CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
16.5/20
LINE UP
-Candice
(chant)
-Guillaume
(batterie)
-Greg
(guitare)
-Staif
(guitare)
-Roswell
(basse)
TRACKLIST
1)Samantha
2)Des cendres
3)Encore
4)Volée
5)Le projet humain
6)AnimadVersion
DISCOGRAPHIE
Le premier EP Autopsie avait fait l'effet d'une mini-bombe et on commençait à parler d'Eths un peu partout, souvent sous l'étiquette « le groupe de fous avec la nana qui hurle comme une possédée ». Il faut dire que la rage primaire ainsi que la maîtrise affichées sur ce premier effort avait séché beaucoup de monde tant la musique du groupe était foncièrement violente et le niveau de jeu indécent. Les riffs hardcore corrosifs, les brisures de rythme permanentes, le chant inhumain et une réputation live grandissante avaient alimenté le buzz... puis Samantha débarqua dans nos platines et Eths acquit instantanément un statut de leader du néo-hardcore underground français. Et c'était à raison...
"Samantha" arrive et explose tout. Voilà ce qu'on peut dire de ce morceau-titre devenu instantanément un classique du groupe : riff néo-core qui fait sauter sans qu'on puisse s'en empêcher, couplets qui utilisent subtilement la rythmique brisée pour créer une dynamique originale sans tomber dans la branlette, son toujours aussi puissant... et growl invraisemblable de Candice qui reste une référence de l'ultraviolence vocale chez les hommes comme les femmes. Il apparaît rapidement que Samantha est moins brutal qu'Autopsie, le côté extrême du chant étant compensé par des riffs bien plus groovy que rentre-dedans. Sans renier leur côté foncièrement heavy (de toutes façons avec Candice au chant on risque peu de tomber dans la musette) le quintette a visiblement décidé d'évoluer et de prendre des risques tout en conservant son identité.
Après les riffs massifs et irrésistibles des débuts la chanson "Samantha" part effectivement dans des développements inattendus qui réjouissent les oreilles : plages ambiancées introspectives, attaques brutales et bruitistes, ce titre finit par s'imposer comme étant ambitieux sans rien perdre de son efficacité : on l'écoute avec attention autant qu'on headbangue et pogote dessus. C'est impressionnant et la suite est à l'avenant : "Des Cendres" ramène le thrash dans la donne et voit Candice vomir tripes et boyaux sur une musique qui combine violence et sens de la syncope avec un talent rare. "Encore" est un retour franc vers le néo : le chant rappé masculin/féminin et les scratches ne trompent pas. Titre le plus faible sur album il reste une tuerie totale en live, mais fait tout de même pâle figure face au monument de cet EP, j'ai nommé "Animadversion".
Titre unique dans la carrière du groupe, "Animadversion" est une réussite incroyable qui voit Eths explorer la mélancolie et le malaise avec un brio presque insolent. Baignant dans une ambiance lourde, lente et presque doom, c'est le seul titre qui flirte réellement avec le gothique, étiquette souvent apposée à tort sur la musique d'Eths pour cause de thèmes dépressifs. Alors que Candice murmure, déclame puis hurle son texte baudelairien, le groupe distille une atmosphère de fin du monde rehaussée par de superbes arrangements de cordes et le tout prend au tripes d'abord pour ensuite nous emmener très loin dans les tréfonds de l'âme humaine. Le propos épate tant il est maîtrisé même si la longue outro indus était dispensable... mais cette petite faute de goût n'entame en rien l'impact d'une compo comme on aimerait en entendre plus souvent.
Le reste de l'EP voit Eths exceller dans le registre plus classique qu'ils connaissent si bien : lier l'énergie et le côté catchy du néo à la puissance du hardcore et l'expressivité brute du métal. "Volée" introduit le chant clair de Candice qui sera mis en avant dans Sôma et laisse entrevoir le rôle prééminent de Roswell à la basse, alors que "Le Projet Humain" ajoute à la mixture déjà complexe du groupe un feeling punk puis une complexité rythmique Gojiresque qui font merveille et surtout s'inscrivent parfaitement dans le son du groupe. C'est là la grande force d'Eths sur cet EP et en général : les titres ont beau être objectivement très variés et fouillés, ça reste toujours du Eths et par conséquent ça fait toujours bouger la tête et sauter partout. Peu de groupes ont su à ce point lier accessibilité et recherche, groove et technicité... Plus fouillé qu'Autopsie, plus puissant que Sôma, Samantha est une sacrée réussite. Miam!