CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
8.5/20
LINE UP
-Christoph Von Freydorf
(chant)
-Andreas Bock
(guitare)
-James Richardson
(basse)
-Fabian Füss
(batterie)
TRACKLIST
1)Here Comes the Fire
2)When God Was Sleeping
3)The Architects of My Apocalypse
4)Ad Infinitum
5)Infecting the Program
6)Nothing in This World
7)Time
8)It's High Time
9)The Storm Comes In
10)Triumph and Disaster
11)Man Overboard! (The Dark Hour of Reason)
12)Son of the Morning
13)I Don't Belong Here
DISCOGRAPHIE
Quand on découvre un groupe il arrive souvent qu'on aille lire des chroniques sur le web pour en savoir un peu plus... et là, ô chance, y'en avait une à la maison. D'après Beren l'album précédent d'Emil Bulls était à la fois varié et plat, sans identité réellement perceptible tant le groupe se vautrait dans des clichés metalcore de tout poil. Réjouissez-vous masses fébriles et impatientes : Emil Bulls n'est plus dans ce trip-là, aujourd'hui ils ont une identité forte. Ah, par contre c'est toujours mauvais hein, faut pas non plus rêver.
Ça commençait pourtant bien : "Here Comes the Fire" claque bien comme il faut dès les premières secondes, emmenant l'auditeur sur un agréable chemin core/melodeath tout de violence et de groove fait. Pas très original soit, mais très efficace et fédérateur. On tape du pied, on hoche la tête, on est content... puis la troisième minute arrive et on hurle de douleur. Cette douleur c'est un chant clair hyper sucré et carrément ridicule qui débarque de nulle part, d'autant plus vicieusement amené que le clair-agressif des refrains était tout à fait honnête. Christoph Von Freydorf commet ce méfait plusieurs fois sur le disque, et à chaque fois c'est une nouvelle occasion de l'insulter à haute voix, le casque sur les oreilles. La ballade "The Architects of My Apocalypse" était déjà suffisamment mièvre à la base (on pense à Kyo sur le refrain et à Blink 182 sur les bridges), mais l'usage de ce registre pour adolescentes sur les couplets flingue complètement le truc. Pire encore : une compo syncopée, agressive et bien gaulée comme "Ad Infinitum" devient complètement schizophrène du fait du vocaliste : tant qu'il y a du grain ça beute, dès qu'il n'y en a plus c'est horrible. Et comme tous les passages calmes ou presque (pourtant pas forcément mauvais instrumentalement, c'est ça le pire) sont gâchés par cet aspect, on se raccroche comme on peut aux moments énervés vu que Von Freydorf beugle plutôt bien.
Si on réussit à faire abstraction des breaks guimauveux, les quelques plans vraiment pêchus d'Emil Bulls sont plutôt pas mal, à défaut d'être originaux. Le riff rythmiquement tordu ouvrant "Infecting the Program" claque fort, surtout accolé aux couplets punk'n roll hurlés qui suivent. Ce petit côté punk se retrouve aussi dans le très catchy "When God Was Sleeping", seul titre où Von Freydorf a la bonne idée de toujours maintenir un niveau minimum de saturation dans sa voix, y compris en mélodique. Mais même avec la meilleure volonté du monde on ne peut pas lutter, la proportion de plans nauséeux est trop forte. "Triumph of Disaster" est un gâchis en bonne et due forme : l'approche pop est pas mal torchée, le rythme d'obédience drum & bass évoquant "Breaking the Habit" de Linkin Park est bien trouvé, mais le chant tue l'histoire... Von Freydorf sonne comme une version trisomique de Paul Simon, donc quand il chante « I've never been so clooooose to youuuuu... sweet loooove » c'est à pleurer. Pour le final "I Don't Belong Here", je n'aurai que trois mots : voix plus piano. Inutile de développer, si ? Et la cerise sur le gâteau, c'est que ce délicieux album est LONG. Treize titres, cinquante-deux minutes... ça a beau paraître standard, c'est une épreuve. Croyez-moi.
L'identité propre d'Emil Bulls est donc éclatante aujourd'hui, et lors de vos prochains voyages en Allemagne (où le groupe est paraît-il assez connu), vous pourrez les reconnaître au détour d'une station de radio et inonder votre entourage de votre culture : « aaah ouaiiiiis, Emil Bulls, le groupe avec les plans métal cools et les breaks pop avec une voix de merde ! Ah ouais, c'est bien eux. » Avouez-le, vous êtes déjà impatients.