CHRONIQUE PAR ...
Beren
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10/20
LINE UP
-Christoph Von Freydorf
(chant)
-Chrissy Schneider
(guitare)
-Stephan "Moik" Karl
(guitare)
-James Richardson
(basse)
-Fabian Füss
(batterie)
TRACKLIST
1)The Black Path
2)To End All Wars
3)The Most Evil Spell
4)All In Tune With the Universe
5)Pledge Allegiance to the Damned (The Unseen One)
6)Wolfsstunde
7)Nothingness
8)Collapsed Memorials
9)Close to the Wind
10)Worlds Apart
11)Pure Anger (The Hex)
12)10050
13)Cigarette Scars
14)Glad to Be With You Again
DISCOGRAPHIE
L’Allemagne est une contrée assez fertile en jeunes groupes de rock qui ne seront, fatalement, destinés à percer que sur le marché allemand. Ou alors, lorsque (malheureusement pour nous) cela arrive, il faut se farcir les habituels rebelles grimés en pseudo-gothiques s’adressant aux adolescents. On l’aura donc deviné, Emil Bulls, groupe apparemment confirmé au pays de la chancelière Merkel d’après leur label, est une entité de plus qui tente de surfer sur la vague de sympathie actuelle que rencontrent les groupes allemands à l’étranger.
Un point semble pourtant assez obscur. Les jeunes Allemands n’en sont pas à leur galop d’essai – The Black Path est leur cinquième album à ce jour – mais leurs trois premiers essais ne sont étrangement pas renseignés sur leur site Internet. Qu’est-ce qui peut pousser un groupe à délaisser une partie de leur histoire commune ? La médiocrité de leurs réalisations ? C’est sur ce point précis que l’on s’attardera, à la lumière de ce que l’on pourra entendre sur The Black Path. Le chemin est donc plus sombre assurément, car, suite à un quatrième album purement acoustique (The Life Acoustic), ce cinquième essai revient à une formule lourde et sans (apparent) compromis. Clairement metal, The Black Path est ce que l’on peut appeler communément un album crossover. Sur une base metalcore à double voix (claire/growlée) viennent se greffer des éléments aussi variés que le stoner ("Collapsed Memorials", "Nothingness" et plus généralement le son de gratte et de basse bien gras et puissant), le rock alternatif ("All In Tune With the Universe", "10050") et le nü bien pompeux ("Cigarette Scars", "Close to the Wind"). L’ensemble est parfaitement exécuté, sous couvert d’une production intéressante, ronde et granuleuse – la basse, très en avant, est écrasante dans les nombreuses parties plus lourdes de l’album.
Pourtant, en dépit d’une technicité à propos de laquelle il serait difficile de trouver à redire – surtout pour un groupe dont la moyenne d’âge ne doit pas dépasser la vingtaine – Emil Bulls n’arrive pas à créer un semblant de liant à un collage systématique de plans piqués à droite et à gauche, à l’image de son chanteur Christoph Von Freydorf, beugleur sans âme et voix claire au diapason ("Nothingness", juste mais banal à mourir). Le crossover est un genre bâtard et très risqué ; peu de groupes peuvent se targuer de réussir leur coup et Emil Bulls, de tomber dans la redite intellectuelle de bas étage. Seule "Collapsed Memorials" et son riff plombé arrive à décoller, tandis qu'un refrain parfait comme celui de "All In Tune With the Universe" aurait pu faire monter la pression sur un morceau finalement raté qui peine à montrer ses ambitions. De même, la présence complètement inutile d'une dernière composition de dix-neuf minutes ("Glad to Be With You Again") qui joue la carte du morceau caché qui, finalement, n'existe pas, finit par lasser après cinquante minutes d'un album foncièrement rébarbatif. Une blague de mauvais goût qui ne sert strictement à rien, sauf à énerver l'auditeur...
Oui, ces mecs-là ont des balls (le disque est puissant, bien métallique et fait parfois bouger la tête) mais ils sont loin d’être des pitbulls de compétition : incapables d’imprimer la moindre once d’originalité et surtout, de personnalité à leurs compositions – en particulier, ces beat-downs systématiques lassent plus qu’autre chose – les Allemands ont pondu avec The Black Path un disque lisse et sans charme, sur lequel on passe très vite l'oreille. Dommage, parce que l’intention y était, tout comme la capacité.