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CHRONIQUE PAR ...

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Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 15 janvier 2024
Sa note : 17/20

LINE UP

-James Marshall "Jimi" Hendrix
(chant+guitare+piano sur "Are You Experienced?")

-David Noel Redding
(chœurs sur "Foxy Lady", "Fire" et "Purple Haze"+guitare sur "Red House"+basse)

-John Graham "Mitch" Mitchell
(chœurs sur "Fire" +batterie)

Ont participé à l’enregistrement :

-The Breakaways
(chœurs sur "Hey Joe" )

-Bryan James "Chas" Chandler
(voix sur "3rd Stone from the Sun")

TRACKLIST

Édition britannique et internationale (12 05 1967) :

1) Foxy Lady
2) Manic Depression
3) Red House
4) Can You See Me
5) Love or Confusion
6) I Don't Live Today
7) May This Be Love
8) Fire
9) 3rd Stone from the Sun
10) Remember
11) Are You Experienced

Édition américaine (23 08 1967) :

1) Purple Haze
2) Manic Depression
3) Hey Joe
4) Love or Confusion
5) May This Be Love
6) I Don't Live Today
7) The Wind Cries Mary
8) Fire
9) Third Stone from the Sun
10) Foxey Lady
11) Are You Experienced?

DISCOGRAPHIE


Jimi Hendrix Experience - Are You Experienced
(1967) - pop rock blues psychédélique proto hard rock - Label : Reprise Records Track



Exfiltré d’un club new-yorkais par des Anglais(es) en chasse de nouveaux potentiels, James Marshall Hendrix, qui tentait de gagner sa vie en tant que guitariste d’appoint sur le circuit R&B aux côtés de quelques pointures, débarque à Londres à l’automne 1966. Après avoir mis en PLS la fine fleur du British blues, Eric Clapton en tête, puis effectué quelques concerts remarqués en Europe (dont le premier à Évreux), celui qui se fait désormais appeler Jimi entre en studio. Avec son « Experience », il est déterminé à concrétiser ses inspirations et capitaliser sur sa réputation grandissante.

Primauté de la découverte oblige, Are you Experienced sort d’abord en Angleterre en mai 1967 puis trois mois plus tard aux États-Unis, le temps que l’Oncle Sam prenne conscience que le phénomène détecté par les Transatlantiques mérite que l’on en fasse fructifier le talent. Sont inclus dans la version nord-américaine les trois singles déjà parus, à commencer par "Purple Haze", que Paul McCartney en personne a vanté auprès des décideurs. Attaqué par un motif grinçant et accrocheur, le morceau est propulsé par un riff lourd et souple à la fois, ponctué d’un accord caractéristique, l'accord de septième de dominante avec neuvième augmentée, que Hendrix sert également sur "Foxy Lady" en ouverture de l’édition britannique. Les feulements de celui qui tient également le micro renforcent la tension née d’un motif diabolique qui incarne musicalement ce qu’Elvis Presley évoquait avec ses déhanchés suggestifs une douzaine d’année auparavant. Les chansons des Brits à coupe au bol semblent d’aimables bluettes en comparaison. Hendrix fait valser les faux-semblants et y va direct, tout à l'électrique. Un court solo pour Foxy, une double dose sur "Purple Haze" qui renvoie les six-cordistes de sa Majesté et d'ailleurs à leurs chères études, et c’est tout le monde de la musique amplifiée qui bascule.
La démonstration se poursuit avec le tempo alerte de "Manic Depression", cavalcade ternaire aux accents jazzy qui permet à la section rythmique de se distinguer. Recrutés en Grande-Bretagne, Noël Redding le bassiste et Mitch Mitchell à la batterie n’ont guère eu leur mot à dire sur l’écriture et les arrangements mais remplissent parfaitement leur rôle d’accompagnateurs. Les roulements secs que Mitchell déclenche sur les nerveux "I Don't Live Today" et "Can You See Me" aiguillonnent des occurrences aux mélodies moins marquantes que celles évoquées précédemment, bien que vivifiées par les interventions diaboliques de Hendrix. Le natif de Seattle n’est pas uniquement un technicien d’une habileté inouïe. Il dispose également d’une palette de styles étendue, délivrant avec "Red House" un pur blues douze mesures sur lequel il lâche quelques solos suffisamment techniques pour imposer le respect aux bluesmen tout en rappelant d’où il vient, lui qui a écumé le Chitlin' Circuit, réseau culturel mis en place afin de contourner les lois ségrégationnistes. Au chant, l’individu, qui au départ ne souhaitait pas s'y coller, se montre expressif, la jouant en délicatesse sur "May This Be Love" et "The Wind Cries Mary", respectivement caressée et stimulée par un solo de grande classe.
Cependant, les pistes les plus intrigantes sont celles sur lesquelles Hendrix plonge dans un psychédélisme tendu, avec réverbe sur la voix à l’image de "Love or Confusion", et plusieurs effets considérés habituellement comme inopportuns, échos, larsens, intégrés aux voyages cosmiques que sont "3rd Stone from the Sun" et "Are You Experienced", à l’intensité constante malgré les relents de trip sous substances neuroleptiques. Le contraste est saisissant avec la scansion placide de "Remember" et la chorale soyeuse valorisant la mélopée mélancolique de "Hey Joe", semi-classique à l’origine incertaine dont Hendrix propose une version revisitée, incarnée et rehaussée d’un nouveau solo mémorable. De solo il n’y en a pas, pour ainsi dire, sur "Fire", salve véloce dont les chœurs, cette fois, se font rugueux. Ils dopent plaisamment le refrain d’un titre qui servit de prétexte à l'héritier pyromane de Jerry Lee Lewis pour mettre le feu à son instrument, lors d'un concert à l’Astoria de Londres quelques semaines avant la parution du LP au Royaume-Uni. Une façon de joindre le geste à la parole et d’attirer l’attention, avec un peu d’esbroufe, pour un artiste hors normes voué à entrer dans l’histoire.


Plus rien ne sera jamais comme avant. L’expression est totalement appropriée concernant Are you Experienced, manifeste d’un musicien surdoué aux idiomes multiples qu’il réinvente : rock - parfois rude - blues, pop, psychédélisme. Innovant dans sa pratique de la guitare électrique qui entre ses mains devient imprévisible, Jimi Hendrix utilise ses dons au service de compositions diversifiées, aventureuses ou classiques, de madrigaux en trips hallucinatoires. L’album est une déflagration, une nouvelle grammaire, celle d'une façon inédite de jouer, incisive, lourde, sexuelle. Bousculé par les audaces de cet ancien parachutiste adepte des chutes libres et des ascensions émotionnelles, le rock entame sa révolution.



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