CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
9/20
LINE UP
-Chad Kroeger
(guitare+chant)
-Ryan Peake
(guitare)
-Mike Kroeger
(basse)
-Daniel Adair
(batterie)
TRACKLIST
1)Something in Your Mouth
2)Burn It to the Ground
3)Gotta Be Somebody
4)I'll Come for You
5)Next Go Round
6)Just to Get High
7)Never Gonna Be Alone
8)Shakin' Hands
9)S.E.X.
10)If Today Was Your Last Day
11)This Afternoon
DISCOGRAPHIE
Qu'il semble loin le temps radieux de "How You Remind Me" ! Le temps des passages en heavy rotation sur les ondes françaises est fini depuis longtemps pour Nickelback. All The Right Reasons, leur précédent album et accessoirement leur plus grand succès commercial (encore plus d'exemplaires vendus que Silver Side Up), est passé quasi inaperçu en nos contrées. Et avec une sortie à une anonyme 112ème place dans les charts nationaux, Dark Horse est bien parti pour prendre le même chemin.
La différence avec All The Right Reasons, c'est que Dark Horse ne mérite pas beaucoup mieux que cette indifférence qui l'entoure. N'y allons pas par 4 chemins, ce nouvel album est une réelle déception, à des kilomètres du niveau de son prédécesseur. Difficile en effet de se satisfaire d'un album avec tout juste une poignée de bons morceaux, ne représentant même pas la moitié du disque. On se demande encore ce qui est passé par la tête du beau Chad Kroeger (d'ailleurs dans la rubrique Voici, signalons qu'il s'est fait lisser les cheveux pour un résultat très… efféminé), à commencer par le choix du producteur. Le groupe avait pris l'habitude d'assurer lui-même la production de ses albums, pour un résultat final à la fois léché et puissant. Cette fois, Nickelback a choisi de faire appel (ou plutôt de décryogéniser) au prestigieux Robert "Mutt" Lange, le Roi Midas des années 80 (Back In Black, Foreigner 4, ça vous dit quelque chose ?). Volonté des Canadiens de réaliser leur propre Pyromania ? Toujours est-il que sans surprise, le résultat sonne très daté et atteint ses limites en à peine 3 titres.
Ca commence pourtant pas mal avec "Something in Your Mouth", qui lance l'album sur de bonnes bases. En dépit d'un son pauvret, la batterie adopte un rythme binaire de bon aloi (on n'a jamais fait plus efficace, cf. AC/DC), le riff sur 3 notes assure correctement, le refrain bouge bien, ça cause de dirty women qui shake leur ass dans la grande tradition des années 80. Bref, pas besoin de couper les cheveux en 4, ça le fait. Juste après, on enchaîne avec un "Burn It to the Ground" un peu dans le même style : toujours la batterie binaire, toujours le refrain à stade avec des chœurs ©Mutt Lange. Et une première alerte, avec juste après le refrain, des « wou hou hou » qui rappellent les sinistres Gold du charismatique Émile. 3ème titre : "Gotta Be Somebody", et là c'est le drame. Prenez ce titre, imaginez un son un poil moins léché (quelle jolie expression) et rajoutez des claviers cheap typés 80's : vous voyez le tableau ? Et bien vous avez devant vous le célèbre "Une Autre Histoire" de Gérard Blanc. On rigole mais le pire, c'est que la comparaison est loin d'être infondée. Et dire qu'ils ont choisi ce titre comme single…
Même au niveau ballades, un des points forts habituels de Nickelback, le résultat fait peine à voir. La première de l'album, "I'd Come for You" se vautre dans la guimauve sucrée qui colle aux dents avec sa mélodie paresseuse entendue des milliers de fois. Et incroyable mais vrai, ce n'est pas la pire ! Ce titre revient incontestablement à "Never Gonna Be Alone", encore plus lente, encore plus mielleuse, et dont on sait d'avance qu'elle sera ratée dès la première phrase chantée à capella par Kroeger. Comme souvent, Nickelback s'en tire mieux sur ses ballades pop/rock sur une base acoustique. Après "Save Me" sur All The Right Reasons, "If Today Was Your Last Day" le prouve une nouvelle fois et se hisse sans difficultés parmi les meilleurs titres de cette nouvelle livraison, aux côtés de "Something in Your Mouth" et "Just to Get High". Pour finir, Nickelback nous offre une petite curiosité avec "This Afternoon". Ce titre une nouvelle fois pop/rock se pare d'accents country parfaitement assumés par le groupe, et son refrain sautillant transmet une énergie positive, parfaite pour conclure l'album.
Il n'est jamais évident pour un groupe de donner suite à un album référence. Ni d'ailleurs pour les fans de dépasser leurs propres attentes pour se contenter de prendre simplement ce que l'artiste leur donne. Mais au-delà de ces considérations philosophiques de comptoir demeure un constat simple : avec Dark Horse, Nickelback s'est planté et nous livre son plus mauvais album depuis ses obscurs débuts pré-Silver Side Up. Ce qui ne l'empêchera probablement pas d'en refourguer quelques palettes…