Comme tout groupe de heavy metal suédois qui se respecte (Persuader ou Falconer jadis, Bullet plus récemment), Wolf a toujours appliqué à la lettre le théorème Hammerfall : rien à foutre de l'originalité, ce qui compte, c'est de faire du bon vieux heavy, comme on en faisait dans les 80's. Voilà, le décor est planté, tous ceux qui privilégient l'ambition artistique peuvent quitter la salle. Pour les autres, la question classique, celle qu'on se pose à chaque nouvelle sortie, reste entière : cet album, il est bon ou pas ?
Après Peter Tägtgren en 2004 sur Evil Star, puis Fredrik Nordström en 2006 sur The Black Flame, Wolf continue sa tournée des popotes des grands noms à la production. Cette fois-ci, les Suédois ont jeté leur dévolu sur le non moins fameux Roy Z. Faut-il rappeler que le bonhomme a fait ses preuves auprès de cadors comme Bruce Dickinson, Rob Halford ou Helloween ? En tout cas, voilà un choix payant, puisque le bonhomme démontre une fois de plus tout son talent pour faire sonner un album de heavy metal. Wolf n'a jamais disposé d'un son aussi bon, aussi tranchant. Une arme que les Suédois mettent immédiatement à profit en décochant d'entrée une volée de flèches mortelles. "Speed On" annonce la couleur, tout est dans le titre. Plutôt une bonne idée : le riff, très percutant, se place sans problème parmi les meilleurs de l'album et le refrain, simple mais efficace, est lui aussi à la hauteur. Comme entrée en matière, on a vu pire !
Dans la foulée, Wolf enchaîne avec le meilleur titre de Ravenous : "Curse You Salem" Changement de registre complet avec ce titre plus lent, et surtout très bien construit. La montée en puissance débouche sur un excellent refrain, même si Stalvind est un peu à la peine dessus. Le début s'annonce très bien, mais les Suédois retombent bien vite dans leurs travers. Déjà, la faiblesse générale des refrains : ceux-ci se limitent généralement à la simple répétition du titre ou d'une phrase, même si c'est parfois efficace ("Speed On", "Voodoo", "Hail Caesar" et j'en passe) et, quand ce n'est pas le cas, le résultat est souvent mitigé ("Ravenous" ou "Mr Twisted"). Ensuite, Wolf peine toujours à se défaire de ses influences comme Mercyful Fate ("Voodoo") ou Iron Maiden sur pas mal de ponts mélodiques. Quand on est capable de proposer autre chose comme les 2 mid tempos "Love at First Bite" (OK, c'est du Accept…) ou "Hiding In Shadows", dommage de s'en priver !
Plus embêtant encore, Wolf ne s'est toujours pas débarrassé de son talon d'Achille : le chant de Niklas Stalvind. Pour faire simple, pour ceux qui ne connaissent pas, on va résumer en disant que le bonhomme sonne comme Kai Hansen. Mais pas le Kai Hansen des bons jours, celui de la fin des 90's, et qui n'était déjà pas bien fameux ; non, je parle du mauvais Kai Hansen, celui de Walls Of Jericho, ou l'asthmatique des récentes tournées. Stalvind allie toutes les tares : timbre nasillard, manque de puissance flagrant et justesse très approximative. Dans un registre aigu, le leader se montre même carrément crispant sur "Whisky Psycho Hellions". On peut vraiment se demander quel aurait été le destin du groupe avec un vrai bon chanteur, qui aurait pu compenser les quelques lacunes dans les compos aperçues ci et là, et qui n'en sont que plus criantes. Stalvind ferait sans doute mieux de se concentrer uniquement sur son instrument, domaine dans lequel il excelle !
Pour répondre à la question initiale, oui, cet album de Wolf est plutôt pas mal, avec une bonne poignée de titres sympa, mais rien non plus de vraiment transcendant. À l'évidence, il manque toujours ce petit quelque chose qui permettrait aux Suédois de franchir un nouveau palier et de s'afficher comme un poids lourd de la catégorie. Étant donné que c'est ce que l'on attend depuis la sortie de Black Wings (2002) et qu'on en est toujours au même point, il est permis de douter que ce moment arrive un jour…