Chronique : Afargang Andvake (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 10 septembre 2025

Sa note : 17/20

LINE UP

-Olav Luksengård Mjelva
(chant+guitare+violon Hardanger)

Ont participé à l’enregistrement :

-Haldor Bromstad
(chant-growls)

-Stian Kårstad
(guitare)

-Sindre Bråthen Tjørswaag
(basse)

TRACKLIST

1) Mot verda
2) Kvile
3) Andvake
4) Leika
5) Mellomspel: Vêrfolne
6) Sjå det blånar
7) Leva og døy
8) I di eining
9) Kom ned

DISCOGRAPHIE

Andvake (2025)

Afargang - Andvake

(2025) - folk metal prog metal progressif avec du black dedans - Label : By Norse Music

Depuis mai. Je n’ai pas réussi à pondre quoi que ce soit depuis mai. Mon cœur et mon âme n’y sont plus, la croûte a durci, s’est épaissie, la faute aux aléas de la vie ou de sa Nemesis qui ne frappe pas là où on s’y attend, ni quand on s’y est préparé suffisamment. Alors, pour fendre un peu la carapace, il faut de l’émotion brute, sans calcul, de celle qui te scotche dans ton fauteuil quand tu n’es pas dans le contrôle de ton environnement, que tu te crois en sécurité émotionnelle. Je suis entré dans Andvake par la fin, et son venin s’est immiscé en moi insidieusement en s’appuyant sur mes assurances musicales passées. Alors je suis sorti de ma retraite, ai ouvert une bonne bouteille, comme d’habitude, l’ai finie, pas comme d’habitude, mais j’y suis arrivé, pour que justice soit rendue à ce qui m’a ému. Merci, Monsieur Mjelva.

Ce n’est qu’après la découverte insidieuse que j’ai réalisé qui était Olav L. Mjelva : un inconnu qui a tout de même participé au superbe Skuggsjà des sieurs Bjørnson et Selvik avec son violon, de même qu’il fut aussi musicien de session de Wardruna, toujours au violon. A défaut d’exposer la qualité solo du bonhomme, cela aiguille a minima vers son style de prédilection. Le metal folk nordique, progressif, avec potentiellement quelques incursions black. Le lien de parenté avec Skuggsjà est certes évident, mais ce n'est pas une copie, en ce sens qu’il y a dans Andvake une poésie différente de Skuggsjà, un peu plus « tribale », plus simple, moins contemplative et en poussant le trait plus pagan. J’ai pensé à Varmia et son beau bal Lada dans l’esprit, mais aussi et bien entendu à Enslaved, notamment sur "Leva og døy". J’ai même trouvé une inspiration Cold Wave à "I Di Eining", en bon vieux boomer qui se respecte. Il se dégage de cet album une atmosphère particulière, un ressenti de plénitude, de bonheur simple, de mélancolie extrême teintée de chaleur humaine, simplement.
Andvake a une disposition qui attire à lui grâce au très bon "Mot Verda" en entrée, très entraînant, en guise d’apéritif avant les plats de résistance. Et puis on reste sur sa faim, l’ambiance retombe un peu (relativement car c’est quand même bien) jusqu’à "Sjå det blånar" qui remet clairement l’église au milieu du brasier. Et passé l’enslavedien et excellent "Leva og døy", arrivent les deux merveilles d’Anvake : "I di eining" et "Kom ned". Deux titres superbes et différents, remplis de tout ce qui me fait aimer le metal folk, soit en mélodies metal imparables pour le premier, soit en dénuement total montant crescendo jusqu’à une sublime envolée émotionnelle comme Arstidir Lifsin sait les faire dans un style autre.

J’ai succombé à l’enchaînement : "I di eining" et "Kom ned". Je crois même que cette dernière, moins metal, a mes faveurs. Elle révèle la finesse de composition et la délicatesse musicale d'Afargang, chose que je n’ai pas entendue depuis Skuggsjà et Aldrlok. Si vous aimez le côté moins black/ plus folk d’Enslaved et ses dérivés, Afargang est une excellente option à écouter urgemment. Pourvu que le groupe perdure.