CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Hernan "Eddie" Hemida
(chant)
-Chris Storey
(guitare)
-Ben Orum
(guitare)
-Mike Tiner
(basse)
-Matt Kuykendall
(batterie)
TRACKLIST
1)When Life Meant More...
2)Black Gold Reign
3)Never...Again
4)The Ones We Left Behind
5)Awaken the Dreamers
6)Memories of a Glass Sanctuary
7)Stabbing to Purge Dissimulation
8)Gagged, Bound, Shelved and Forgotten
9)Until the End
10)From So Far Away
11)Misery's Introduction
12)Songs for the Damned
DISCOGRAPHIE
«C’est un peu court, jeune homme». Voila en substance ce qu’on a envie de dire après une écoute du dernier All Shall Persish. Car du (pas très) haut de ses trente-cinq minutes, Awaken The Dreamer laisse un peu sur sa faim. Certes, il est de coutume de dire que ce n’est pas la taille qui compte mais l’usage qu’on en fait (disent aussi les pauvres hères que la nature n'a pas gâté), alors voyons celui qu’en font les Californiens énervés sur ces douze titres.
Déjà, sur douze titres, il y en a qui font plus office de petit intermède que de véritable morceau, ôtant de la bouche de l’amateur d’extrême un peu plus de pain nourricier. Heureusement, ces dits interludes sont en général plutôt réussis, et servent même à aérer un album qui serait sans cela peut être un peu trop compact. Car quand il s’agit de mettre les gaz, All Shall perish se pose là dans le style qui est sien, à savoir melodeath/deathcore. Guitares graves, rythmes plus headbangants que débridés et voix hurlées à s’en faire exploser les cordes vocales, tout y est. A cet effet, les premiers titres sont au moins une introduction efficace : "Black Gold Reign" et "When Life Meant More" déposent leur brutalité devant l’auditeur, avec le luxe de glisser ici et là un petit bout de guitare acoustique et de screaming.
Pas inintéressant, donc, mais pas non plus transcendant, vu la féroce concurrence qui fait rage dans le milieu (Bloodjinn, Heaven Shall Burn...). All Shall Perish en est à son troisième album : l’identité est donc affirmée et cohérente, et ce même si le groupe a tendance à s’éparpiller sur certain titre, en particulier ces fameux interludes sur lesquels nous reviendront. All Shall Perish se paie en plus le luxe de faire venir l’un des shredders les plus impressionnants du moment sur Awaken The Dreamer : Rusty Cooley. Il vient donc pétrir quelques soli çà et là sur l’album, en général toujours aussi virtuoses, avec cette touche si caractéristique qui est la sienne dans le déboulage malsain de note. La surprise passée, on se rend compte que l’initiative n’est pas sotte, et que le shred de Cooley apporte un petit plus et n’est heureusement pas envahissant.
Le reste des titres les plus conventionnels répond tous peu ou prou aux mêmes codes : riffs syncopés, changements de rythme et guitares mélodiques, le tout baignant dans une atmosphère mélancolique. Car malgré la violence du propos, il en ressort ce sentiment de tristesse assez poignant par moment, sentiment qui apparait d’autant plus fort sur les titres un peu à part, comme "The Ones We Left behind" et son phrasé un peu jazzy, et le superbe "Memory of a Glass Sanctuary", mélange de trip-hop, de rock et de fusion que ne renierait pas Radiohead, mais qui ne plaira sans doute pas à ceux qui préfèrent All Shall Perish dans ses heures les plus énervées. De même, "Misery’s Introduction" pose une ambiance sereine avant la sombre "Songs for the Damned", qui clôt en beauté Awaken The Dreamer.
Un peu court, indéniablement. Assez pour rassasier les amateurs du genre ? Pas sûr, malgré la qualité du matériel présenté ici. En tous cas, le côté assez varié de cet album séduira les auditeurs recherchant plus une identité et un propos affirmé qu’une efficacité à toute épreuve, All Shall Perish se révélant presque plus pertinent dans son approche moins conventionnelle sur cet album. Gageons que tout le monde ne sera pas d’accord sur ce point…