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CHRONIQUE PAR ...

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Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 16/20

LINE UP

-Blake Judd
(guitare+chant)

-Jeff Wilson
(guitare)

-Jon Necromancer
(basse)

-Tony Laureano
(batterie)

TRACKLIST

1)One of These Nights
2)Assassins
3)Ghosts of Grace
4)Away from the Light
5)Your True Enemy
6)Code Negative
7)Omnivore
8)Seasick (Part 1: Drowned at Dusk)
9)Seasick (Part 2: Oceanborne)
10)Seasick (Part 3: Silent Sunrise)

DISCOGRAPHIE


Nachtmystium - Assassins: Black Meddle, Pt 1



Que l’on aime ou pas Nachtmystium, il faut se rendre à l'évidence: le groupe impose un certain respect. Son inventivité et sa créativité, ainsi que sa volonté de sortir d’un carcan trop rigide ont amené le groupe américain, après moult changements de line-up, à définir son propre son. Loin des limites étriquées du blackm etal, Blake Judd et sa bande semble avoir re-découvert Pink Floyd, le Jazz ainsi que les possibilités infinies du mélange des genres.


Alors que durant ses débuts, le groupe jouait dans un registre black metal strict, il a depuis bien évolué. La musique psychédélique, et plus particulièrement celle des Pink Floyd (il est évident que ce disque se veut un hommage au groupe de Roger Waters, le titre de l’album ainsi que celui de la première piste en sont des preuves), semble être devenu une influence importante pour les américains. Du carcan black metal originel, il ne reste que le chant haineux de Blake Judd et quelques élans de batterie lors d’une frappée de blast-beats, utilisés avec parcimonie. Le reste n’est qu’un savant mélange de rock’n’roll et de punk, de rock progressif et de Jazz, le tout saupoudré de ce que j'appellerais du post-metal tel que les américains le pratiquent, Isis en tête.

Cependant, l'atmosphère globale du disque est bel et bien du black metal, même si le groupe ne respecte quasiment aucun des codes du genre: sombre et haineux, glauque et d’une certaine manière, maléfique. Le principal vecteur de la violence ambiante est le chant: le plus souvent dans un registre criard, mais aussi sussuré sur "Code Negative". Le timbre de Judd oscille entre un son haineux et un timbre plus rock, presque crasseux. Il en est de même pour les riffs de guitare simples et pourtant foutrement efficaces ("Assassins", "Ghosts of Grace"), qui sonnent punk et sale. Il est pourtant hors de question de remettre en cause la production, excellente. Il s’agira plutôt ici une volonté de mettre en contraste la lourdeur et l’entrain de certains plans réminiscents de Motörhead par exemple, avec les solos de guitare aériens que l’on rencontre fréquemment.

Et ce contraste se rencontre au cours même des compositions, qui évoluent, passent par une métamorphose pour se transformer radicalement en cours de route. A l’image d’"Assassins", titre qui commence dans l’urgence rock pour se terminer sur un ensemble bruitiste et hypnotique au tempo lent, ou encore de la trilogie finale, qui passe aussi bien par des plans de basse typiques de The Cure période Pornography, que par du Jazz ou des parties atmosphériques. Il est cependant dommage que ces trois titres de conclusion soient plus portés sur l'atmosphère au mépris de la violence qui sous-tendait le disque. C’est dans les moments les plus agressifs que la musique du groupe est à son apogée, que cette agression se manifeste au travers du tempo et de la violence des riffs ("Your True Enemy", véritable calvacade) ou par l'atmosphère torturée, glauque et inquiétante ("Code Negative", une vision personnelle et apocalyptique du rock progressif).


Nachtmystium ne signe pas ici une oeuvre révolutionnaire, mais un disque personnel, fruit d’un travail créatif important. Empli d'expérimentations, de compositions en perpétuelle mutation, Assassins possède une touche black metal indéniable, tout en s’ouvrant à d’autres styles, principalement le rock progressif et psychédélique des années 1970, avec une esthétique punk. Le dosage de tout ces ingrédients, ainsi que la cohérence presque parfaite du disque (seule la trilogie finale ressort de trop), en font un album riche et solide.


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