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CHRONIQUE PAR ...

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Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-Ludovic Loez
(guitare+chant+basse+claviers)

-Fabrice Loez
(guitare+sampler)

-Thierry Berger
(batterie)

TRACKLIST

1)Hegemony
2)March of the Neovocyts
3)The Baleful Light
4)Death Dance
5)Recall
6)The Searing Desert
7)The Far Horizons
8)On the Burning Sand
9)Salinity
10)Sublime Sense
11)The Arrival
12)Dissolution

DISCOGRAPHIE

Anomaly (2000)
Hegemony (2008)
Octa (2023)

SUP - Hegemony
(2008) - death metal cold-wave - Label : Holy records



Une carrière de dix-huit ans maintenant, une discographie longue comme mon bras si l’on compte les disques sortis sous le nom de Supuration, les lillois de SUP font partie des fers de lance de la scène metal française. Un album tribute au groupe est même sorti en 2002, un honneur rare pour un groupe français. Trois ans après Imago, le groupe sort un nouvel album, qui bénéficie d’une illustration de couverture plutôt belle. Nouvel album qui se révèle être une oeuvre riche et forte.

Malgré l’importance que semble avoir SUP dans la scène metal, votre serviteur doit avouer sa méconnaissance totale de la discographie du groupe. Cette chronique sera donc vierge de tout a priori et de toute attente, malheureusement sans pouvoir replacer le disque dans la carrière de SUP et sans la possibilité d’analyser une quelconque évolution. Hegemony est un concept-album, les paroles narrant l’histoire d’un Neovocyt, une branche de l'évolution humaine, dans un monde post-apocalyptique, et sa fuite après être redevenu un homme normal. Un concept tel que celui-ci requiert une musique froide et sombre. Plus précisément, la construction d'atmosphères futuristes et désolées serait plus à même de porter l’histoire narrée dans les paroles. Et cela tombe tres bien, puisque c’est précisément l’ambiance dégagée par Hegemony.

L’une des clefs de voûte du disque est la palette des chants, avec une dualité chant death/voix claire pour créer un contraste fort. Le growl de Ludovic Loez est impressionnant de profondeur et de puissance (sa performance sur "Recall" est mémorable). Le timbre particulier de sa voix est froid, presque mécanique, et le phrasé haché de ses lignes de chant accentue le rythme martial et puissant des compositions (nous y reviendrons). En totale opposition, le chant clair permet d'accentuer les lignes mélodiques et d'aérer les compositions, ce qui s'avère bienvenu tant l’ambiance générale du disque est froide et oppressante. L’opposition entre les deux chants fonctionne très bien; ils se complètent sans jamais empiéter l’un sur l’autre. L’alternance entre les deux donne du relief aux compositions, sans oublier l’utilisation de chœurs. Des refrains immédiats tel que sur "March of the Neovocyts" et "The Far Hortizons" vous hanteront facilement.

Tout comme l’ambiance glaciale du disque vous hantera tout le long de l'écoute, durant laquelle vous serez oppressé par les riffs tranchants et systématiquement bien pensés et les samples industriels. Loin d’être du death metal uniquement, les chansons d’Hegemony empruntent aux musiques électroniques, plus précisément à la cold-wave. Simple supposition, le fait que le plus fameux groupe de cold-wave français – Trisomie 21 – soit aussi de Lille, joue peut-être un rôle. Tout comme ses confrères, SUP utilise une approche hypnotique, à base de nappes de claviers répétitives, porteuses d’une atmosphère froide et parfois industrielle, ce qui nous donne l’excellent "The Searing Desert". Les lignes mélodiques n’en sont pas pour autant absentes et adoucissent le propos, qui tourne même vers l’ambient tel que sur "Salinity".

Bien que ne sortant jamais du mid-tempo, la rythmique est travaillée, et varie entre un rythme très martial et lourd et quelque chose de plus aérien, avec de nombreuses ruptures. Le rythme martial d’une chanson comme "The Searing Desert" est accentué par le chant death et le jeu de guitare quasi-industriel, et la production, claire mais puissante, sert autant le rythme que l'atmosphère. En clair, cela tape bien comme il faut. Obsédé par le détail, SUP a fait un travail fin sur les arrangements aussi, qui sont construits minutieusement et emplis de détails. L’alchimie de la cold-wave et du death n’est jamais incohérente, bien au contraire le disque est homogène et tout se tient complètement, les plans, lignes mélodiques, structures rythmiques étant parfaitement cimentées. En revanche, de cet homogénéité découle un album difficile d’approche, dense et qui demande un effort pour pénétrer dans ce monde si particulier, mais si réussi.


Difficile d'accès, Hegemony l’est sans aucun doute. Son homogénéité et sa cohérence transforment le disque en un bloc compact, ce qui demande toujours du temps à maîtriser. Cependant sa richesse, le rendu excellent d’un univers post-apocalyptique et froid, sont autant d’atouts pour cet album. SUP signe une oeuvre personnelle, qui emprunte autant au death-metal qu’à la cold-wave, et prouve en un seul disque son statut de groupe culte.


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