéré. La base black metal de Panopticon est là, un black metal tranchant riches en blast beats et en riffs, avec une inspiration d’Emperor (le clavier délictueux sur "Cedar Skeletons", les chœurs mystiques sur différents titres).
C’est ce black metal qui balaie tout et empêche l’auditeur de respirer, de voir la lumière. Car de temps à autre, la lumière pointe le bout de son nez. Oh ce n’est pas un grand soleil, juste un petit rayon, à peine, le break sur "Enduring the Snow Drought" ou le début de "The Blue Against the White". Cela ne dure pas longtemps et le désespoir revient rapidement. Normal, vu le sujet de l’album : la survie contre la vieillesse, l’utilisation de la mémoire de la jeunesse pour tenter d'éviter l'inévitable. Les compositions de Lunn sont plus post rock, comme écrit précédemment. C’est évident sur The Rime of Memory : les chansons sont longues, montent en puissance pour redescendre sur la fin, utilisent des gimmicks communs du genre. Par exemple, la narration qui vient s’immiscer sur "An Autumn Storm", ou encore l’utilisation du violon pour créer une texture musicale. Lunn chante même en clair sur "The Blue Agains the White". La musique est d’ailleurs plus une musique de texture que de mélodies et c’est comme cela que cet album doit être abordé. De ce point de vue, The Rime of Memory est probablement le meilleur album de Panopticon.

Austin Lunn fait fort et réussit à sortir un des albums les plus puissants de sa carrière. Son talent de composition s'améliore et folk, post rock et metal s'intègrent complètement pour donner une texture dense, forte en émotions négatives. Sans aucun optimisme, The Rime of Memory peint un tableau auditif de l’hiver destructeur et de l’utilisation de la mémoire pour détruire.



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