Chronique : Necrowretch Swords Of Dajjal (2024)

CHRONIQUE PAR ...

Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 24 février 2024

Sa note : 17/20

LINE UP

-Vlad
(chant+guitare)

-Wenceslas "W. Cadaver" Carrieu
(guitare+basse)

-Nicolas "N. Destroyer" Ferrero
(batterie)

TRACKLIST

1) Ksar Al-Kufar
2) The Fifth Door
3) Dii Mauri
4) Swords of Dajjal
5) Numidian Knowledge
6) Vae Victis
7) Daeva
8) Total Obliteration

DISCOGRAPHIE

Putrid Death Sorcery (2013)
Swords Of Dajjal (2024)

Necrowretch - Swords Of Dajjal

(2024) - death metal black death metal - Label : Season Of Mist

La procrastination est un mal qui ronge de nombreuses personnes, moi le premier. Au point parfois de ne pas évoquer certaines formations qui me plaisent. Parmi elles, Necrowretch aurait une place particulière.

Le groupe me parle depuis ses débuts, sans que j’aie trouvé, d’accord soyons honnête, sans que j’aie pris le temps de l’exprimer. Réparons donc dès à présent cette injustice. La cause ? Une excellente nouvelle livraison. Necrowretch a pourtant sorti de bons albums, dès ses débuts. Et de garder une ligne de conduite qui lui permettra de proposer des disques de death evil volontairement ancrés dans une ambiance underground. Sans pour autant stagner néanmoins, puisqu’au fur et à mesure des ans, quelques éléments plus clairement black ont fait leur apparition. Aussi, lorsque Vlad, leader et seul membre originel, a déclaré que ce cinquième opus était celui avec des passages ostensiblement plus black metal, il était évident que les amateurs allaient voir leur attention un peu plus éveillée. Rapidement, l’on mesure que ces paroles ne sont pas du simple marketing, mais que le trio offre une prestation des plus intéressantes.
Qu’il me soit donné quelques instants pour aborder le fond. Swords of Dajjal évoque une fois de plus une figure infernale, mais pas du panthéon judéo-chrétien. Il faut aller chercher dans une autre religion monothéiste pour découvrir al-Dajjal, l'« imposteur ». Cette figure de l’Antéchrist islamique est donc le sujet central de ce cinquième album. La pochette présente donc une vision de ce faux prophète, armé d’une épée double, Zulfikar, symbole important dans la tradition musulmane. On va donc parler Malin, mais pas de façon traditionnelle, n’en déplaise à certains. Arrêtons-nous désormais sur la forme. Pour qui est familier des travaux de Necrowretch, pas d’immenses surprises. On retrouve le black death maléfique des Français, mais avec une efficience encore plus marquée. Des blasts dévastateurs, œuvre du nouvel arrivant, N. Destroyer, qui fait honneur à son surnom, parsèment l’ensemble de l’œuvre. Mais Necrowretch ne se limite pas à une démonstration de violence stérile.
Il est en effet toujours d’actualité d’entendre des mélodies bien senties dans ce maelstrom sonore. Des guitares acoustiques sont une fois de plus utilisées, permettant d’étoffer le propos du quartet, à l’instar de "The Fifth Door", ou de "Numidian Knowledge". Cet intérêt porté à l’aspect mélodique, contrebalancé par une volonté d’en découdre, donne naissance à des riffs qui rappellent la scène black suédoise. Le début de "Vae Victis" en est un exemple criant, remémorant le Marduk des années 1990. Necrowretch n’est pas là pour plaisanter et entend bien le faire savoir. Et que dire de "Dii Mauri" qui aurait pu être écrite par Dissection ? Ajoutons à cela une prestation vocale de haute-volée, Vlad hurlant avec virulence, comme à son habitude. La production est de grande qualité, très propre, puissante, sans malgré tout dénaturer la volonté affichée du groupe de demeurer encore un peu, cru. Tout est réussi dans cet album, jusqu’à l’instrumentale "Daeva", aussi simple qu’efficace.

L’année vient à peine de débuter qu’un album de la trempe de Swords Of Dajjal s’annonce déjà comme l’un des meilleurs de 2024. Le travail minutieux dont il témoigne est récompensé par les nombreux éloges reçus par Vlad et ses camarades. À écouter d’urgence si ce n’est pas encore fait.