Warbringer est un groupe qui a vingt d’âge et plutôt étiqueté thrash metal. C’est sans doute pour cela que je ne m’y étais jamais intéressé. Mais voilà que sort leur septième albums, Wrath and Ruin, cinq ans après le précédent. Une longue attente inédite chez le groupe. Petite particularité : l’album studio sort accompagné de morceaux live. Vous aurez donc huit chansons inédites pour quinze pistes issues d’enregistrement en concert. Ça pourrait être sympa si l’album n’était pas vendu plus cher pour cela…
Warbringer s’est fait un nom dans le thrash metal. Mais Wrath and Ruin se révèle empreint de death mélodique. Tout de suite, cela me parle davantage. Attention, les accents thrash sont toujours là, dans l’énergie, l’agressivité ou screamings de haute-volée ("Striker From The Sky"). Ça s’entend beaucoup dans le chant. Ce dernier est hargneux, avec quelques montées dans les aigus. Sans être complètement séduit, force est de constater que cette voix fait le taf. Les lignes de chant autoritaires répondent très bien aux guitares. Ne cherchez pas d’aspect mélodique du côté du chant, ce n’est pas son rôle. Pas de voix claire lisse, tout est rugueux et râpeux. On remarquera quand même une belle prestation sur le tube de l’album, "Through a Glass, Darkly", où tout commence par des chuchotements avant de monter en puissance.
Amateurs de guitare, bonsoir. Warbringer va vous apporter de quoi vous rassasier. Il y a du riff et du lead. Rien d’extraordinaire, d’original, ou d’ultra technique, mais c’est bien fait et accrocheur, bien articulé avec le chant et mis en avant par la batterie. On sent que les gars ont de la bouteille. Ces musiciens savent jouer ensemble, à n’en pas douter. Mais les solos… Les solos, bordel ! Quel niveau d’intensité et de maîtrise ! Les guitares se répondent, n’hésitent pas à lâcher de la mélodie. C’est toujours pertinent et adapté, jamais démonstratif. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut profiter d’aussi bons solistes, plus intéressés par l’impact de leur musique que par leur côté impressionnant. Ainsi, l’album déroule, entre thrash et death, avec des pics d’intensité lors des solos et de l’excellent (j’en remets une couche), "Through The Glass, Darkly". Finalement, cet opus se révèle plutôt varié, tapant autant dans le melodeath ("A Better World"), le thrash pur ("Strike From the Sky") ou du death plus posé ("Necromancer").
Un petit mot quand même sur le live. Comme je ne suis pas particulièrement familier du groupe, j'ai bien du mal à en parler. Les morceaux sont issus de différents concerts de la même tournée en 2023 (Budapest, Nantes, Munich, Cracovie). Le son est plutôt de qualité et nul doute qu'il ravira les fans. Je suis un peu dubitatif sur son intérêt, dans le sens où les pistes n'ont pas été enregistrées durant le même concert. Et pour l'amateur de l'album studio que je suis, ça m'a un peu gonflé de payer le CD plus cher pour avoir un live qui ne m'intéresse pas.
Une bonne surprise que ce Wrath and Ruin. À la lisière du death et du thrash, et plus ou moins mélodique, il a le potentiel pour plaire à beaucoup. Soyons clairs : Warbringer fait de la musique à l’ancienne dépourvue de sonorités modernes. J’en appelle aux fans de metal à papa, avec grosses guitares et solos de boomers. De la musique directe qui va droit au cœur. Ce n'est pas à tomber par terre, ce n'est pas extraordinaire, mais c'est du bon boulot.