CHRONIQUE PAR ...
Dexxie
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Jan Erik Liljeström
(basse+chant)
-Nicklas Barker
(guitare+mellotron+chant)
-Anna Sofi Dahlberg
(mellotron+claviers+violoncelle+voix)
-Peter Nordins
(batterie+percussions)
TRACKLIST
1) Nucleus
2) Harvest
3) Book of Hours
4) Raft
5) Rubankh
6) Here
7) This Far From the Sky
8) In Freedom
DISCOGRAPHIE
Certains rockers sortent des tubes à gros sous, qui sonnent bien, avec de jolis accords de gratte, exécutés sur une de leurs 37 guitares à 1700 euros. D'autres préfèrent le rentre-dedans peu cher, se sentant bien dans leur trip brutal death. Et puis il y a Anekdoten, quatre sympathiques Suédois dont on ne peut pas vraiment dire que l'héritage fait directement référence à ABBA. La musique véhicule des sentiments, du moins quand elle est bien pensée. C'est donc avec joie qu'on se plonge dans un petit voyage psyché « Made in Sweden ».
L'intro est assez cohérente par rapport à ce qui nous attend. On entend d'étranges petits sons nous rappelant un grincement, peut-être celui des volets de la maison dans laquelle on pénètre, à la lisière d'une forêt remplie de champignons hallucinogènes et autres plantes toxiques. Cette courte introduction pour le moins intrigante est suivie d'un riff d'une grande qualité, alliant avec brio une basse saturée à souhait et une guitare peu orthodoxe. On comprend très vite, à travers l'écoute du titre d'ouverture "Nucleus", que le quatuor ne cherche même pas à dissimuler ses influences Crimsoniennes. Ce premier morceau nous prouve également l'importance de la section rythmique au sein de la formation, ce qui, en plus de l'utilisation peu commune de la basse, témoigne d'une juste répartition des pouvoirs dans le groupe. Il est bon d'entendre un rythme et un jeu de cymbale si peu usuels accompagnés d'instruments eux aussi exploités de manière originale.
Il nous suffira de patienter un peu moins de deux minutes pour entendre la voix du chanteur. Ou plutôt devrais-je dire d'un des chanteurs. On commence par celle du guitariste, une voix douce que l'on retrouvera çà et là tout au long de l'album, entre deux riffs tordus à souhait, alternant avec celle du bassiste, qui est quant à elle légèrement plus agressive, un contraste s'intégrant à merveille dans les structures progressives ici omniprésentes. On aura droit à certains endroits à des harmonies vocales par la charmante mellotroniste du groupe, harmonies s'intégrant elles aussi parfaitement dans l'ambiance qui est ici dégagée. Le groupe semble avoir bien peu de difficulté à faire varier la violence, ou plutôt l'intensité de ses morceaux. Il y a une foulée d'exemples pour illustrer cela, mais citons la piste "Harvest", qui commence avec un passage très calme, suivi d'une transition en « zig-zag », débouchant elle-même sur un riff magistralement distordu.
Les lignes vocales sont tout à fait agréables, et le guitariste les exécute avec une voix somme toute assez simple. Il faut noter que le chant semble être ici considéré comme un instrument à part entière, et qu'il est loin d'être le seul moyen de véhiculer les sentiments. Au contraire, oserai-je dire, il y a un gros travail derrière cette galette pour créer une atmosphère autour de l'auditeur. Une simple écoute de "Book of Hours" nous le fera comprendre, morceau mettant par ailleurs en valeur le mellotron, clavier dont les fans du groupe semblent être amoureux. Tous les éléments propres à ce style musical sont réunis dans l'instrumentale "Rubankh", qui illustre à merveille les capacités de la bande. Cette piste ressemble à un défouloir, et les passages puissants se feront de plus en plus rares sur l'album, à partir de ce moment, contribuant ainsi à leur mise en valeur.
Si la musique est la respiration de l'âme, Nucleus est le mushroom de l'esprit. Il est finalement pratique de pouvoir apprécier du rock psychédélique prêt à consommer, sans avoir à se ruiner (la santé) à grands coups de champignons hallucinogènes avant d'écouter un album de Led Zeppelin ou de Black Sabbath. Un disque à conseiller à tous les fans de King Crimson, des années 70, du mellotron, et à ceux qui sont capables d'ouvrir leurs oreilles pour fantasmer à travers la musique.
Merci à Dorian, de qui la perception musicale inspira cette chronique.