CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
9/20
LINE UP
-Gothminister
(chant)
-Machine
(guitare)
-Icarus
(guitare)
-Halfface
(claviers)
-Chris Dead
(batterie)
TRACKLIST
1)Dusk Till Dawn
2)Darkside
3)Your Saviour
4)Freak
5)Sideshow
6)The Allmighty
7)Beauty After Midnight
8)Emperor
9)Mammoth
10)Thriller
Video clips:
1)Forgotten
2)Gothic Anthem
3)Devil
DISCOGRAPHIE
Gothminister ? Le ministre du Gothique ? Imaginez cela, un homme politique dont la fonction serait de réglementer l’usage des corsets, avec une profondeur limite de décolleté, ainsi que la hauteur maximale des New Rocks ou encore le budget nécessaire pour subventionner un M’era Luna français. C’est vrai que ce serait bien, un ministre du Gothique, le siège situé dans un manoir (hanté bien entendu) en pleine campagne. Puis bon, un homme politique habillé en tenue baroque et maquillé, cela donnerait tout de suite une autre gueule au conseil des ministres, sans même parler des réceptions officielles au Ministère. Dommage que Gothminister ne soit juste qu’un groupe en fait.
Il s’agit de plus d’un groupe rencontrant un succès important, notamment sur ses terres natales norvégiennes mais surtout en Allemagne, pays du revival gothique. Cela n’a rien de très étonnant, quand on connaît le goût des Allemands en matière de musique gothique: tout ce qui est grandiose et exubérant, flirtant sans aucune limite avec le mauvais goût et le cliché risque fort de faire un tabac. Et Gothminister, les clichés, ils connaissent: le groupe patauge dedans, se vautre même sans aucune subtilité. Rien que le nom du groupe, ceux des membres (et encore, Dementia et Android ont quitté le navire) ou ceux des albums, ainsi que les illustrations de couverture, sont autant de témoins à charge. Nous pouvons cependant laisser le bénéfice du doute au groupe, ce qui compte après tout, c’est la musique. Petit avertissement: le disque promotionnel, envoyé par le label, ne contient pas l'intégralité des pistes présentes sur le produit commercial: la chanson "Thriller" ainsi que les trois vidéos ne sont pas comprises, et donc la présente chronique est incomplète.
Avec Hapiness in Darkness, Gothminister poursuit sa conquête des clubs gothiques. Que ce soit clair, Gothminister ne fait pas de la musique de chambre, des chansons intimistes à écouter chez soi pour se laisser porter par la mélancolie ou autre. Chaque chanson est destinée aux dancefloors, Gothminister compose uniquement des titres rythmés par les beats électroniques ou les guitares, avec des refrains immédiatement mémorables. Le tout est enrobé dans une glue pop: structure classique en couplets/refrains, longueur des morceaux n'excédant pas les 4 minutes 30 (du coup, l’album est court: un peu en dessous de la barre des 40 minutes) et quelques mélodies sucrées jouées au clavier de ci de là. Alors que la production et le son en général sont travaillés, les compositions ne bénéficient pas du même soin. L'électronique prend une place prépondérante: surabondance de samples, nappes de claviers dans tous les sens, orchestrations et beats. Le groupe est d’ailleurs par moment plus proche de l’indus ou de l’EBM que du metal gothique. L’argument metal vient de l’utilisation parcimonieuse des guitares, en rythmique uniquement et qui sont souvent remises au second plan. Seul le titre "Freak" leur offre une part de choix.
En fait, Gothminister nous offre une espèce de fourre-tout, dans lequel l’amateur de musique pour clubs trouvera forcement quelque part son bonheur. Tout est trop cliché et prévisible, trop entendu avant (Rammstein fait quelque chose de similaire en bien bien mieux), trop facile (les riffs rythmiques interchangeables d’un titre à l’autre). Que ce soit dans la ballade mièvre de l’album ("The Allmighty"), avec chant féminin et samples de clochettes dans tous les sens ou le titre d’ouverture "Dusk Till Dawn" que vous entendrez forcement bientôt dans votre club fetish préféré, tout fleure bon la facilité, le maniérisme et une démarche qui au final frise trop le ridicule. Les quelques bons points, comme par exemple les refrains qui sont immédiatement mémorisables et donnent furieusement envie d’aller remuer son corps sur la piste de danse, sont submergés par ce trop plein dégoulinant de kitsch.
Gothminister ? Kitschminister serait un nom plus approprié, plus apte à décrire ces chansons pour clubs. Le groupe norvégien utilise une recette éculée: des guitares bien saturées jouant une rythmique lourde, des orchestrations et des beats techno et mélodies vaguement pop. Sans aucune subtilité dans l'écriture, Hapiness in Darkness est un enchaînement de chansons téléphonées et frôlant le ridicule tout du long.