CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11.5/20
LINE UP
-Rick Armellino
(chant)
-Jack Esbenshade
(guitare)
-Rodney Phillips
(guitare)
-Sean Hennessey
(basse)
-Grant McFarland
(batterie)
TRACKLIST
1)No Horizons
2)Monuments
3)Two Wars
4)We Are Debt
5)Geist
6)Architeuthis
7)The Polymath
8)Memento Mori
9)Mauna Kea
10)Elegiac
DISCOGRAPHIE
C'est toujours intéressant de voir un terme se vider de son sens. Prenez par exemple le mot « metalcore » : l'étymologie a beau être évidente, il n'a jamais réellement désigné un crossover hardcore/métal (on appelle ça du crossover, justement). Pire encore : alors qu'on était parti d'une honnête fusion heavy / hardcore / melodeath / néo, l'évolution du genre a vu l'emo, le thrash, la pop-punk MTV et tout plein d'autres joyeusetés s'incruster dans l'équation et rendre le terme complètement obsolète. Ainsi Chimaira, Killswitch Engage, The Sorrow et Blood Stain Child n'ont objectivement pas grand-chose de commun... et This Or The Apocalypse encore moins. Mais bon...
En ce qui concerne This Or The Apocalypse, les influences principales sont à chercher du côté du screamo pour les braillements écorchés de Rick Armellino et surtout du mathcore voire du métal prog pour la tendance à la polyrythmie systématique. Epaulés en ce sens par un batteur totalement hystéro, les musiciens du groupe délivrent une musique où les plans asymétriques sont la règle et où un plan ne peut durer plus de 15 secondes avant qu'un break ne vienne le briser. Les rythmiques en salves calée sur la double pédale sont assez hallucinantes car totalement imprévisibles. Grant McFarland en fout partout, sans arrêt, balançant roulement hypersonique sur roulement hypersonique et donne une réelle impression de folie furieuse pendant que les guitares introduisent sans cesse des motifs mélodiques par-dessus tout ça, parfois doublés en twin lead à la tierce pour un feeling metalcore. Tout ça est extrêmement bluffant techniquement, et dégage surtout une densité et un côté maniaco-dingue qu'on retrouve souvent dans cette nouvelle génération de groupes américains inspirés par Shai Hulud, Misery Signals en tête.
Et comme Misery Signals (la ressemblance entre les deux groupes est vraiment très forte), This or the Apocalypse pêche par une absence gênante de points de repère. Tout technique et débridé qu'on soit il faut quand même réussir à écrire des chansons, et il est rare qu'on réussisse à retirer un sentiment d'ensemble d'une compo de Monuments. Tout ça ressemble à un énorme collage de plans de ouf plus qu'à autre chose, et après une bonne dizaine d'écoutes on est toujours incapable d'isoler un moment particulier. Exceptions : le morceau-titre qui propose un thème de guitare hyper entêtant et donne un véritable impression d'ensemble cohérent, et l'instrumental calme "Memento Mori" qui tranche forcément vu qu'il relève d'un autre genre. C'est peu et c'est foutrement dommage, car des moments potentiellement accrocheur il y en a beaucoup : le thème d'intro de "Mauna Kea" tue, et en le reprenant une ou deux fois dans le morceau le groupe réussit à créer un vrai titre... mais c'est une goutte d'eau dans l'océan tant la tendance générale est à l'envoi permanent de baffes aux dépends de la cohérence.
Monuments plaira probablement aux gros fans de mathcore, et à tous ceux qui trouvent que Misery Signals avait besoin d'un clone. N'importe qui étant un tant soit peu sensible aux prouesses techniques sera également intéressé. Mais l'auditeur qui considère que partir dans tous les sens est honorable tant qu'on peut distinguer chaque titre du voisin se sentira un peu floué... à raison.