Chronique : Moundrag Deux (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 28 novembre 2025

Sa note : 16/20

LINE UP

-Camille Gœllaën-Duvivier
(chant+claviers)

-Colin Gœllaën-Duvivier
(chant+batterie)

TRACKLIST

1) Stormdrummer
2) The Caveman
3) Changes
4) Limbo
5) Black Flames
6) Starkus
7) Take Me to the Stars
8) Morning Epitaph
9) Night Lights

DISCOGRAPHIE

Deux (2025)

Moundrag - Deux

(2025) - rock prog hard rock - Label : Spinda Records

Bon, John Duff va s’en sortir. Mais je m’en veux terriblement. Certaines mauvaises langues vont penser que j’ai voulu éliminer un gars de la concurrence… rien de plus faux ! Simplement, j’ai sous-estimé la résilience du chroniqueur de NIME. Ayant réalisé avec lui la chronique du dernier Year of the Cobra, duo américain sans guitare, j’ai sous-estimé combien il avait pris sur lui pour écrire des lignes sur un groupe qui osait se passer d’une six-cordes. Alors quand je lui ai proposé une collaboration sur un autre duo, qui, lui, joue sans guitare NI basse…

Il est devenu vert puis violet. Puis rouge. Mais les médecins sont confiants. Une bonne dose journalière d’Avatar et il sera rapidement remis sur pieds. Et pendant ce temps, je mène en solo cette folle entreprise, m’enfilant pour ma part une bonne dose journalière de Deux, second album de Moundrag. Et je confirme. Même si la main gauche de Keith Emerson va parfois chercher dans les notes très basses, lui et son compère Ian Paice ont monté un projet garanti 0% cordes. D’aucuns les accuseront d’être cordophobes - ère des réseaux sociaux oblige - d’autres d’avoir tenté de maintenir l’anonymat en se faisant passer pour deux frangins bretons au nom à rallonge. Personnellement, je me limiterai à une approche pragmatique : l’évaluation du résultat. Et ma conclusion est sans appel : ce « prog pour débutants » s’avère être une belle réussite. L’expression que j’emploie pourrait sonner péjorative mais ce n’est pas le cas. Contrairement aux véritables Emerson, Lake and Palmer, il ne faut pas avoir fait un DEA en musicologie pour apprécier Moundrag.
Le propos des frères Gœllaën-Duvivier est beaucoup plus lisible, et si les clins d’œil musicaux à Tarkus totalement assumés - cf. le nom du sixième titre - sont assez fréquents, notamment sur l’excellent "Limbo", Moundrag possède également une facette presque hard-rock dans la composition de certains titres à la structure simple. Iconoclastes comme personne, les frérots osent même inclure l’ennemi juré des talibans progueux dans plusieurs de leurs chanson : le refrain. Autre élément tendant à rapprocher la musique de Moundrag du rock dur : le jeu lourd de Colin/Ian, qui, comme à la plus grande époque, donne tout sur chacune de ses frappes. Au final, je suis plus convaincu par les titres les plus prog et moins par "Changes" ou "Take me to the Stars", dont les refrains faciles devraient néanmoins convaincre plus d’un chevelu. Je mettrais donc en avant le lourd et majestueux "Limbo", avec ses claviers grandiloquents 100% ELP, le dynamique "The Caveman" à la vibe très "Highway Star", ainsi que le très délicat "Morning Epitaph", psyché sur les bords. Mention spéciale également à "Night Lights" qui clôt en douceur un album qu’on aurait fantasmé un peu plus long, mais qui aura éveillé chez moi un grand intérêt pour ce duo familial.

Avec Deux, Moundrag casse les codes en se débarrassant des cordes. La formation n’hésite pas non plus à proposer un album de prog accessible, avec des vrais bouts de refrain dedans. Entre vous et moi, vu mon appétence pour les claviers, les instruments à manche ne m’ont pas manqué, mais même les amoureux des manches devraient écouter l'album. Prochaine étape : la sortie de l’album Trois, sans cordes ni batterie, Quatre, lui, sera a capella. Quant à Cinq, il s’agira d’une ode à la contemplation du vide intérieur. Les gens de Paimpol ne font rien comme tout le monde, c'est bien connu !